AEX
-4.9000
Le parlement israélien a adopté une résolution contre la création d'un Etat palestinien, suscitant jeudi des critiques à l'international et la "déception" de l'ONU, au moment où Israël frappe sans relâche la bande de Gaza malgré les appels à un cessez-le-feu.
Au 10e mois de la guerre déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est rendu auprès des troupes à Rafah dans le sud du territoire palestinien. Il y a salué la "pression militaire" exercée sur le mouvement palestinien comme un moyen de "faire progresser" un accord pour la libération des otages, selon son bureau.
La résolution, symbolique, adoptée par la Knesset, "s'oppose fermement à la création d'un Etat palestinien à l'ouest du Jourdain" c'est-à-dire en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, ou dans la bande de Gaza.
Dans la bande de Gaza dévastée et assiégée par Israël, le ministère de la Santé du Hamas a fait état d'au moins 37 morts, dont plus de la moitié des femmes et des enfants, dans des frappes israéliennes contre les camps de Nousseirat et al-Bureij (centre) ainsi qu'à Khan Younès (sud) et Rafah et à Jabalia (nord).
"Nous regardons nos enfants mourir et nous nous réveillons et dormons dans la peur", se lamente sur les décombres de son habitation une Palestinienne, qui dit à l'AFP avoir perdu sa fille, ses petits-enfants et son gendre dans le secteur de Deir al-Balah (centre).
L'armée a affirmé avoir "éliminé" deux commandants du Jihad islamique, groupe allié du Hamas, à Gaza et plusieurs terroristes" à Rafah.
- "Bain de sang" -
L'attaque du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l'armée.
L'offensive israélienne de grande envergure lancée en riposte à Gaza a fait jusque là 38.848 morts, en majorité des civils, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
M. Netanyahu s’arc-boute sur la poursuite de la guerre pour éliminer le Hamas - au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël - et obtenir la libération de tous les otages.
L'un de ses alliés d'extrême droite, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a mis en garde contre "un accord de capitulation", dans une vidéo tournée sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem, une visite dénoncée par le Hamas.
"Le bain de sang à Gaza doit cesser immédiatement", a pour sa part lancé devant le Parlement européen la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, appelant à "un cessez-le-feu immédiat" et "la libération des otages".
- "Arme de guerre" -
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres est "très déçu" par le vote de la Knesset, a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric, pour qui "on ne peut pas rejeter par un vote la solution à deux Etats", "le seul chemin viable" selon lui pour solder le conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies.
La France a exprimé sa "consternation" après cette résolution, condamnée par l'Egypte et la Jordanie.
La guerre a plongé le territoire palestinien dans un désastre humanitaire avec plus de la moitié de ses 2,4 millions d'habitants déplacés et manquant de tout, les organisations humanitaires dénonçant les obstacles mis par Israël aux livraisons d'aide.
L'ONG Oxfam a fustigé "l'utilisation par Israël de l'eau comme arme de guerre".
L'ONG néerlandaise de promotion de la paix PAX, a pointé la menace sanitaire dans un territoire "noyé" sous les déchets et décombres. "La région toute entière pourrait bientôt faire face à de graves problèmes d'écosystèmes et de santé publique."
Alors que le système de santé est exsangue à Gaza selon les organisations internationales, M. Netanyahu a annulé un ordre donné par son ministre de la Défense de monter un hôpital de campagne en Israël pour soigner des enfants du territoire palestinien.
Sur le front nord d'Israël, au Liban, deux combattants de la Jamaa Islamiya et du Hezbollah, mouvements libanais alliés au Hamas, ont été tués dans des frappes israéliennes. En riposte, le Hezbollah a lancé des "drones explosifs" sur une base militaire dans le nord d'Israël.
D.Smith--NZN