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Des soldats israéliens à bord de chars ont pris d'assaut et bombardé lundi plusieurs quartiers de la ville de Gaza, poussant à nouveau des milliers de Palestiniens à fuir, au dixième mois d'une guerre dévastatrice.
Déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre, la guerre ne connaît pas de répit malgré les efforts redoublés des médiateurs et un geste du mouvement islamiste palestinien en vue de relancer les négociations sur un cessez-le feu et une libération d'otages israéliens retenus à Gaza.
Ces derniers mois, les espoirs d'un accord de trêve ont été maintes fois douchés en raison des divergences des protagonistes, et ce malgré les pressions internationales pour mettre fin à une guerre qui a provoqué un désastre humanitaire dans la bande de Gaza menacée de famine, selon l'ONU.
Dans le nord du territoire palestinien, les soldats israéliens ont pris d'assaut plusieurs quartiers de Gaza-ville, et des milliers d'habitants ont pris la fuite, selon des témoins et la Défense civile lundi.
Celle-ci a indiqué avoir reçu des informations sur "des dizaines de martyrs et de blessés" dans certains quartiers, mais a dit ne pouvoir les atteindre en raison de l'intensité des tirs. "Des dizaines de familles sont encerclées par les troupes israéliennes", a-t-elle affirmé.
Des chars ont pris position dans plusieurs quartiers et d'autres continuent d'avancer, aidés par les frappes aériennes et les drones, ont ajouté les témoins.
- Ordre d'évacuation -
Via haut-parleurs, l'armée a appelé les habitants à évacuer les quartiers d'Al-Daraj et d'Al-Tuffah à Gaza-ville. Quelque 2,4 millions de personnes sont assiégées par Israël dans la bande de Gaza où l'eau et la nourriture manquent et où plus 80% de la population sont déplacés, selon l'ONU.
Dans le quartier de Choujaïya, "des dizaines de terroristes ont été éliminés", selon l'armée.
Dans le sud, l’armée a indiqué avoir "éliminé plus de 30 terroristes" à Rafah et frappé des sites de lancement de roquettes à Khan Younès.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés à partir de Gaza dans le sud d'Israël ont lancé une attaque qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles. Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l'armée israélienne.
Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il classe organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son armée a lancé une offensive d'envergure aérienne puis terrestre qui a dévasté le territoire palestinien et fait 38.153 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
En pleine offensive terrestre lancée le 7 mai à Rafah pour éliminer selon Israël "les derniers bataillons du Hamas", l'armée a fait face à une résurgence du mouvement islamiste dans le nord du territoire palestinien, faisant planer le spectre d'une longue confrontation.
Elle avait pourtant annoncé début janvier avoir "achevé le démantèlement de la structure militaire" du Hamas dans le nord.
- "Il bloque tout" -
Sur les efforts de trêve, la prudence reste de mise.
Dimanche, un haut responsable du Hamas s'exprimant sous couvert d'anonymat a indiqué que "la balle était dans le camp des Israéliens", après avoir affirmé que son mouvement n'exigeait plus un cessez-le-feu permanent avant de lancer les négociations sur une trêve et une libération d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens.
Ce "point a été surmonté", et en échange, les médiateurs -- Etats-Unis, Qatar, Egypte -- se sont "engagés sur le fait qu'un cessez-le-feu resterait en vigueur tant que les négociations sont en cours", a-t-il dit.
La Hamas, a-t-il ajouté, a informé les médiateurs qu'il souhaitait voir se réaliser trois étapes pour un cessez-le-feu, notamment l'entrée dans Gaza de 400 camions d'aide par jour et le retrait israélien du "couloir de Philadelphie et du point de passage de Rafah", entre le sud de Gaza et l'Egypte.
Le Hamas exigeait jusque-là un retrait total israélien de Gaza et un cessez-le-feu permanent.
Mais le bureau de Benjamin Netanyahu a réagi à l'offre du Hamas en affirmant que "tout accord permettrait à Israël de se battre jusqu'à ce que tous les objectifs de la guerre soient atteints", en l’occurrence la destruction du Hamas et la libération de l'ensemble des otages.
Il avait précédemment affirmé que des émissaires israéliens retourneraient dans les prochains jours à Doha pour des pourparlers.
"Les intentions de Netanyahu sont devenues claires. A chaque fois qu'il y a une percée en vue d'un accord, il bloque tout et intensifie l'agression contre notre peuple", a dit lundi un responsable du Hamas sous couvert d'anonymat.
Pour accentuer la pression en vue d'un accord, de nouvelles manifestations sont prévues lundi en Israël.
W.F.Portman--NZN