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"Jusqu'à la victoire", promet le pouvoir, "Jusqu'au bout" jure l'opposition: quelque 21 millions de Vénézuéliens élisent dimanche leur président, un scrutin tendu entre Nicolas Maduro, qui brigue un troisième mandat de six ans, et le diplomate Edmundo Gonzalez Urrutia.
Des queues se sont formées devant de nombreux bureaux, dont la fermeture est prévue à 18H00 (22H00 GMT), avec des résultats attendus dans la nuit. Mais face à une forte affluence, ils pourraient rester ouverts plus longtemps, comme le prévoit la loi.
"Je reconnais et je reconnaîtrai l'arbitre électoral, les communiqués officiels et je les ferai respecter", a assuré M. Maduro après avoir voté à Caracas, alors que l'opposition craint des fraudes ou une manipulation.
Le président sortant a décrit une "bataille permanente entre le bien et le mal (...) Entre ceux (...) qui souhaitent la violence et ceux d'entre nous qui aiment le Venezuela, qui ont surmonté toutes les tempêtes et qui veulent continuer à avancer dans l'harmonie".
Très applaudi au bureau de vote où il s'est déplacé en fin de matinée, M. Gonzalez Urrutia a lui assuré: "Nous sommes prêts à défendre jusqu'au dernier vote".
"La seule nouvelle importante, ce sont les millions de Vénézuéliens à travers tout le pays qui exercent leur droit de décider", a-t-il dit.
Griselda Barroso, avocate de 54 ans, s'est rendue à son bureau de vote à 04H30 du matin. "J'espère que la journée sera fructueuse et que qu'Edmundo Gonzalez Urrutia triomphera. J'espère qu'il y aura de la démocratie" au Venezuela.
Dans le quartier 23 janvier, bastion du pouvoir, Maria de Rivero, 83 ans, dit être une "Madurista", fière de son bilan.
"Je suis avec lui (...) tout va s'améliorer. Je suis heureuse parce qu'il y a eu beaucoup d'éducation, ce qui n'était pas le cas auparavant. Les pauvres, les enfants ne pouvaient pas entrer à l'université".
Dans l'Etat pétrolier de Zulia (ouest), une étudiante assure elle que le pouvoir achète les votes. "Quand je suis allée voter, une femme se tenait à côté de la machine (...). Elle a fait signe à une autre personne pour lui dire que j'avais voté pour Edmundo", explique-t-elle.
"Après quoi ils ont apposé un autocollant jaune sur ma carte d'identité. Ils apposent un autocollant noir sur les cartes de gens ayant voté Maduro. Cet autocollant noir donne droit à un sac Clap (d'aide alimentaire, ndlr) à la sortie du bureau de vote", raconte-t-elle.
Dix candidats sont en lice mais le scrutin se résume à un duel entre Nicolas Maduro, 61 ans, et le discret Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans, qui a remplacé au pied levé la charismatique cheffe de l'opposition Maria Corina Machado, déclarée inéligible.
Les sondages donnent l'opposition largement en tête mais certains observateurs assurent que la lutte est serrée. Le régime, lui, se montre confiant en sa victoire.
Héritier d'Hugo Chavez, ancien président d'inspiration socialiste de 1999 jusqu'à sa mort en 2013, M. Maduro, qui s'appuie sur l'armée et un harcèlement policier de l'opposition, promet régulièrement qu'il ne cèdera pas le pouvoir, prédisant le chaos sans lui. Pendant la campagne, il a évoqué un possible "bain de sang dans une guerre civile fratricide provoquée par les fascistes".
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré dimanche que "le peuple vénézuélien mérite une élection qui reflète réellement sa volonté, à l'abri de toute manipulation".
La plupart des sondeurs estiment que M. Maduro ne dépassera pas les 30% et situent l'opposition entre 50 et 70%.
Le pays pétrolier, longtemps un des plus riches d'Amérique latine, est exsangue, empêtré dans une crise économique sans précédent.
Conséquence d'une mauvaise gestion et de la corruption, la production pétrolière s'est effondrée, le PIB s'est réduit de 80% en dix ans avec une hyperinflation qui a obligé les autorités à dollariser partiellement l'économie.
- Attitude de l'armée -
Sept millions de Vénézuéliens - un quart des 30 millions d'habitants - ont fui le pays. Une grande partie de ceux qui sont restés vit dans la pauvreté, avec des systèmes de santé et d'éducation totalement délabrés.
Le pouvoir accuse le "blocus criminel" d'être à l'origine de tous les maux. Les Etats-Unis avaient durci leurs sanctions pour tenter d'évincer M. Maduro après sa réélection contestée de 2018, lors d'un scrutin entaché de fraudes selon l'opposition, et qui avait débouché sur des manifestations sévèrement réprimées.
Washington a tenté de forcer M. Maduro à des élections "démocratiques et compétitives", sans infléchir Caracas, qui a confirmé l'inéligibilité de Mme Machado et retiré son invitation à l'Union européenne pour observer le scrutin.
Dans le même temps, la Maison Blanche, désireuse de relancer la production vénézuélienne dans un contexte de tension sur le brut a ouvert la porte, avec des autorisations d'exploitation pour des compagnies pétrolières étrangères.
Une des clés sera l'attitude de l'appareil sécuritaire. "La force armée nationale bolivarienne me soutient", a affirmé M. Maduro. M. Gonzalez Urrutia s'est lui dit "convaincu que les forces armées veilleront à ce que la décision de notre peuple soit respectée".
N.Fischer--NZN