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La tentative d'assassinat contre Donald Trump empêche le président Joe Biden de lâcher ses coups contre son adversaire républicain, mais lui offre dans le même temps un répit face aux doutes suscités par son âge et sa santé.
Le président démocrate a dû admettre lundi qu'il avait fait une "erreur" en appelant à "cibler" Donald Trump lors d'un appel avec des donateurs en début de semaine dernière, quelques jours seulement avant les tirs contre son rival républicain à la présidentielle de novembre.
"Je voulais dire, concentrez-vous sur lui, sur ce qu'il fait", a expliqué Joe Biden dans une interview à NBC.
Dans un pays fracturé, encore sous le choc des tirs qui auraient pu coûter la vie au candidat républicain samedi lors d'un meeting électoral, M. Biden avait évoqué dimanche soir la nécessité de faire "baisser la température de notre vie politique".
Des élus républicains ont eux pointé du doigt les propos de Joe Biden, qu'ils accusent d'avoir alimenté un climat politique ayant conduit aux tirs contre Donald Trump -- sans mentionner les commentaires incendiaires de l'ancien président républicain.
"Je n'ai pas eu recours à cette rhétorique. Mon rival a eu recours à cette rhétorique, il parle d'une boucherie s'il perd", s'est défendu Joe Biden lundi.
Face aux questions répétées de journalistes, la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre a elle déclaré qu'il était "acceptable de parler des actions et de la personnalité de quelqu'un".
Mais la tentative d'assassinat contre Donald Trump a forcé l'équipe de campagne de Joe Biden à davantage mesurer le ton de ses attaques, et prive en partie le démocrate d'un de ses principaux angles d'attaque: présenter son prédécesseur comme un danger pour la démocratie américaine.
Selon Karen Tumulty, chroniqueuse politique au Washington Post, il n'aurait pas pu y avoir "de pire moment pour que Joe Biden soit contraint de redéfinir sa stratégie face à Trump".
Le président démocrate a toutefois montré lundi qu'il ne comptait pas se retenir de critiquer très longtemps son rival, en explicitant sa position délicate.
"Comment parlez-vous de la menace sur notre démocratie, qui est réelle quand un président dit des choses comme il dit? Vous ne dites rien juste parce que cela pourrait inciter quelqu'un?", a demandé Joe Biden.
- Acuité mentale "sacrément bonne" -
La tentative d'assassinat pourrait par ailleurs partiellement aider le président démocrate de 81 ans dans sa lutte pour sa survie politique, en détournant, au moins temporairement, les inquiétudes autour de ses capacités à assurer un nouveau mandat de quatre ans.
Après les tirs, Joe Biden a cherché à adopter un ton présidentiel. Il s'est adressé à la nation dimanche, ce qui constituait seulement sa troisième intervention depuis la solennité du Bureau ovale en trois ans et demi de mandat.
"Mon acuité mentale est sacrément bonne", a-t-il aussi déclaré lundi dans son interview à NBC.
"En trois ans et demi, j'ai fait plus de choses que n'importe quel président depuis longtemps", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que les inquiétudes autour de son âge constituaient une "question légitime".
Mais après des semaines de spéculations sur sa santé mentale et physique à la suite d'un débat de campagne désastreux, les appels à ce que Joe Biden se retire de la course à la présidentielle ont cessé depuis les tirs contre Donald Trump.
"Il est évident que cela change la donne pour ceux qui demandent à M. Biden de se retirer", a déclaré à l'AFP Peter Loge, politologue à l'Université George Washington. "Cela donne à Biden un peu de temps."
F.E.Ackermann--NZN