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Lorsque les inondations ont frappé, Maria Didovets n'a pas pu ouvrir la porte pour quitter sa maison près de Kiev, alors la femme de 82 ans a dû sortir par une fenêtre.
En plus de la dévastation et de la mort causées par les missiles russes, l'invasion a également provoqué des inondations à Demydiv, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Kiev, après une frappe russe sur un barrage voisin.
"L'eau nous a envahis. Nous avons tellement lutté", lâche Maria Didovets qui porte des bottes en caoutchouc, dans l'eau jusqu'aux chevilles, devant sa maison dont la cave est toujours inondée.
La frappe russe a touché le barrage et une centrale hydroélectrique de Kiev fin février, envoyant un déluge d'eau dans certaines parties de Demydiv, a déclaré à l'AFP un responsable du village, Oleksandr Melnychenko.
Les pompes bourdonnent en aspirant l'eau des sous-sols de dizaines de maisons, un endroit privilégié pour conserver des aliments dans de nombreux foyers ukrainiens. Dans certains endroits, le niveau de l'eau arrive toujours jusqu'aux genoux.
Lorsque les troupes russes ont commencé leur offensive fin février pour s'emparer de Kiev, Demydiv -- une colonie de petites maisons avec des jardins --, s'est retrouvée au cœur de la guerre.
Pour bloquer l'avancée russe, l'armée ukrainienne a fait sauter le pont près du village qui traverse la rivière d'Irpin, comme ils l'ont fait dans d'autres endroits près de Kiev.
La route qui traverse Demydiv et ce pont se dirige directement vers le centre de Kiev. Il faut environ une heure de route pour parvenir au palais présidentiel.
Incapables de traverser, les envahisseurs se sont tournés vers une autre direction, Oleksandr Melnychenko expliquant qu'ils ont fini par aller vers Boutcha, la ville désormais synonyme d'accusations de crimes de guerre impliquant des soldats russes.
"Si nous n'avions pas fait cela... les Russes auraient tiré depuis l'intérieur de Kiev", a-t-il dit, précisant qu'ainsi ils ont été empêchés d'atteindre deux autres localités sur la route de la capitale.
En plus de faire exploser le pont, les autorités ont ouvert le barrage, élevant le niveau de la rivière d'environ 30 centimètres et la rendant trop large pour que les Russes puissent la traverser à l'aide d'un ponton, a-t-il fait valoir.
- "Je veux juste la paix" -
Les inondations ont frappé lorsqu'un projectile a touché le barrage le 27 février, faisant monter l'eau de plusieurs mètres.
Sans la digue aux abords de Demydiv, l'eau déchaînée aurait probablement causé des dégâts bien pires.
Bien que l'eau de crue n'ait jamais franchi la digue, les habitants ont déclaré qu'elle s'était infiltrée depuis le sol.
Environ 60 des 750 foyers de Demydiv ont été touchés par les inondations, bien moins que les quelque 200 endommagés ou détruits pendant les combats.
Mais deux mois plus tard, les efforts pour pomper l'eau sont toujours en cours.
Se débarrasser de toute l'eau et assécher les maisons semble devoir prendre encore des semaines. Et la vaste plaine qui a absorbé la majeure partie de l'eau est loin d'être assainie.
Cependant, les ingénieurs ont réussi à partiellement restaurer le pont traversant la rivière d'Irpin pour que les voitures puissent à nouveau l'emprunter.
Dans certaines zones au nord de la capitale, on peut voir des chauffeurs faire avancer avec précaution leurs véhicules sur des ponts flottants métalliques temporaires.
Mais la guerre et son impact ont laissé Maria Didovets en colère et épuisée.
"Pas de tanks et pas d'inondations," dit-elle fermement. "Je veux juste la paix."
E.Leuenberger--NZN