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Le front se lézarde peut-être chez les démocrates mais, au sommet de l'Otan à Washington, les dirigeants de l'Alliance se sont pour une large part ralliés derrière le président américain Joe Biden, qui joue sa survie politique.
C'était LA question qui a plané tout au long du sommet depuis mardi: le démocrate de 81 ans a-t-il les capacités physiques et mentales d'enchaîner un second mandat à la tête de la première puissance mondiale?
Pressés par les centaines de journalistes couvrant le sommet, les dirigeants de l'Otan se sont bien gardés de se projeter mais ont largement salué les efforts menés par Joe Biden depuis trois ans.
"Je n'ai absolument aucune inquiétude quant à la capacité de l'actuel président des Etats-Unis à diriger son pays, à mener notre combat pour l'Ukraine et à diriger l'Otan", a lâché jeudi le président finlandais Alexander Stubb, tout en déplorant le fait que la polarisation politique aux Etats-Unis soit "toxique".
Le président américain, qui a participé à toutes les sessions de travail de l'Otan et reçu ses 31 homologues à la Maison Blanche pour un dîner mercredi, doit donner une conférence de presse très attendue vers 18H30 locales, selon son programme officiel.
Un test redoutable, pour celui qui joue sa survie politique à chaque apparition publique et qui est peu friand de ce genre d'exercice.
S'il dit être déterminé à rester dans la course, le président américain n'arrive pas à faire taire la fronde qui secoue les démocrates depuis son débat catastrophique face à Donald Trump, le 27 juin.
Et cela inquiète aussi les alliés.
De nombreux dirigeants de l'Otan craignent en privé une victoire de Donald Trump à l'élection de novembre, ce dernier ayant vivement critiqué l'alliance et le fardeau injuste qui pèse selon lui sur les Etats-Unis. Il entretient aussi le flou sur le soutien à l'Ukraine.
L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, qui fête cette année ses 75 ans, a affiché un soutien renforcé à l'Ukraine face à l'agression de la Russie.
- "Louanges" -
La Maison Blanche s'efforce de rassurer: aucun leader ne s'est, selon elle, montré inquiet lors du sommet.
"Je n'ai rien entendu de tel dans les conversations du président avec ses homologues", a dit jeudi son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan.
"Ce que j'ai entendu (...) c'est un concert de louanges pour les Etats-Unis mais aussi pour le président Biden en personne, pour ce qu'il a fait pour renforcer l'Otan", a-t-il assuré.
Joe Biden a aussi tenu nombre de bilatérales dont une avec le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer qui a jugé les allégations de sénilité à l'encontre de M. Biden "malvenues".
Les deux alliés ont couvert un large éventail de sujets pendant près d'une heure dans le Bureau ovale, soit plus longtemps que prévu. "Nous l'avons fait à un rythme soutenu. Il était en pleine forme", a-t-il déclaré, cité par les médias britanniques.
On a aussi pu voir le président français Emmanuel Macron, arrivé mercredi seulement et lui-même aux prises avec une situation politique complexe en France sans majorité depuis les législatives, donner une longue accolade au président américain suivie d'une longue poignée de main.
Pour le président polonais Andrzej Duda, qui avait noué des liens étroits avec M. Trump mais qui a apprécié le soutien de M. Biden à l'Ukraine, aucune inquiétude: "J'ai parlé avec le président Biden et il ne fait aucun doute que tout va bien".
Entretemps, dans les coulisses de l'immense centre de conférence où se tient le sommet, les délégations se voulaient là aussi rassurantes, soulignant le fait que le président américain est apparu "concentré".
"Il semble être dans le match", selon une source européenne, qui relève aussi que "Biden a toujours réussi à revenir de l'arrière".
Seule voix discordante sans doute: le Premier ministre hongrois Viktor Orban, très isolé au sein de l'Otan et l'UE, qui a prévu de se rendre en Floride juste après le sommet pour y voir Donald Trump.
W.O.Ludwig--NZN