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La probabilité d'une panne est "faible": de sa "tour de contrôle", le gestionnaire du réseau de distribution Enedis surveille à chaque instant la sécurité de l'alimentation électrique des JO de Paris, un enjeu crucial d'autant que les organisateurs ont décidé de se passer des groupes électrogènes carburant aux énergies fossiles polluantes.
Traditionnellement, les manifestations sportives et culturelles comme les festivals recourent aux groupes électrogènes gourmands en diesel pour leurs gros besoins en énergie: retransmission TV, écrans, éclairage...
Selon Enedis, les Jeux de 2012 à Londres avaient eu besoin de 4,3 millions de litres de diesel, un combustible qui rejette des particules fines et des gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Mais pour ces JO, le comité d'organisation a fait un choix radicalement inverse: s'appuyer sur le réseau électrique, grâce à une double alimentation - pour plus de sécurité - et ne compter sur les groupes électrogènes qu'en cas d'ultime recours. Une petite révolution...
Le raccordement des JO à l'électricité - qui est principalement décarbonée en France - s'inscrit dans l'objectif plus large de diviser par deux les rejets de gaz à effet de serre, directs et indirects, de ces Jeux, par rapport à ceux de Londres et de Rio.
Alors pour s'assurer que le courant passe à chaque instant, Enedis veille à la tenue du réseau électrique, tous les jours de 7h à 23h dans sa "tour de contrôle" installée à son siège de la Défense.
Devant des écrans, l'équipe de superviseurs coordonne l'activité des dix directions régionales, elles-mêmes chargées de surveiller la distribution électrique dans les sites d'épreuves, au village des athlètes, dans les centres anti-dopage...
- Anticiper tous les risques -
"On est un peu les aiguilleurs du réseau des JO", résume Frédéric Chebal, responsable de cette cellule de 12 personnes, mise en place il y a 6 mois.
La filiale d'EDF, qui achemine l'électricité sur la majeure partie du territoire, a engagé sur 6 années 8.000 chantiers et opérations afin de raccorder et sécuriser les sources d'alimentation des 42 sites olympiques et paralympiques et de plus de 200 sites de célébration.
Parmi eux, des sites emblématiques comme le Stade de France, l'Arena Bercy, le stade de Saint-Etienne et le Parc des Princes pourront désormais fonctionner entièrement sur le réseau de manière pérenne, au-delà de la fête olympique.
Site hautement sensible car chargé de retransmettre les épreuves au monde entier, l'International broadcast center, au Bourget, fonctionne lui aussi à l'électricité à titre principal.
"Avec tous les chantiers et efforts qu'on a menés, la probabilité d'avoir une panne est faible. Pour autant, on s'organise quand même pour y faire face", explique à l'AFP Hervé Champenois, directeur technique d'Enedis.
Il a fallu anticiper tous les risques, même "marginaux". Par exemple, les épisodes de grande chaleur qui peuvent fragiliser les câbles dans des zones urbaines habitées proches des sites. Et d'autres incidents qui ne se déroulent pas à proprement parler dans les stades mais qui peuvent occasionner "le bazar", comme une panne de signalisation routière.
- "Gardiennage" contre risques de malveillance -
"Le but de cette structure de supervision est aussi de restituer l'état du réseau: on fait trois rapports par jour" auprès des organisateurs et des autorités publiques, explique Frédéric Chebal.
Dans la salle de supervision, l'atmosphère est sereine.
A côté d'un écran qui retransmet les épreuves en direct, un autre cartographie l'état du réseau en temps réel aux abords de chaque site olympique, avec un code couleur allant du vert au rouge pour signaler une situation optimale ou au contraire une difficulté.
Pour intervenir rapidement sur des pannes, des agents Enedis sont d'ailleurs pré-mobilisés à proximité de certains stades voire à l'intérieur de certains sites, pour "plus de réactivité", comme celui de Vaires-sur-Marne (kayak/aviron), qui est très étendu.
Autre précaution: Enedis a mis en place "un gardiennage" des postes-sources alimentant les sites, "pour se prémunir contre des actes de malveillance". "On n'y entre pas facilement, mais il faut quand même les surveiller, et puis surtout c'est dangereux", explique Hervé Champenois.
P.E.Steiner--NZN