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Le manque de main-d'œuvre dans les champs a contraint une entreprise sucrière publique cubaine à faire appel à des prisonniers pour tenir ses objectifs de production, a annoncé son directeur, alors que l'île connaît une vague d'émigration sans précédent.
"Pour terminer la dernière récolte et respecter le plan, il a fallu trouver du personnel supplémentaire, dont 113 prisonniers", a expliqué lundi soir Amaury Depestre, député de la province de Cienfuegos et directeur de la centrale sucrière "14 de Julio", cité par le média d'Etat Cubadebate.
Depuis le mois de mars, un décret encadre la possibilité pour des Cubains et étrangers qui purgent des peines de prison sur l'île de travailler à l'intérieur et à l'extérieur des prisons, ainsi que leurs conditions de travail et les salaires.
Ce n'est pas la première fois que des responsables économiques ou des députés cubains se plaignent du manque de main-d'œuvre dans l'agriculture, touchée de longue date par l'exode rural.
Ce phénomène est aujourd'hui aggravé par une vague migratoire sans précédent et par le départ des travailleurs agricoles vers des emplois mieux rémunérés, notamment dans le secteur privé local en expansion depuis 2021.
M. Depestre a appelé les députés cubains à "se concentrer" notamment sur cette problématique et sur celle des salaires du secteur.
Depuis 2021, le groupe public AzCuba tente d'enrayer le déclin de la production sucrière, mais la récolte 2022-2023 a permis de produire à peine 350.000 tonnes de sucre, soit 4,4% de la production cubaine jusqu'au début des années 1990.
Lors du débat parlementaire, le président de AzCuba, Julio Garcia, n'a pas donné les chiffres de la dernière récolte achevée en mai, mais a souligné les pénuries de "lubrifiants, carburant et autres matériels" dont souffre l'industrie.
Cuba, qui traverse sa pire crise économique en trente ans avec une inflation galopante, des pannes d'électricité et des pénuries de nourriture, de médicaments et de carburants, connaît une vague d'émigration sans précédent.
Plus de 560.000 Cubains sont entrés aux États-Unis de manière irrégulière entre janvier 2022 et mai 2024, selon les autorités américaines, et quelque 100.000 ont bénéficié d'un permis de séjour temporaire alloué depuis début 2023.
Il n'existe pas de chiffres officiels permettant de comptabiliser l'ampleur de la migration des Cubains vers d'autres pays d'Amérique latine et d'Europe.
W.Vogt--NZN