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Huguette Bello, présidente de la région La Réunion, a décliné dimanche "l'offre" de devenir Première ministre au nom du Nouveau Front populaire (NFP), mettant fin à 48 heures de spéculations qui ont aggravé les tensions au sein de la gauche, alors que LFI réunit ses instances dimanche.
Ce nouvel épisode des tractations fait désordre alors que le NFP, arrivé en tête au second tour des législatives, revendique de former le gouvernement, ce que refuse Emmanuel Macron, pour qui "personne ne l'a emporté" dimanche dernier.
Le chef de l’État entend temporiser, peut-être même jusqu'à l'issue des Jeux olympiques (26 juillet - 11 août), dans l'espoir de réunir une coalition alternative.
Le nom de Mme Bello avait été suggéré mercredi soir par Fabien Roussel, le secrétaire national d'un Parti communiste auprès duquel elle a siégé pendant 23 ans à l'Assemblée. Il avait reçu le soutien de La France insoumise, dont la Réunionnaise est proche, au point d'avoir figuré sur la liste de Manon Aubry aux européennes.
Mais le Conseil national du Parti socialiste réuni samedi soir n'a pas appuyé l'idée. "Aucun nom fait consensus", a déclaré à l'issue son secrétaire général, Pierre Jouvet, à l'AFP.
L'intéressée a pris les devants et jeté l'éponge dimanche. Dans un communiqué, Mme Bello dit "prendre acte" que sa candidature "ne fait pas l'objet d'un consensus entre toutes les composantes du Nouveau Front Populaire, et notamment qu'elle n'est pas soutenue par le Parti Socialiste".
"Dans ces conditions et soucieuse d'un accord rapide au sein du NFP, j'ai décidé de décliner sans plus attendre l'offre qui m'a été faite", a-t-elle ajouté.
Le renoncement de Mme Bello, "c'est le résultat du manque de clarté de plusieurs forces au sein du Nouveau Front populaire dans le soutien à cette proposition", a regretté dans la foulée Fabien Roussel.
Le patron du PCF "demande une réunion aux chefs de partis au plus vite pour sortir par le haut de la situation de blocage actuelle". Et "appelle les forces du Nouveau front populaire à entendre" le "message" de Mme Bello: "garantir l'unité du NFP est indispensable".
-Le PS critiqué-
Mais avant cette réunion au sommet, La France insoumise réunit ses instances par visioconférence dimanche midi pour "analyser la signification des blocages constants du Parti socialiste contre toute candidature que celle de son premier secrétaire, Olivier Faure".
"Nous attendions de comprendre quels arguments politiques" le PS "opposait à la candidature de Mme Bello, nous n'en avons eu aucun", a insisté la députée LFI Clémence Guetté dimanche sur France Inter.
Pour les Écologistes, Marine Tondelier a expliqué dimanche sur la même antenne que son parti avait accueilli l'hypothèse Bello "avec beaucoup de bienveillance" et "d'enthousiasme". Les Verts souhaitaient néanmoins pouvoir la rencontrer "pour pouvoir défendre sa candidature".
"Le problème que j'ai eu avec le PS, c'est qu'ils n'ont mis qu'un nom sur la table, Olivier Faure, dont par ailleurs je pense beaucoup de bien sur plein d'aspects. (...) Les Insoumis, quelque part, avaient fait plus de pas dans la discussion" et "il faut maintenant que les autres fassent d'autres pas", a ajouté la secrétaire nationale des Écologistes.
"J'ai dit que j'étais prêt à exercer cette fonction dans le dialogue et le respect de mes partenaires mais (...) j'ai déjà suggéré d'autres noms", a de son côté affirmé Olivier Faure au Parisien.
"Autour du 18 juillet, nous devons avoir trouvé un candidat ou une candidate", explique le patron du PS, évoquant la date de la réunion de la nouvelle Assemblée et l'élection de son nouveau président.
Du côté des macronistes, l'heure est à l'entente avec la droite afin de supplanter le NFP. Édouard Philippe a appelé à un "accord technique" avec Les Républicains (LR). Plusieurs figures de LR ont demandé la nomination d'un Premier ministre de leur parti. Le nouveau président du groupe, Laurent Wauquiez, a parlé d'un "pacte législatif", sans participation au gouvernement.
Dans le JDD, François Bayrou a dit ne pas croire "au succès" de la "stratégie" présidentielle de temporisation: à Emmanuel Macron de nommer le chef de gouvernement, et pas aux "combinaisons de partis".
M. Macron "ne peut pas jouer avec le feu, il ne peut pas jouer avec la démocratie, il doit reconnaître le résultat des élections et nous appeler, et nous trouverons des solutions", a protesté dimanche Marine Tondelier.
I.Widmer--NZN