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Les manifestations ont été interdites au Bangladesh et l'un des principaux dirigeants de l'opposition a été arrêté, vendredi, après quatre jours d'affrontements meurtriers qui ont fait au moins 50 morts selon un décompte de l'AFP.
Les manifestations d'étudiants avaient commencé début juillet pour exiger un meilleur accès aux emplois dans la fonction publique. Elles ont dégénéré en heurts violents cette semaine : cinquantaine personnes sont mortes au cours des derniers jours, selon le décompte de l'AFP des victimes rapportées par les hôpitaux.
La situation est un défi majeur pour l'administration autocratique de la Première ministre Sheikh Hasina, qui gouverne depuis 15 ans et est accusée par les opposants de vouloir éradiquer toute dissidence.
Vendredi matin encore, des affrontements ont éclaté lorsque les étudiants sont de nouveau descendus dans la rue, avant des contre-manifestations progouvernementales prévues après les prières de midi dans ce pays à majorité musulmane. Selon des témoins, la police a tiré des grenades lacrymogènes en plusieurs lieux de Dacca, une mégapole de 20 millions d'habitants.
Cinq des victimes décédées ont été tuées vendredi, selon Bacchu Mia de l'hôpital universitaire de Dacca.
"Pour assurer la sécurité publique", la police a alors "interdit tous les rassemblements, les processions et les réunions publiques à Dacca" vendredi.
Elle a également affirmé avoir arrêté l'un des principaux opposants à Dacca, Ruhul Kabir Rizvi Ahmed, l'un des responsables du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), sans donner de détails sur les raisons de son arrestation. "Il est confronté à des centaines d'affaires", a simplement déclaré à l'AFP Faruk Hossain, le porte-parole de la police de Dacca.
La veille, la police avait accusé "des mécréants" d'avoir "incendié, vandalisé et mené des activités destructrices" de bâtiments officiels.
Le siège du radiodiffuseur public Bangladesh Television(BTV) figure au nombre des institutions incendiées. BTV n'émettait toujours pas vendredi tandis que le pays restait par ailleurs privé d'internet.
Plus de 700 personnes ont été blessées jeudi, dont 104 policiers et 30 journalistes, selon la chaîne privée Independent Television, qui a affirmé que 26 des 64 districts du pays avaient fait état d'affrontements.
La police a confirmé une centaine de policiers blessés et une cinquantaine de postes de police incendiés.
- "Système truqué" -
Les manifestations quasi quotidiennes lancées début juillet visent à obtenir la fin des quotas d'embauche dans la fonction publique qui réservent plus de la moitié des postes à des groupes spécifiques, notamment aux enfants des vétérans de la guerre de libération du pays contre le Pakistan en 1971.
Dans un contexte de crise de l'emploi aiguë dans ce pays de 170 millions d'habitants, où des millions de diplômés sont au chômage, les étudiants exigent un recrutement basé sur le mérite. Ils dénoncent un système favorisant les enfants des partisans de la Première ministre Sheikh Hasina, en place depuis 2009.
Des groupes de défense des droits humains ont aussi accusé le pouvoir de vouloir éradiquer toute dissidence notamment par l'assassinat extrajudiciaire de militants de l'opposition.
Cette semaine, le gouvernement a ordonné la fermeture des écoles et des universités pour une durée indéterminée face aux événements.
La situation aujourd'hui, "c'est l'éruption du mécontentement latent des jeunes accumulé au fil des ans, en raison de la privation de leurs droits économiques et politiques", a commenté Ali Riaz, professeur de politique à l'université de l'Illinois.
"Les quotas d'emploi sont devenus le symbole d'un système qui est truqué", ajoute-t-il.
- Empêcher toute communication -
"Notre protestation se poursuivra", a déclaré à l'AFP Sarwar Tushar, qui a participé à une marche dans la capitale et a été légèrement blessé lorsque la manifestation a été violemment dispersée par la police.
"Nous voulons la démission immédiate de Sheikh Hasina. Le gouvernement est responsable des meurtres", a-t-elle aussi dit.
L'internet reste coupé dans le pays, selon l'organisation de défense du réseau Netblocks, basée à Londres.
"Les perturbations empêchent les familles de se contacter et étouffent les efforts visant à documenter les violations des droits de l'homme", a écrit l'organisation dans un message sur les réseaux sociaux.
T.Furrer--NZN