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Après plusieurs semaines d'imbroglio politique, les Alpes françaises devraient décrocher "sous conditions" mercredi l'organisation des JO-2030, sans avoir fourni les engagements financiers demandés par le CIO.
"Sans garantie confirmée, il ne peut y avoir de vote inconditionnel. Donc comme le gouvernement français ne peut pas nous donner cette garantie pour des raisons constitutionnelles, nous allons attacher des conditions au vote", a annoncé à la presse Thomas Bach, le patron du CIO.
Le dirigeant allemand n'a pas précisé la teneur de ces conditions, ni l'éventuelle tenue d'un vote ultérieur pour ratifier définitivement la désignation des Alpes françaises comme hôtes des JO-2030.
Réunis pour leur 142e session, les membres du CIO étaient censés attribuer mercredi par un double scrutin les Jeux d'hiver 2030 et 2034, respectivement aux Alpes françaises et à la ville américaine de Salt Lake City, sans concurrence.
Cette étape s'annonçait une formalité, à deux jours des JO de Paris (26 juillet-11 août), puisque la session ratifie systématiquement et très largement les recommandations de la commission exécutive, qui avait sélectionné les deux dossiers en novembre dernier.
- "Majorité pour les JO" -
Mais si la désignation de la capitale de l'Utah, déjà hôte des JO-2002, ne fait aucun doute, "la situation politique rend les choses un peu plus compliquées" pour le dossier français, reconnaissait samedi Mark Adams, le porte-parole du CIO.
La dissolution surprise est venue percuter de plein fouet le dossier et l'absence de majorité claire issue des législatives n'a rien arrangé: faute de gouvernement de plein exercice, la France n'a pas pu fournir deux documents exigés mi-juin par l'organisation olympique.
Il s'agit avant tout de la garantie de livraison des Jeux, qui relève des compétences gouvernementales - et non de celles du président de la République - et doit donc être matérialisée par la signature du Premier ministre, avant d'être votée par le Parlement avec la loi de finances.
Or un tel engagement sort clairement du champ des "affaires courantes" gérées par le gouvernement démissionnaire. Et laisser traîner le dossier ouvrait une incertitude majeure: selon la couleur politique du futur exécutif, quel sera son degré de soutien aux JO ?
"Même s'il n'y a pas de majorité au gouvernement, il y a une majorité pour les Jeux", a encore affirmé mardi David Lappartient, patron du comité olympique français et architecte de cette candidature.
- Le CIO était "coincé" -
Aucun leader socialiste, écologiste ou LFI ne s'est pourtant prononcé au sujet de 2030 et dans les deux régions concernées, Rhône-Alpes-Auvergne et Provence-Alpes-Côte d'Azur, la gauche a émis des réserves aussi bien sur l'impact environnemental que sur l'absence de concertation.
Or ces deux régions sont directement concernées par la deuxième garantie requise par le CIO, soit la "contribution de partenariat au budget d'organisation" des JO, de la part des deux régions et de l'Etat.
D'abord intransigeante, l'instance de Lausanne répétait encore après le second tour qu'une attribution officielle n'aurait lieu que si les deux documents étaient fournis "avant la session".
Mais le CIO, déjà peu désireux d'humilier à domicile le pays hôte des JO de Paris, "est coincé" depuis qu'il a rejeté en novembre les candidatures suisse et suédoise, observe auprès de l'AFP Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l'olympisme à l'Université de Lausanne.
Pour éviter "de se retrouver avec zéro candidat", il a donc choisi de sécuriser l'attribution dès maintenant, poursuit le chercheur: "dans les régions, le travail va pouvoir commencer".
I.Widmer--NZN