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C'est la rentrée à Strasbourg: le Parlement européen, renouvelé en juin, élit mardi ses dirigeants sous pression d'une extrême droite renforcée, soucieuse de peser dans les débats malgré ses divisions et le "cordon sanitaire".
Cette plénière, entamant une nouvelle législature de cinq ans, a été ouverte par un quatuor à cordes interprétant l'"Hymne à la Joie" de Beethoven, et sera marquée jeudi par un vote pour reconduire Ursula von der Leyen comme présidente de la Commission européenne.
Les 720 eurodéputés se réunissent à l'ombre d'un climat international tendu, après la tentative d'assassinat contre l'ex-président américain Donald Trump et les visites de Viktor Orban à Moscou et à Pékin. Le Premier ministre nationaliste hongrois, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, ne s'exprimera pas à Strasbourg, officiellement en raison des nombreux votes procéduraux prévus.
En premier lieu, l'élection du Président du Parlement ce mardi matin: la conservatrice maltaise Roberta Metsola, 45 ans, en poste depuis 2022, est ultra-favorite pour un nouveau mandat de deux ans et demi, face à l'Espagnole Irene Montero (gauche radicale).
"Il faut un Parlement fort dans une union forte (...) maintenir la pression pour garantir notre droit d'initiative (face à la Commission), améliorer nos pouvoirs de contrôle et d'enquête, remédier aux déséquilibres institutionnels", a insisté Mme Metsola.
A Strasbourg, de nouveaux élus découvraient l'hémicycle, à l'instar de l'écologiste française Majdouline Sbaï, venue du Nord de la France, qui outre la santé et l'environnement, fait du combat contre l'extrême droite une priorité. "Mon souci, c'est de l'empêcher d'avoir des responsabilités", impulser une "inflexion" pour "faire en sorte que les politiques européennes ne continuent pas à l'alimenter", a-t-elle indiqué.
Même si la coalition centriste PPE (droite, 188 sièges), Renew (libéraux, 77) et S&D (sociaux-démocrates, 136) reste majoritaire, les droites radicales et nationalistes ont fortement progressé au scrutin de juin.
Les deux grands groupes d'extrême droite réclament leur part dans la désignation mardi des 14 vice-présidents du Parlement - chargés de présider des sessions en orchestrant votes et prises de parole.
ECR - le groupe d'extrême droite "Conservateurs et réformistes européens" (78 eurodéputés) - associé à la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, comptait un vice-président depuis 2022: il en exige désormais deux, malgré les résistances de la gauche.
- Bardella président de groupe -
Une nouvelle formation, "Patriotes pour l'Europe", a détrôné l'ECR, s'imposant comme troisième force avec 84 eurodéputés, pour beaucoup réticents sur le soutien à l'Ukraine. Ils sont issus notamment de Vox (Espagne), du Fidesz de Viktor Orban et du Rassemblement national (France), avec Jordan Bardella en tête.
Selon la clé de répartition traditionnelle, deux vice-présidents devraient lui revenir.
Une ligne rouge absolue pour les groupes de la majorité centriste, qui entendent s'accorder sur des candidats alternatifs.
"Nous ne voulons pas voir les amis de Poutine représenter l'institution", souligne Pedro Lopez de Pablo, porte-parole du PPE.
Parmi les Patriotes, des profils attisent la controverse, dont le général italien Roberto Vannacci, issu de la Ligue de Matteo Salvini et auteur d'un livre truffé de déclarations homophobes, misogynes et anti-migrants.
Les eurodéputés "Patriotes", qui pourraient également être exclus la semaine prochaine des présidences de commissions parlementaires, dénoncent un cordon sanitaire "antidémocratique".
"Le concept bruxellois de démocratie et respect des traditions parlementaires parfaitement appliqué", a ironisé Kinga Gál, leur vice-présidente hongroise.
A contrario, les élus d'ECR eux-mêmes, volontiers atlantistes et favorables au soutien militaire à l'Ukraine - à la différence des Patriotes -, pourraient rester épargnés dans la répartition des postes.
"Mme Meloni n'était pas dans le cordon sanitaire, à l'inverse du groupe ID dont sont issus les Patriotes: ce qui pose problème, c'est qu'ils sont pro-Poutine, c'est ça la ligne rouge", observe Pascale Joannin, de la Fondation Schuman.
- Ecologistes courtisés -
Ursula von der Leyen, qui espère obtenir jeudi le feu vert des députés pour un second mandat, n'a elle pas exclu de collaborer avec certains partis d'ECR.
Si la coalition PPE-socialistes-libéraux surpasse la majorité absolue de 361 eurodéputés dont elle a besoin jeudi pour être reconduite, la dirigeante allemande doit aussi parer aux défections significatives attendues lors d'un scrutin à bulletins secrets à l'issue attendue très serrée.
De quoi la pousser à solliciter le soutien des écologistes (53 sièges), qui exigent des engagements sur le Pacte vert en échange de leur soutien.
Voire à compter sur des élus d'ECR. Or, libéraux, socialistes et Verts s'opposent farouchement à tout recours à ECR pour conforter la cheffe de l'exécutif européen. "C'est crucial de construire une majorité stable avec des partis pro-démocratie, pro-UE", indique la codirigeante des Verts Terry Reintke.
B.Brunner--NZN