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Le Nouveau Front populaire, devenu dimanche soir à la surprise générale première force à l'Assemblée nationale, va devoir rapidement tenter de démontrer qu'il est capable de surmonter ses profondes divergences internes pour être capable de gouverner, alors que LFI conserve une prééminence au sein du bloc de gauche.
L'alliance formée très rapidement après le séisme de la dissolution, devrait faire entrer 177 à 192 députés au Palais Bourbon, dans un spectaculaire retournement de situation qui doit à la solidité du "front républicain" contre le RN. En 2022, sous la bannière de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), la gauche avait envoyé 151 élus à l'Assemblée.
Mais le NFP reste très loin de la majorité absolue, soit 289 sièges, et sera contraint comme les autres forces politiques à un jeu d'alliances.
Emmanuel Macron a "le devoir d'appeler le Nouveau Front populaire à gouverner", a rapidement réagi Jean-Luc Mélenchon dimanche soir.
"Nous allons gouverner", a promis de son côté la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, pour qui "la justice sociale a gagné, la justice environnementale a gagné, et le peuple a gagné".
Mais qui va pouvoir prétendre aller à Matignon ? Et quelle sera la place de Jean-Luc Mélenchon, personnalité très controversée au sein de l'union, dans le prochain dispositif ?
François Ruffin, qui a acté pendant cette campagne son divorce d'avec LFI, a appelé à gouverner "avec tendresse pour les Français", une critique à peine voilée du triple candidat à la présidentielle, partisan du "bruit et de la fureur".
- "Rééquilibrage" -
Le patron des socialistes Olivier Faure n'a d'ailleurs pas tardé à dégainer en exigeant de "la démocratie" au sein du NFP pour pouvoir former un gouvernement, un message directement adressé au tribun insoumis qui s'était dit pendant la campagne "capable" d'aller à Matignon.
"C'est un bon rééquilibrage. On devient une force politique incontournable et on va être, après le RN, le parti politique qui a la plus grosse progression dans l'hémicycle", se réjouit le secrétaire national du PS Pierre Jouvet.
Les écologistes, défaits aux européennes, devraient tirer leur épingle du jeu avec un nombre d'élus estimé entre 33 et 36. Les communistes, eux, devraient compter entre 11 et 12 députés, après l'échec de leur patron, Fabien Roussel, dès le premier tour.
- Préparer la suite "ensemble" -
Après l'explosion de la Nupes, précédente alliance de gauche, à la suite de profonds différends entre LFI et les autres partis, notamment après l'attaque du 7 octobre en Israël, et après une campagne européenne particulièrement violente, refaire une alliance paraissait hautement improbable.
Mais en quatre jours et quatre nuits, le PS, LFI, le PCF et les Ecologistes avaient réussi à s'accorder sur un programme de gouvernement et des candidatures communes. Reste à savoir jusqu'à quand cela pourra se tenir.
"Les Insoumis ont fait cet accord contraints et forcés parce que c'était en train de se faire sans eux", les rapports de force sont maintenant "renversés", s'enthousiasme déjà un socialiste.
Pendant la campagne, les différentes formations de gauche se sont écharpées sur la question de Jean-Luc Mélenchon, dont la cote de popularité ne cesse de chuter et que les non-Insoumis ne veulent surtout pas voir comme leader de l'alliance.
Interrogé sur la question du favori pour Matignon, le coordinateur de LFI Manuel Bompard a botté en touche devant la presse dimanche soir: "On va prendre le temps qu'il faut (...) et faire les choses étape par étape".
Les dirigeants des différents partis de gauche se sont parlé "quelques minutes avant l'annonce des résultats", a-t-il dit et ils avaient une réunion prévue dimanche soir, selon Marine Tondelier.
"C'est fini Jupiter et je vous rassure il n'y aura pas Robespierre non plus", a lancé sur TF1 l'ex-tête de liste des socialistes aux européennes, Raphaël Glucksmann, renvoyant ainsi dos à dos Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.
Y.Keller--NZN