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Les discussions sont au point mort à gauche, incapable de s'accorder sur un candidat pour Matignon: les Insoumis fustigent "l'opposition systématique" des socialistes et refusent une candidature "extérieure" issue de la société civile, tandis que Gabriel Attal et Emmanuel Macron ont réuni leurs troupes pour affiner leur stratégie.
Arrivé en tête des législatives, le Nouveau Front populaire n'a toujours pas trouvé d'accord sur une équipe gouvernementale.
Le nom d'Huguette Bello, présidente de La Réunion proche de La France insoumise, n'a pas convaincu le PS et la piste a été abandonnée durant le week-end... Et cela commence à agacer, après huit jours de négociations infructueuses.
"Je suis tellement en colère du visage que nous montrons", s'est désespérée lundi sur X l'écologiste Sandrine Rousseau.
Les tensions les plus fortes opposent Insoumis et socialistes, les deux principaux groupes du NFP se disputant le leadership à gauche dans le nouvel hémicycle.
"Le parti socialiste joue-t-il la montre pour laisser briser le Nouveau Front populaire et renoncer au programme ?", a accusé LFI dans un communiqué. Auparavant, le coordinateur du mouvement Manuel Bompard a fustigé "les oppositions systématiques, les blocages, les veto" du PS "sur toutes les candidatures".
"Rien n'a été bloqué", a rétorqué le premier secrétaire du PS Olivier Faure, candidat officiel des socialistes pour Matignon.
- "Aucune discussion" -
Pour sortir de l'ornière, le député de Seine-et-Marne a proposé sur France 2 "d'élargir" le prisme à "quelqu'un de l'extérieur". "Il faut chercher à trouver la personnalité, peut-être issue de la société civile, qui permettra d'avancer ensemble", a-t-il expliqué, une piste aussi évoqué par certains écologistes.
Mais les Insoumis ont balayé cette hypothèse au motif qu'elle manquerait de "garanties" pour "la mise en oeuvre du programme du Nouveau Front populaire".
Et Jean-Luc Mélenchon a haussé le ton: "Nous exigeons une candidature unique pour la présidence de l'Assemblée nationale et ne reprenons aucune discussion sur quoi que ce soit d'autre tant que ce n'est pas réglé", a écrit le leader insoumis sur X.
La gauche joue gros sur cette élection au perchoir jeudi: une partie du camp macroniste tente en effet depuis plusieurs jours de bâtir une majorité alternative au NFP pour ce poste-clé, que la présidente sortante Yaël Braun-Pivet entend bien conserver.
Un accord avec la droite, par exemple, pourrait permettre au bloc présidentiel de dépasser la gauche en nombre de voix.
Mais une autre candidature pourrait rassembler largement: celle du centriste Charles de Courson. Cet ex-représentant du groupe indépendant Liot, qui a ferraillé contre la réforme des retraites, a promis, s'il avait le poste, d'être le "garant (du) bon fonctionnement" de l'Assemblée dans une "période inédite et chaotique".
- Attal bientôt démissionnaire -
La question du front républicain contre le Rassemblement national, que la gauche aimerait poursuivre à l'Assemblée nationale en privant le RN de tout poste à responsabilité, est également l'un des sujets de la semaine.
Mais plusieurs cadres macronistes, dont Mme Braun-Pivet, y sont opposés, dans le sillage des législatives de 2022, après lesquelles le RN avait obtenu deux vice-présidences de l'Assemblée, notamment.
Ce dossier du front républicain était à l'ordre du jour de la réunion matinale du groupe Renaissance, officiellement rebaptisé "Ensemble pour la République" autour de son nouveau président Gabriel Attal.
En attendant la mise en place de la nouvelle législature, Emmanuel Macron a aussi reçu à la mi-journée les chefs de parti du camp présidentiel à l'Elysée, parmi lesquels Stéphane Séjourné (Renaissance) ou encore Marc Fesneau, représentant du président du MoDem François Bayrou.
A ce stade, M. Attal reste toujours Premier ministre, tant qu'Emmanuel Macron n'accepte pas sa démission.
Cela devrait être le cas "mardi ou mercredi", a glissé lundi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. L'équipe actuelle resterait toutefois un certain temps en place, notamment pendant la période très sensible des JO, pour gérer les "affaires courantes". Un Conseil des ministres, prévu mardi à 11H30, pourrait ouvrir la voie à cette nouvelle configuration.
Au coeur du flou politique, une chose est certaine pour la future équipe gouvernementale : elle récupérera des finances publiques dans le rouge. Dans un épais rapport présenté lundi matin, la Cour des comptes dresse en effet un bilan préoccupant.
La nécessité de réduire la dette est un "impératif" qui "doit être partagé" par toutes les forces politiques, a averti son premier président Pierre Moscovici.
H.Roth--NZN