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Le bras de fer se durcit à gauche: socialistes, communistes et écologistes ont annoncé lundi soir proposer aux Insoumis une personnalité "issue de la société civile" pour Matignon. LFI a exclu un peu plus tôt cette hypothèse, exigeant d'abord un accord sur la présidence de l'Assemblée nationale.
Le nom du ou de la candidate pour Matignon, qui n'a pas été communiqué, a été "proposé à La France insoumise" et "nous souhaitons sur cette base une reprise immédiate des discussions" pour le poste de Premier ministre, a indiqué le Parti socialiste dans un communiqué.
Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon avait, un peu plus tôt, exclu l'idée d'une personnalité de la société civile, estimant qu'elle ne comportait pas de garanties suffisantes pour "la mise en oeuvre du programme du Nouveau Front populaire".
Le rejet ce week-end par le PS de la candidature de la présidente du conseil régional de La Réunion Huguette Bello, proche de LFI, a remis le feu aux poudres dans la fragile alliance, minée par les querelles internes.
"Je suis tellement en colère du visage que nous montrons", s'est désespérée l'écologiste Sandrine Rousseau.
Les tensions les plus fortes opposent Insoumis et socialistes, les deux principaux groupes du NFP se disputant le leadership à gauche dans le nouvel hémicycle.
"Le parti socialiste joue-t-il la montre pour laisser briser le Nouveau Front populaire et renoncer au programme ?", avait accusé LFI dans un communiqué, le coordinateur du mouvement Manuel Bompard fustigeant "les oppositions systématiques" du PS.
"Rien n'a été bloqué", a rétorqué le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
- "Aucune discussion" -
Mais Jean-Luc Mélenchon a haussé le ton: "Nous exigeons (d'abord) une candidature unique pour la présidence de l'Assemblée nationale et ne reprenons aucune discussion sur quoi que ce soit d'autre tant que ce n'est pas réglé."
La gauche joue gros sur cette élection au perchoir, jeudi.
Une partie du camp macroniste tente en effet depuis plusieurs jours de bâtir une majorité alternative au NFP pour ce poste-clé, que la présidente sortante Yaël Braun-Pivet entend bien conserver.
Un accord avec la droite, par exemple, pourrait permettre au bloc présidentiel de dépasser la gauche en nombre de voix.
Le sujet était au menu de discussions autour d'Emmanuel Macron lundi à l'Elysée avec les chefs du camp présidentiel.
"L'idée était de voir (...) comment envisager qu'une autre personnalité que celle proposée par le Nouveau Front populaire préside l'Assemblée", confirme un participant.
"Il y a des discussions avec LR oui. Eux, leur logique c'est de montrer qu'ils sont efficaces dans la lutte contre LFI et le NFP, donc la logique voudrait qu'ils soutiennent une candidature comme celle de Yaël Braun-Pivet", glisse cette source.
Mais une autre candidature pour le perchoir pourrait rassembler largement: celle du centriste Charles de Courson.
Cet ex-représentant du groupe indépendant Liot, qui a ferraillé contre la réforme des retraites, a promis, s'il avait le poste, d'être le "garant (du) bon fonctionnement" de l'Assemblée dans une "période inédite et chaotique".
- Attal bientôt démissionnaire -
La question du front républicain contre le Rassemblement national, que la gauche aimerait poursuivre à l'Assemblée nationale en privant le parti lepéniste de tout poste à responsabilité, reste également au coeur des discussions.
Plusieurs cadres macronistes, dont Mme Braun-Pivet, y sont opposés, dans le sillage des législatives de 2022, après lesquelles le RN avait notamment obtenu deux vice-présidences au Palais-Bourbon.
Ce dossier du front républicain était à l'ordre du jour de la réunion matinale du groupe Renaissance, officiellement rebaptisé "Ensemble pour la République", autour de son nouveau président Gabriel Attal.
Selon une source parlementaire, les députés macronistes "ont acté le fait de s'abstenir face à des candidats RN ou LFI". "Cela ne veut pas dire qu'on ira battre RN ou LFI. Cela veut dire qu'on les laisse (...) l'un face à l'autre", a explicité une autre.
En attendant, Gabriel Attal est toujours Premier ministre mais pourrait remettre sa démission dès mardi, alors qu'un Conseil des ministres est prévu à 11H30.
"Cela devrait être demain", confirme un proche d'Emmanuel Macron, notamment pour permettre à tous les ministres élus députés de participer à l'élection à la présidence de l'Assemblée nationale, puis à l'attribution des postes clés au Palais Bourbon vendredi et samedi.
L'équipe gouvernementale actuelle resterait toutefois un certain temps en place, notamment pendant la période très sensible des JO, pour gérer les "affaires courantes" et assurer la continuité de l'Etat.
Au coeur du flou politique, une chose est certaine pour le futur gouvernement: il récupérera des finances publiques dans le rouge. Dans un épais rapport présenté lundi matin, la Cour des comptes dresse en effet un bilan préoccupant.
La nécessité de réduire la dette est un "impératif" qui "doit être partagé" par toutes les forces politiques, a averti son premier président Pierre Moscovici.
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G.Kuhn--NZN