Zürcher Nachrichten - Huit ans d'enfermement dans la "Maison des miroirs", prison secrète du Bangladesh

EUR -
AED 4.104397
AFN 76.945413
ALL 99.231189
AMD 432.617988
ANG 2.010719
AOA 1036.724537
ARS 1075.538681
AUD 1.641361
AWG 2.011389
AZN 1.904081
BAM 1.955429
BBD 2.252673
BDT 133.324726
BGN 1.955529
BHD 0.42062
BIF 3234.286875
BMD 1.117438
BND 1.441627
BOB 7.709539
BRL 6.055052
BSD 1.115688
BTN 93.249023
BWP 14.748204
BYN 3.651208
BYR 21901.788071
BZD 2.248874
CAD 1.517649
CDF 3208.165381
CHF 0.949812
CLF 0.037689
CLP 1039.944272
CNY 7.880067
CNH 7.870123
COP 4641.820049
CRC 578.89026
CUC 1.117438
CUP 29.612111
CVE 110.244101
CZK 25.088056
DJF 198.672338
DKK 7.466767
DOP 66.967305
DZD 147.657009
EGP 54.142736
ERN 16.761573
ETB 129.466357
FJD 2.459262
FKP 0.850995
GBP 0.83876
GEL 3.051043
GGP 0.850995
GHS 17.539675
GIP 0.850995
GMD 76.548818
GNF 9639.172699
GTQ 8.624365
GYD 233.395755
HKD 8.706352
HNL 27.675753
HRK 7.597474
HTG 147.212093
HUF 393.517458
IDR 16941.25656
ILS 4.226056
IMP 0.850995
INR 93.284241
IQD 1461.522939
IRR 47035.770303
ISK 152.262556
JEP 0.850995
JMD 175.286771
JOD 0.791709
JPY 160.715589
KES 143.922717
KGS 94.13132
KHR 4531.14103
KMF 493.181764
KPW 1005.693717
KRW 1488.975611
KWD 0.340897
KYD 0.929724
KZT 534.908597
LAK 24636.329683
LBP 99909.860054
LKR 340.395471
LRD 223.1377
LSL 19.586187
LTL 3.299505
LVL 0.675928
LYD 5.297996
MAD 10.818149
MDL 19.468309
MGA 5046.04342
MKD 61.598323
MMK 3629.395577
MNT 3797.054841
MOP 8.955702
MRU 44.337595
MUR 51.268486
MVR 17.164273
MWK 1934.433289
MXN 21.694843
MYR 4.698871
MZN 71.348848
NAD 19.586187
NGN 1831.984424
NIO 41.062216
NOK 11.714943
NPR 149.198716
NZD 1.791197
OMR 0.429669
PAB 1.115688
PEN 4.181807
PGK 4.367172
PHP 62.188829
PKR 309.994034
PLN 4.274593
PYG 8704.349913
QAR 4.067529
RON 4.972492
RSD 117.064808
RUB 103.380402
RWF 1504.014883
SAR 4.193134
SBD 9.282489
SCR 14.59602
SDG 672.143165
SEK 11.365691
SGD 1.442952
SHP 0.850995
SLE 25.530448
SLL 23432.113894
SOS 637.579134
SRD 33.752262
STD 23128.713955
SVC 9.762149
SYP 2807.596846
SZL 19.593286
THB 36.793929
TJS 11.859752
TMT 3.911034
TND 3.380559
TOP 2.617156
TRY 38.124201
TTD 7.588561
TWD 35.736832
TZS 3045.822602
UAH 46.114158
UGX 4133.216465
USD 1.117438
UYU 46.101261
UZS 14197.308611
VEF 4047978.463464
VES 41.096875
VND 27494.566096
VUV 132.664504
WST 3.125992
XAF 655.832674
XAG 0.035881
XAU 0.000426
XCD 3.019933
XDR 0.826843
XOF 655.832674
XPF 119.331742
YER 279.722751
ZAR 19.477909
ZMK 10058.288435
ZMW 29.537401
ZWL 359.814634
  • AEX

    -10.9000

    897.55

    -1.2%

  • BEL20

    -37.4300

    4215.59

    -0.88%

  • PX1

    -114.9900

    7500.26

    -1.51%

  • ISEQ

    -30.9900

    9967.18

    -0.31%

  • OSEBX

    -3.5300

    1407.43

    -0.25%

  • PSI20

    -4.0300

    6716.23

    -0.06%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -5.6900

    2580.84

    -0.22%

  • N150

    -51.9800

    3323.64

    -1.54%

Huit ans d'enfermement dans la "Maison des miroirs", prison secrète du Bangladesh
Huit ans d'enfermement dans la "Maison des miroirs", prison secrète du Bangladesh / Photo: Indranil MUKHERJEE - AFP

Huit ans d'enfermement dans la "Maison des miroirs", prison secrète du Bangladesh

Détenu au secret dans une prison du Bangladesh pendant huit ans, l'avocat Ahmad Bin Quasem a été libéré le 6 août dans la foulée de la chute du régime de l'ex-Première ministre Sheikh Hasina.

Taille du texte:

"C'est la première fois que j'ai pu respirer de l'air frais en huit ans", a-t-il déclaré lors d'un entretien exclusif avec l'AFP à son domicile. "Je pensais qu'ils allaient me tuer".

Me Quasem, 40 ans, a été jeté au cours de la nuit du 6 août dans un fossé boueux de la banlieue de Dacca, la capitale, sans avoir été informé des récentes manifestations étudiantes qui ont poussé l'ex-Première ministre déchue Sheikh Hasina à prendre la fuite au terme de 15 ans de pouvoir.

Responsable de son arrestation, Mme Hasina a fui en hélicoptère vers l'Inde le 5 août avant que des manifestants ne prennent d'assaut sa résidence à Dacca.

Son départ a brusquement mis fin à un régime autoritaire accusé de nombreuses violations des droits humains, dont les exécutions extrajudiciaires de milliers d'opposants politiques.

Ahmad Bin Quasem était détenu dans la "Maison des miroirs" (Aynaghar), une geôle à Dacca gérée par les services de renseignement de l'armée bangladaise. Elle porte ce nom car les détenus qui y croupissent ne croisent personne.

Durant ses huit ans de détention, Me Quasem a été menotté 24 heures sur 24 et gardé dans une cellule sans fenêtre.

- Des "cris" -

Les gardiens n'étaient pas autorisés à lui raconter ce qu'il se passait en dehors des quatre murs de sa cellule.

Ils diffusaient de la musique du matin au soir empêchant cet avocat de confession musulmane d'entendre l'appel à la prière des mosquées voisines.

Et lorsque la musique s'arrêtait, les cris d'angoisse poussés par les autres détenus venaient remplir le silence.

"Peu à peu, je me suis rendu compte que je n'étais pas seul", raconte-t-il. "J'entendais des gens pleurer, des personnes se faire torturer, d'autres crier".

Selon un rapport de l'ONG Human Rights Watch publié l'an dernier, les forces de sécurité du Bangladesh ont été responsables de "plus de 600 disparitions forcées" depuis l'arrivée au pouvoir de Mme Hasina en 2009.

L'existence de la geôle d'Aynaghar a été rendue publique en 2022 par Netra News, une plateforme de presse indépendante dédiée au Bangladesh et basée en Suède.

Mais le gouvernement de Mme Hasina a constamment nié son existence.

Il a également toujours rejeté les accusations de disparitions forcées et d'exécutions extrajudiciaires, affirmant que certaines des personnes recherchées par leur famille s'étaient noyées en mer en tentant de rejoindre l'Europe.

- Fils d'un dirigeant islamiste -

Ahmad Bin Quasem pense savoir pourquoi il a été enlevé en 2016.

Il est le fils de Mir Quasem Ali, riche magnat et important bailleur de fonds du parti Jamaat-e-Islami, le plus grand parti islamiste du Bangladesh.

L'année de son enlèvement, son père a été condamné à mort par un tribunal de guerre controversé pour des crimes commis durant la guerre d'indépendance de 1971 avec le Pakistan et a été exécuté par pendaison.

Un groupe d'experts sur les droits humains des Nations unies avait demandé aux autorités du Bangladesh d'annuler la condamnation à mort d'Ali et de le rejuger conformément aux normes internationales.

Me Quasem, inscrit au barreau de Londres, a représenté son père lors du procès. Et a ouvertement critiqué dans la presse ce tribunal, mis en place en 2010 par le gouvernement de Mme Hasina afin de museler l'opposition, selon les islamistes.

Ses prises de position lui ont mis une cible dans le dos, estime-t-il aujourd'hui.

Une nuit, des hommes en civil sont entrés chez lui, l'ont arraché à sa famille, traîné dans les escaliers et jeté dans une voiture qui l'attendait.

"Jamais je n'aurais pu croire, même dans mes rêves les plus fous, qu'ils me feraient disparaître quelques jours seulement avant l'exécution de mon père".

Son père a été pendu quatre semaines après son enlèvement. M. Quasem, lui, ne l'a appris que trois ans plus tard par un gardien de sa prison qui a accidentellement laissé échapper cette information.

- "Huit vies" -

Après avoir été abandonné dans un fossé de Dacca le 6 août, Quasem a marché toute la nuit dans l'espoir de retrouver le chemin de sa maison.

Coup du destin, il est tombé sur une clinique médicale dont son défunt père avait été administrateur.

Reconnu par un membre du personnel, il a pu emprunter un téléphone pour contacter sa famille qui a couru le rejoindre.

M. Quasem a rapidement été mis au courant des événements ayant précédé sa libération: les manifestations, la répression meurtrière puis la chute du régime de Mme Hasina.

"Tout cela a été rendu possible par quelques adolescents", dit-il incrédule. "Lorsque je vois ces enfants montrer le chemin (...) j'espère que cela sera l'opportunité pour le Bangladesh de prendre une nouvelle direction".

Mais les traces et le traumatisme de ses huit années en détention restent intactes.

Son visage est amaigri et son épaisse chevelure d'antan s'est réduite à peau de chagrin.

Tahmina Akhter, son épouse, raconte pour sa part avoir été ostracisée par les autres mères de l'école où sont scolarisés leurs enfants.

A chaque anniversaire de la disparition de son époux, sa famille était harcelée et sommée de ne plus en parler.

Leur fille aînée, âgée de quatre ans lors de l'enlèvement, a été témoin de la scène et en porte encore les séquelles.

"Nous n'avons pas eu l'impression que huit ans se sont écoulés", confie la mère de M. Quasem, Ayesha Khatoon. "Nous avons plutôt l'impression d'avoir eu huit vies".

P.E.Steiner--NZN