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C'est sans précédent dans l'histoire récente des Etats-Unis: en jetant l'éponge dimanche, Joe Biden pourrait permettre aux démocrates de se relancer dans la course à la Maison Blanche à quatre mois de l'élection de novembre, mais ils font face à de nombreux défis.
Le président américain a beau avoir apporté son soutien à sa vice-présidente Kamala Harris dès l'annonce de son retrait de la course à la Maison Blanche, les choses paraissent loin d'être aussi simples.
Elle-même a déclaré compter "remporter l'investiture" démocrate pour la présidentielle en vue de "battre Donald Trump".
Fait marquant, la hiérarchie du parti, du chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, au chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a été prompte à saluer le retrait de Joe Biden mais sans pour autant soutenir la vice-présidente, la candidate naturelle pour affronter Donald Trump en novembre.
D'autres voix influentes au sein du parti, dont l'ancien président Bill Clinton et l'ancienne candidate à la Maison Blanche Hillary Clinton, ainsi que la sénatrice de gauche Elizabeth Warren ont, à l'inverse, apporté leur soutien à la vice-présidente américaine.
"Nous allons naviguer en terrain inconnu dans les jours à venir", a confié l'ancien président Barack Obama, sans non plus soutenir Kamala Harris.
- "Se ressaisir" -
La bataille pour qui affrontera le républicain Donald Trump le 5 novembre prochain est ainsi lancée.
"Je suis stupéfaite. Et heureuse - parce que la décision a enfin été prise, et que le Parti démocrate peut maintenant se ressaisir et trouver une solution", commentait à chaud un enseignant de 59 ans, Barb Katz, interrogé par l'AFP à Grand Rapids, dans le Michigan (nord), alors que le parti se démène depuis des semaines avec les retombées d'un débat catastrophique du président américain le 27 juin face à Donald Trump.
Il y a d'abord un casse-tête institutionnel.
Joe Biden a été désigné comme le candidat des démocrates à la présidentielle lors d'une série de primaires, qui se sont tenues de janvier à juin. Il devait être intronisé lors de la convention du parti, à Chicago mi-août.
Mais avec ce retrait, les délégués du parti, 3.900 personnes au profil très varié, sont désormais libres de choisir leur candidat.
Un scénario à peu près comparable s'était présenté pour les démocrates le 31 mars 1968, quand le président Lyndon B. Johnson avait publiquement annoncé qu'il ne briguerait pas de second mandat, en pleine guerre du Vietnam. Le candidat choisi pour le remplacer in extremis, Hubert Humphrey, avait perdu.
"Dans les prochains jours, le parti entreprendra un processus transparent et discipliné pour aller de l'avant, en tant que Parti démocrate uni, avec un candidat qui peut battre Donald Trump en novembre", a déclaré le président du Parti démocrate Jaime Harrison, dans un communiqué.
- Kamala, candidate naturelle -
Mais il faudra s'entendre sur un successeur.
Kamala Harris dispose à cet égard d'avantages évidents. Elle est la première femme et première Afro-Américaine au poste de vice-présidente, ce qui pourrait jouer en sa faveur auprès des minorités. Elle dispose aussi d'une notoriété établie, quoique pas forcément favorable, bâtie depuis plus de trois ans à la vice-présidence.
"Il s'agit d'un passage de flambeau historique et d'un grand symbole de la nation multiraciale que sont devenus les Etats-Unis", note Sara Sadhwani, de l'université Pomona, y compris auprès de la communauté musulmane vent debout contre la guerre à Gaza.
A 59 ans, elle pourrait aussi retourner l'argument de l'âge -- qui a valu à Joe Biden de se retirer -- face au candidat républicain de 78 ans.
L'ex-sénatrice de Californie sillonne en outre les Etats clés depuis des mois pour faire campagne, notamment sur le droit à l'avortement - un thème clé de la présidentielle cette année.
Mais elle pourrait être concurrencée par d'autres membres de la jeune garde du parti et ne bénéficie pas d'opinions favorables dans les sondages.
Parmi les autres noms qui circulent, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui a le vent en poupe chez les démocrates, ou encore la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, ou celui de Pennsylvanie, Josh Shapiro.
Et quid des fonds déjà levés par la campagne de Joe Biden qui ne seront pas facilement transférables à tout autre candidat d'un point de vue légal? Les républicains ont d'ores et déjà annoncé leur intention de contester ce transfert en justice.
Pour Ryan Waite, de l'université Brigham Young-Idaho, "les républicains devraient s'inquiéter. Un nouveau candidat démocrate bénéficiera d'un impact médiatique important juste avant l'élection", dit-il à l'AFP. "La question est maintenant de savoir qui ce sera".
A.Wyss--NZN