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Le président brésilien Lula a appelé mercredi le monde à agir contre la faim, "la plus dégradante des privations humaines", à la veille d'une réunion des ministres des Finances du G20 à Rio de Janeiro promise à d'âpres discussions sur la taxation des milliardaires.
"Au XXIe siècle, rien n'est plus absurde et inacceptable que la persistance de la faim et de la pauvreté", a affirmé Luiz Inacio Lula da Silva lors d'une réunion à Rio pour poser les bases de son "Alliance globale contre la faim et la pauvreté", une priorité de la présidence brésilienne du G20.
Le défi est de taille: 733 millions de personnes ont souffert de la faim en 2023, soit 9% de la population mondiale, selon un rapport publié mercredi par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), et présenté à Rio pour l'occasion.
"Nous avons besoin de solutions durables et nous devons y réfléchir et agir ensemble", a exhorté Lula.
Les larmes aux yeux à la fin de son discours, l'ancien ouvrier né dans une famille pauvre du Nord-Est brésilien a lancé: "Je suis ému car je sais que la faim n'est pas une chose naturelle", mais "liée aux décisions politiques".
L'Alliance promue par le président Lula, qui rassemble des Etats et des institutions internationales, sera mise officiellement en orbite en novembre, à l'occasion du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G20 à Rio. Elle vise à trouver des moyens financiers communs pour lutter contre la faim ou à répliquer les initiatives qui fonctionnent localement.
"Nous pouvons résoudre cette crise. Et le financement est la clé", a déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un message vidéo.
L'objectif d'un monde sans faim en 2030 a été adopté par les Nations unies en 2015
Face au fléau de la malnutrition qui persiste pourtant en raison notamment des conflits, des difficultés économiques et des intempéries extrêmes, le président brésilien de gauche a une crédibilité: ses programmes sociaux avaient permis de sortir des millions de personnes de la pauvreté durant ses deux premiers mandats (2003-2010).
- Taxer les milliardaires -
Il a aussi mis l'accent sur "la lutte contre les inégalités", appelant à "corriger cette anomalie" qui veut que "les super-riches paient proportionnellement moins d'impôts que les travailleurs".
Autre chantier de Brasilia pour le G20, la taxation des milliardaires sera l'un des sujets abordés jeudi et vendredi lors de la réunion des ministres des Finances du groupe des principales économies mondiales.
L'initiative entend taxer les plus hauts patrimoines en utilisant comme base les travaux du spécialiste français des inégalités Gabriel Zucman, auteur d'un rapport en juin à la demande du Brésil.
Mais les avancées restent très hypothétiques, d'autant que les Etats-Unis s'opposent à des négociations internationales sur le sujet. D'éventuelles taxes de ce genre "varieront très certainement assez largement" d'un pays à l'autre, selon un haut fonctionnaire du secrétariat américain au Trésor.
Mais la France veut croire qu'"une première étape peut être atteinte de façon rapide", en matière d'échange d'informations entre Etats.
- "Perspectives" différentes -
Alors que le G20 est entravé par les divisions entre pays occidentaux et Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, mais aussi au sujet de la guerre à Gaza, la question d'un communiqué commun demeure épineuse. A Sao Paulo en février, les grands argentiers avaient buté sur une impasse.
La solution imaginée par le Brésil est d'aboutir cette fois à trois textes, selon les autorités brésiliennes.
Il y aurait d'une part un document spécifique sur la "coopération internationale en matière fiscale", incluant la question de la taxation des "super-riches", d'autre part un communiqué final plus large et enfin une "déclaration" publiée séparément par la présidence brésilienne qui elle seule évoquerait les crises géopolitiques.
Ce modèle a commencé à être appliqué mercredi. La présidence du Brésil a publié une "déclaration" rapportant que certains membres du G20 ont "fait part de leurs perspectives" sur l'Ukraine et Gaza durant les discussions sur l'Alliance globale contre la faim et la pauvreté.
"Certains ont considéré que ces questions ont un impact sur l'économie mondiale et doivent être traitées au G20, tandis que d'autres estiment que le G20 n'est pas l'endroit où l'on doit discuter de ces questions", indique ce texte, sans plus de détail.
Fondé en 1999, le G20 rassemble la plupart des grandes économies du monde, ainsi que l'Union européenne et l'Union africaine.
B.Brunner--NZN