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Le Sénat américain a approuvé mardi une série de mesures visant à protéger les enfants sur internet, le premier texte d'envergure ciblant l'industrie technologique aux Etats-Unis depuis des années.
"C'est est un jour exceptionnel", a applaudi le chef de file des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. "Le Sénat a tenu sa promesse envers tous les parents qui ont perdu un enfant à cause des dangers des réseaux sociaux", a-t-il assuré.
Ce texte doit désormais être approuvé à la Chambre des représentants, où son adoption est plus incertaine et où les élus sont en vacances parlementaires jusqu'en septembre.
- Contrôle parental -
Le texte, soutenu au Sénat par des élus républicains et démocrates, obligerait les plateformes à mettre en place des dispositions pour protéger les mineurs des contenus problématiques et dangereux, relevant notamment de l'exploitation sexuelle, du harcèlement en ligne, de la promotion du suicide et des troubles de l'alimentation.
Elle limiterait également la capacité des utilisateurs à communiquer avec des enfants via des messageries en ligne et imposerait un meilleur contrôle parental.
Microsoft, X (anciennement Twitter) et Snap se sont dits favorables au texte, tandis que Meta (Facebook, Instagram) et TikTok n'ont pas affiché de soutien clair.
Un autre volet du texte renforcerait quant lui les normes de confidentialité pour les mineurs et interdirait la publicité ciblée pour les enfants en ligne.
Le volet adopté mardi par le Sénat fait cependant face à l'opposition d'associations de défense des droits des minorités (notamment LGBTQ+) et de la liberté d'expression, qui craignent que ces lois ne renforcent l'isolement de certains adolescents.
- Paquets de cigarette -
Les plateformes numériques ont toutefois jusqu'ici été largement protégées de toute responsabilité juridique en ce qui concerne les contenus partagés sur leur site.
De nombreux élus souhaitent mettre en place davantage de règles pour mieux les encadrer, mais de nouvelles lois ont été bloquées par le lobbying intense des grandes entreprises technologiques.
Et si les élus sont largement en faveur de la lutte contre les impacts négatifs des réseaux sociaux sur les enfants, le Congrès, sujet à de vives querelles partisanes, bute depuis des années sur l'adoption de mesures concrètes.
En parallèle, une trentaine d'Etats américains ont lancé des poursuites fin octobre contre Meta, accusant ses plateformes, Facebook et Instagram, de nuire à la "santé mentale et physique de la jeunesse".
Mi-juin, le médecin-chef des Etats-Unis avait appelé à ce que les réseaux sociaux affichent des informations sur les risques qu'encourent les jeunes qui y passent leur temps, à la manière des messages de prévention obligatoires sur les paquets de cigarettes.
Les réseaux sociaux font aussi l'objet d'une attention accrue en dehors des Etats-Unis. La Commission européenne a ouvert mi-mai une enquête visant Facebook et Instagram, soupçonnés de développer des comportements addictifs chez les enfants et de manquer aux obligations de vérification de l'âge.
Auditionné par le Congrès fin janvier, son patron Mark Zuckerberg avait présenté de rares excuses aux victimes des dérives des plateformes numériques.
"Personne ne devrait vivre les choses que vos familles ont subies", a-t-il reconnu, se disant "désolé pour tout ce que vous avez vécu".
O.Pereira--NZN