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Israël a indiqué samedi avoir visé deux hauts dirigeants du Hamas, dont son chef militaire, dans le sud de la bande de Gaza, où le mouvement islamiste palestinien a fait état d'au moins 71 morts dans une frappe israélienne sur un camp de déplacés.
Au dixième mois de sa guerre à Gaza contre le Hamas, l'armée israélienne a affirmé avoir visé Mohammed Deif, le chef de sa branche armée, parmi les responsables les plus recherchés par Israël, et Rafa Salama, commandant de la brigade à Khan Younès.
Dans ce secteur, près de Khan Younès, dans le sud du territoire, le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas avait auparavant annoncé qu'au moins 71 Palestiniens avaient été tués et 289 blessés dans une frappe aérienne sur le camp de déplacés d'al-Mawasi, qu'Israël avait désigné comme "zone humanitaire".
"La frappe a été menée dans une zone clôturée gérée par le Hamas où, selon nos informations, seuls des terroristes du Hamas étaient présents, et aucun civil", a indiqué l'armée dans un communiqué.
Sans préciser si Mohammed Deif et Rafa Salama avaient été tués, elle a estimé que "la plupart des victimes étaient également des terroristes".
L'opération "envoie le message que, même si Israël poursuit les négociations en vue d'un accord sur les otages, il continuera de cibler les hauts dirigeants du Hamas", a indiqué une source sécuritaire israélienne à l'AFP.
Le Hamas a estimé que les allégations israéliennes visaient "à masquer l'ampleur de l'effroyable massacre".
- "Une scène inconcevable" -
Les victimes de la frappe d'al-Mawasi ont été transférées vers plusieurs hôpitaux. Le directeur de l'hôpital koweïtien de Rafah (sud) a dénoncé un "vrai désastre" et indiqué que la plupart des blessures étaient graves.
"Il y a eu un tir de drone, puis trois missiles", relate dans le camp Mahmoud Abou Akar. "C'est arrivé tout d'un coup, sans avertissement."
"Il y a des gens qui ont perdu des jambes ou des bras partout, c'est une scène inconcevable", décrit, en pleurs, Mahmoud Chahine à l'AFP
Sur le site, creusé d'un cratère poussiéreux, des déplacés ratissent les décombres et les tentes aplaties à la recherche des victimes.
Selon l'Unrwa, agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, environ 1,5 million de personnes se trouvent dans le secteur d'al-Mawasi, à Khan Younès et plus au sud à Rafah.
Après des mois d'appels internationaux pour un cessez-le-feu, le ton monte aussi en Israël contre le gouvernement.
Trois manifestations sont prévues samedi, deux à Tel-Aviv et une à Jérusalem, contre le gouvernement et pour réclamer un accord pour la libération des otages.
La guerre a éclaté le 7 octobre après l'attaque sans précédent du Hamas infiltré depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, et lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 38.443 morts, en majorité des civils, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
- "25 toilettes pour 14.000 personnes" -
L'armée israélienne poursuit aussi ses opérations dans la ville de Gaza (nord), où plus d'une centaine de corps ont été découverts jeudi et vendredi dans des secteurs d'où s'étaient retirées ses troupes, selon la Défense civile.
L'hôpital Baptiste de la ville a fait état samedi de 17 personnes tuées dans une frappe sur le camp d'Al-Shati. L'armée n'a pas commenté dans l'immédiat.
Dans la nuit, des morts et blessés ont également été transportés à l'hôpital de Deir el-Balah (centre), après des frappes sur deux camps de réfugiés du secteur.
Un homme et ses trois filles, âgées de cinq à neuf ans, ont été tués dans une frappe israélienne sur leur maison à Deir el-Balah, a indiqué le Croissant-Rouge palestinien.
La situation humanitaire est épouvantable dans le territoire palestinien assiégé: dans une école de Deir el-Balah, 14.000 Gazaouis déplacés partagent 25 toilettes, a dénoncé samedi l'Unrwa.
- "Tendance positive" -
Sur le plan diplomatique, les efforts pour une trêve sous l'égide du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, continuent.
Le président américain Joe Biden a affirmé vendredi que le "cadre" du plan de cessez-le-feu qu'il avait dévoilé le 31 mai avait été "accepté par Israël et le Hamas". "Il y a encore des lacunes à combler" mais "la tendance est positive", a-t-il déclaré.
"Je suis attaché au plan de libération de nos otages, mais le Hamas continue d'adhérer à des exigences qui contredisent le plan et mettent en danger la sécurité d'Israël", a toutefois déclaré vendredi M. Netanyahu, qui a toujours affirmé vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas - classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne - et la libération de tous les otages.
Samedi, un responsable du Hamas, Bassim Nae'm, a affirmé à l'AFP que le mouvement appelait à une "pression" internationale sur le premier ministre israélien "pour parvenir à un accord qui conduise à l'arrêt de la guerre et à la conclusion d'un accord d'échange de prisonniers".
Au Liban, une frappe aérienne israélienne a tué samedi deux civils dans le sud, selon une source sécuritaire à l'AFP, l'armée israélienne disant y avoir tué deux membres du Hezbollah, allié du Hamas, avec qui elle échange quotidiennement des tirs à la frontière depuis le début du conflit.
E.Schneyder--NZN