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Le retrait de Joe Biden de la course pour l'élection présidentielle américaine de novembre chamboule également la campagne de son adversaire républicain Donald Trump, le privant de son bouc émissaire démocrate préféré.
Pendant des mois, Donald Trump et ses alliés se sont joués des inquiétudes autour de l'état de santé du président sortant, âgé de 81 ans, partageant des vidéos de chacun de ses bégaiements, gaffes et trébuchements.
"Joe l'escroc n'était pas à apte à être candidat et il n'est certainement pas apte à exercer ses fonctions", a affirmé le candidat républicain sur son réseau Truth Social, peu après l'annonce du retrait. Mais le républicain, qui a échappé à une tentative d'assassinat, doit opérer un virage stratégique.
"C'est une mauvaise nouvelle pour Trump", estime auprès de l'AFP Henry Olsen, du centre de réflexion conservateur Ethics and Public Policy Center.
Le président Biden avait jusque-là "le niveau d'approbation le plus bas jamais enregistré dans les sondages pour un premier mandat et est irrémédiablement accablé par son âge", notait l'analyste politique avant l'annonce.
"C'est bien mieux pour Trump de se présenter contre lui que contre n'importe quel autre potentiel opposant."
Si la campagne du républicain minimisait jusqu'à présent les chances d'un tel retrait, des responsables ont travaillé dernièrement en coulisse à des attaques visant celle qui pourrait remplacer le démocrate: sa vice-présidente Kamala Harris.
Âgée de 59 ans, cette ancienne sénatrice de Californie, devenue la première femme mais aussi première personne noire et d'origine asiatique à accéder à ce poste, devrait être en compétition avec d'autres figures du Parti démocrate.
"Personne n'a fait pire que Kamala Harris, qui a menti à répétition, se plaçant vraisemblablement au-dessus de la sécurité des Américains", a lancé récemment son équipe de campagne.
- Pas de changement "fondamental" -
"Je vais me présenter et faire campagne, que ce soit contre lui ou quelqu'un d'autre", avait déclaré Donald Trump en évoquant des sondages lui donnant aussi l'avantage contre plusieurs autres démocrates.
La campagne "ne changera pas fondamentalement", a confié à l'AFP lors de la convention à Milwaukee Jason Miller, un des plus proches conseillers du candidat républicain.
"Que cela soit Joe Biden, Kamala Harris ou un autre démocrate de la gauche radicale, ils sont tous responsables de la destruction de notre économie et du délitement de nos frontières."
Les électeurs manifestent depuis des mois aux sondeurs leur volonté d'être représentés par un candidat plus jeune. Faire le choix d'un gouverneur démocrate jeune, venu d'un Etat clé, pourrait ainsi représenter une menace pour le tempétueux républicain, qui aurait 82 ans à la fin d'un éventuel second mandat.
Une campagne menée par Kamala Harris pourrait aussi s'avérer dangereuse car elle pourrait plaire davantage à l'électorat féminin, qui historiquement vote plus que les hommes et constitue le talon d'Achille du républicain.
- Choc des cultures -
Elle donnerait également aux démocrates une chance de redéfinir, à l'occasion de la convention du parti en août, cette campagne présidentielle comme celle d'un choc des cultures.
En effet, cette ancienne procureure se présenterait face au premier président reconnu coupable au pénal de l'histoire des Etats-Unis et encore cerné par d'autres affaires judiciaires.
De plus, Kamala Harris a incarné la défense du droit l'avortement portée par l'administration Biden, un sujet explosif qui a déjà pénalisé le Parti républicain dans les urnes.
Kamala Harris ferait mieux que Joe Biden face à Donald Trump dans le Michigan et en Pennsylvanie, deux Etats qui pourraient faire basculer l'élection, selon un récent sondage.
Mais la vice-présidente est déjà en poste, ce qui signifie que Donald Trump pourra l'attaquer sur le même bilan que Joe Biden, notamment sur la question de l'immigration.
Plusieurs étoiles montantes du Parti démocrate ont été proposées comme alternatives à Mme Harris, notamment les gouverneurs Josh Shapiro (Pennsylvanie), Gretchen Whitmer (Michigan) et Gavin Newsom (Californie).
Quelle que soit la personne qui reprendra la candidature démocrate, elle ne sera pas ménagée par le tempétueux milliardaire.
P.E.Steiner--NZN