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Le poing levé des députés LFI et un orage menaçant pour le retour de François Hollande: écologistes, insoumis et socialistes ont fait leur entrée séparément à l'Assemblée mardi, fêtant l'arrivée en tête de la gauche aux législatives, malgré les nombreuses embûches qui se dressent devant eux.
"Je ne veux pas travailler dans un gouvernement où il y aurait des macronistes", prévient Sandrine Rousseau.
"On n'a pas le droit de se planter, on a fait naître un espoir", glisse une conseillère du groupe.
Sur la photo de famille des écologistes, Pouria Amirshahi se dit "miraculé". Sept ans après avoir quitté l'Assemblée, cet ancien député PS qui fut en tête des "frondeurs" pendant le quinquennat de François Hollande, fait son retour, après un grave cancer.
Le MoDem Olivier Falorni le prend dans les bras dans les couloirs: "c'est mon jumeau, on est né le même jour, la même année".
Un nouveau venu fait aussi une entrée remarquée, avec son costume bleu et ses longues dreadlocks: Steevy Gustave, député écolo élu dans l'Essonne. Ce parlementaire aux racines martiniquaises était producteur de musique et ancien chorégraphe de France Gall, raconte-t-il.
A 10H00, c'est au tour des Insoumis d'arriver groupés. Avec Mathilde Panot, ils lèvent le poing place du Palais Bourbon, et martèlent qu'ils veulent un Premier ministre issu de leurs rangs, en dépit des protestations de leurs partenaires de gauche.
Leur groupe est renforcé par de nouveaux visages, comme celui de Bérenger Cernon (Essonne), costume et boucles d'oreille. "Hier j'étais encore cheminot, aujourd'hui je suis député. Je suis fier d'être là. Je suis un exemple de la vraie vie".
- "Reprenez-vous"
Le nouveau député antifasciste Raphaël Arnault (Vaucluse), controversé car fiché S, arrive avec un élégant costume beige au col mao. "Cette fiche S, je sais qu'elle a beaucoup défrayé la chronique", mais "tout mon militantisme s'oriente vers la lutte contre la violence de l'extrême droite", affirme-t-il.
14H35, Jean-Luc Mélenchon, qui n'est plus député depuis 2022, arrive, pour participer à la réunion de groupe des insoumis ... et rappeler aux partenaires de gauche qu'il n'a pas l'intention de partir à la retraite.
Les socialistes se retrouvent à leur tour place du Palais Bourbon. Mais les embrassades sont de courte durée et ils rentrent vite dans la cour d'honneur. Car le collectif juif "Nous Vivrons" les interpelle au mégaphone, derrière une bannière contre l'antisémitisme: "pas de compromis avec les Insoumis", "socialistes, réveillez-vous, reprenez-vous".
Devant la presse, l'ex chef du groupe PS Boris Vallaud souligne que les socialistes n'ont "aucune espèce de complaisance avec l'antisémitisme".
Puis le premier secrétaire du parti, Olivier Faure, arrive au milieu d'une meute de journalistes: "je suis prêt à assumer la fonction" de Premier ministre, lance-t-il, une mise en garde à l'adresse du clan de Jean-Luc Mélenchon.
L'ancien ministre macroniste Aurélien Rousseau, élu député Nouveau Front populaire, est dans la délégation socialiste. Pourra-t-il faire le lien entre la gauche et le camp présidentiel dans les négociations à venir sur des postes à l'Assemblée ou une coalition gouvernementale ? "Je ne suis pas un Barbapapa, je ne vais pas me transformer en pont", évacue-t-il.
L'ancien président François Hollande, de retour à l'Assemblée après son élection dans son fief de Corrèze, rentre en voiture, poursuivi par les caméras.
Puis, il se place au premier rang de la photo de famille socialiste, plaisantant face aux nuages noirs si menaçants dans le ciel.
Juste après, une pluie torrentielle s'abat. "Hollande, c'est pas possible !", lancent les journalistes, alors que l'ancien chef de l'Etat a souvent subi les foudres de la météo quand il était à l'Elysée.
Dans le ciel, des avions de chasse font des exercices, bruyants, et quelques loopings en vue du 14-Juillet.
Les tractations à gauche ne font que commencer.
E.Leuenberger--NZN