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Le Hamas a annoncé dimanche son retrait des négociations sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne a bombardé une nouvelle école abritant des déplacés, la cinquième en huit jours, faisant au moins 15 morts selon la Défense civile du territoire palestinien.
La décision du Hamas de quitter la table des discussions est survenue au lendemain d'une frappe israélienne meurtrière qui a visé le chef militaire du mouvement palestinien islamiste Mohamed Deif et tué l'un de ses proches, selon Israël.
Un responsable du Hamas a affirmé que Mohammed Deif était en vie, qu'il allait "bien" et "supervisait directement les opérations".
Le Hamas "est toutefois prêt à reprendre les négociations", quand Israël "fera preuve de sérieux, pour conclure un accord de cessez-le-feu" associé à un échange de prisonniers palestiniens contre des otages retenus à Gaza depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Dimanche, l'armée israélienne a une nouvelle fois bombardé une école de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, qui abritait des déplacés dans le camp de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, affirmant avoir "frappé des terroristes".
Selon elle, le bâtiment "servait de repaire" et de base pour des "attaques" contre les troupes israéliennes.
Le bombardement du bâtiment scolaire Abou Arabane, "qui abrite des milliers de déplacés a fait 15 morts", principalement des femmes et des enfants, a déclaré le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Basal.
Des témoins ont fait état de victimes tandis qu'un correspondant de l'AFP a vu le bâtiment dévasté et des groupes de rescapés rassemblés dans la cour jonchée de débris.
La veille, selon le Hamas, des frappes israéliennes ont tué 92 Palestiniens dans le camp de déplacés d'al-Mawasi, près de Khan Younès, dans le sud du territoire.
Israël a indiqué avoir visé dans le secteur de Khan Younès Mohammed Deif et Rafa Salama, commandant à Khan Younès du Hamas, présentés comme "deux cerveaux du massacre du 7 octobre".
Rafa Salama a été tué dans cette frappe, a annoncé l'armée dimanche, en le présentant comme "l'un des "proches complices de Mohammed Deif".
Mohammed Deif est l'homme qui avait annoncé dans un enregistrement diffusé par le Hamas, au matin du 7 octobre, le début de l'opération "Déluge d'Al-Aqsa" contre Israël. Il a échappé, avant la frappe de samedi, à au moins six tentatives d'élimination.
- "massacre sans fin" -
Israël s'est attiré des critiques internationales pour ses attaques contre les écoles de la bande de Gaza. La France et l'Allemagne ont appelé à une enquête.
Le gouvernement du président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a lui appelé dimanche à ne pas rester silencieux face à un "massacre sans fin".
La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, et lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 38.584 morts, en majorité des civils, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Au moins 141 personnes ont été tuées en 24 heures, a annoncé dimanche le ministère, soit un des plus lourds bilans depuis plusieurs semaines.
Un responsable de l'Unrwa a raconté avoir assisté, à l'hôpital Nasser de Khan Younès, à "certaines des scènes les plus horribles" depuis le début de la guerre.
"J'ai vu des bambins doublement amputés, des enfants paralysés et dans l'impossibilité de recevoir un traitement", a décrit Scott Anderson, coordinateur humanitaire adjoint et directeur des affaires de l'Unrwa à Gaza.
Le Hamas a dénoncé un "effroyable massacre" dans ce secteur, déclaré il y a plusieurs mois "zone humanitaire" par Israël, où les civils déplacés avaient été invités à se regrouper.
"La frappe a été menée dans une zone clôturée gérée par le Hamas" et "la plupart des victimes étaient des terroristes", s'est défendue l'armée.
Cette opération a envoyé "un message de dissuasion" aux ennemis d'Israël et contribue à affaiblir le Hamas, a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Pendant ce temps, l'armée poursuit ses opérations dans la zone de Rafah, dans le sud, et à Gaza-ville, dans le nord, où elle a dit avoir "éliminé plusieurs terroristes lors de combats rapprochés". Un bombardement a fait notamment deux morts dans le quartier de Tal al-Hawa, selon la Défense civile.
- Coup dur pour les négociations -
Après des mois de négociations restées vaines, le retrait du Hamas porte un coup dur aux efforts des médiateurs pour décrocher une trêve dans le territoire assiégé.
Le marathon diplomatique venait d'être relancé après une concession du Hamas, qui avait accepté de négocier sur la libération d'otages en l'absence d'un cessez-le-feu permanent avec Israël.
Samedi, le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a accusé M. Netanyahu de chercher à bloquer un cessez-le-feu par des "massacres odieux".
Le Premier ministre a toujours affirmé vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, et la libération de tous les otages.
A.Weber--NZN