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Après deux jours d'extrême tension sur la répartition des postes clés à l'Assemblée nationale, les députés se retrouvent samedi pour élire les présidents de commissions, avec pour principal enjeu la direction de la commission des Finances, aujourd'hui assurée par l'Insoumis Eric Coquerel.
Cette présidence très convoitée, car chargée notamment de la supervision du budget, revient depuis 2007 à un député d'un groupe s'étant déclaré dans l'opposition. Dans cette Assemblée sans majorité absolue, c'est le cas de la France insoumise mais aussi de la Droite républicaine (ex-LR) qui a conclu un pacte avec les macronistes permettant jeudi la reconduction de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l'Assemblée.
Si les macronistes renvoyaient l'ascenseur samedi au parti de Laurent Wauquiez, c'est la députée Véronique Louwagie qui pourrait ainsi être propulsée à la tête de cette commission. Pour cela, il faudrait que le camp présidentiel participe au vote, ce qu'il s'abstenait de faire depuis 2007.
"C'est une chose qu'un président de groupe contracte un accord, cela en est une autre que tous les députés censés l'exécuter l'appliquent. On verra", a déclaré au quotidien Libération Eric Coquerel, candidat à sa réélection. "Je suis certain que tous ne le feront pas".
La reprise des travaux est prévue samedi à 10H30. Les huit commissions (Culture, Economie, Affaires sociales, Développement durable, Défense, Affaires étrangères, Finances, Lois) se réunissent à huis clos.
Cette règle attribuant la présidence de la commission des Finances à l'opposition fait partie d'une série de mesures accompagnant la modernisation de la Constitution impulsée en 2008 par le président Nicolas Sarkozy.
- Le RN écarté -
Aucune des six vice-présidences, pas de poste de questeur sur les trois en jeu, pas même un secrétaire sur douze: Marine Le Pen et ses alliés ont été barrés des postes du bureau de l'Assemblée, sa plus haute instance exécutive.
"Ces décisions rendent pour l'avenir les décisions de ce bureau parfaitement illégitimes", a estimé la cheffe de file des députés RN.
Aux premières heures samedi, le Nouveau Front populaire, bloc le plus nombreux de la nouvelle Assemblée, est de son côté parvenu à rafler neuf des 12 postes de secrétaires, s'assurant la majorité au sein de cette instance chargée notamment de décider des sanctions contre les députés.
"Nous obtenons la majorité des postes (au bureau), c'est la démonstration que le NFP est le pôle le plus large à l'Assemblée nationale", s'est félicitée Mathilde Panot (LFI), appelant le président Emmanuel Macron à "nommer un Premier ministre issu du NFP".
L'Insoumise Clémence Guetté a été élue première vice-présidente. Les autres vice-présidences ont été remportées par Nadège Abomangoli (LFI), l'ancienne vice-présidente Horizons Naïma Moutchou, Xavier Breton et la députée Annie Genevard (tous deux de la Droite républicaine), et le ministre de l'Industrie démissionnaire Roland Lescure (Ensemble pour la République, ex-Renaissance).
Brigitte Klinkert (EPR), Michèle Tabarot (Droite républicaine), Christine Pirès-Beaune (PS) ont chacune hérité d'un poste à la questure, cette fonction très prisée de supervision des services financiers et administratifs de la chambre.
Il y a deux ans, la macronie avait concédé au Rassemblement national deux vice-présidences, dans le souci d'une représentation équitable des groupes, comme le préconise le règlement de l'Assemblée.
Cette fois-ci, rien de tel: le groupe Ensemble pour la République (EPR) présidé par le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal avait décidé lundi de ne mettre aucun bulletin "ni pour le RN, ni pour LFI", et de s'affranchir de cette proportionnalité.
Marine Le Pen a dénoncé des "magouilles" et des "achats de postes" qui "foulent aux pieds la démocratie", privant les "11 millions d'électeurs" du RN de représentants dans les instances de l'Assemblée.
Plus tôt dans la journée les opérations de vote avaient été marquées par un incident sans équivalent de mémoire d'administrateur: l'apparition de dix enveloppes en surnombre dans les urnes, qui a contraint à annuler un scrutin.
Une entrée en piste qui laisse présager des fortes tensions qui traverseront cette 17e législature, et de l'étroitesse du chemin pouvant conduire à la formation d'un gouvernement stable.
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W.Odermatt--NZN