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Le chancelier Olaf Scholz a appelé lundi à exclure de toute majorité politique l'extrême droite allemande qui a obtenu des résultats record dans deux scrutins régionaux dans l'est du pays, un nouveau message d'avertissement pour la fragile coalition au pouvoir.
A un an des législatives, le social-démocrate a qualifié d'"amers" les résultats de dimanche qui illustrent l'impopularité du gouvernement qu'il dirige depuis fin 2021.
L'Alternative pour l'Allemagne (AfD), parti anti-migrants, eurosceptique et pro-russe, est devenue la première force politique en Thuringe et talonne les conservateurs en Saxe, deux Länder de l'ex-RDA.
Dans un message sur Facebook, M. Scholz a exhorté "tous les partis démocratiques à former des gouvernements stables sans l'extrême droite".
"L'AfD nuit à l'Allemagne. Elle affaiblit l'économie, elle divise la société et elle ruine la réputation de notre pays", a-t-il ajouté.
Le parti d'extrême droite savoure au contraire son succès dans ces régions de l'ancienne Allemagne de l'Est communiste dont il a fait ses bastions.
"Il faut faire ses valises", a lancé à l'attention de la coalition gouvernementale la codirigeante de l'AfD, Alice Weidel.
L'AfD revendique de diriger la Thuringe, où la formation obtient 32,8% des voix, menée par Björn Höcke, l'une des figures les plus radicales de la formation.
Tout les autres partis ont déjà refusé de s'allier avec lui mais "ce pare-feu antidémocratique ne pourra être maintenu à long terme", a assuré Mme Weidel.
En Thuringe, qui avait été la première à porter au pouvoir des nazis, en 1932, l'AfD disposera d'une minorité de blocage, lui permettant notamment d'empêcher la nomination de juges.
Une perspective qui effraie Marius Günder, étudiant en pharmacie de 22 ans : "J'étudie à Iena et nous voulons une Thuringe ouverte sur le monde. Nous voulons que l'Allemagne soit là pour tous", a-t-il déclaré à l'AFP.
Siegfried Köhler n'est pas de cet avis: "Les migrants, il y en a beaucoup trop. Les étrangers reçoivent de l'argent et nous, les retraités, nous avons besoin qu'on augmente nos pensions", dit cet homme de 67 ans rencontré à Erfurt.
- Pire résultat des sociaux-démocrates -
Outre l'AfD, le camp des opposants aux livraisons d'armes à l'Ukraine est renforcé par le succès du nouveau parti BSW, également très virulent contre l'immigration. Fondé avant les élections autour d'une personnalité de la gauche radicale, Sahra Wagenknecht, il obtient 11,8% en Saxe et 15,8% en Thuringe.
En Saxe,les conservateurs de la CDU (31,9%) excluent aussi toute alliance avec l'extrême droite (30,6%) mais auront du mal à trouver une majorité au parlement régional de Dresde.
Les trois partis de la coalition -sociaux-démocrates, verts et libéraux- avaient déjà été défaits par l'opposition conservatrice et l'extrême droite aux élections européennes de juin.
Le SPD d'Olaf Scholz a enregistré en Thuringe son pire résultat dans un scrutin régional, avec un score de 6,1%. Il fait également moins bien qu'il y a cinq ans en Saxe, avec 7,3%.
- Fragmentation -
De quoi craindre le pire pour l'élection régionale qui se tiendra le 22 septembre dans le Brandebourg, la région autour de Berlin, actuellement dirigée par les sociaux-démocrates.
L'exécutif paie le mécontentement d'une partie de l'opinion publique, nourri par l'inflation ou encore la transition écologique que tente de mettre en place le gouvernement. Les disputes continuelles au sein de cet attelage tripartite ne font qu'alimenter la frustration.
A la déroute annoncée par les sondages s'est ajouté l'impact de l'attentat qui a fait trois morts fin août à Solingen (ouest). L'auteur présumé, un réfugié syrien de 26 ans, aurait dû être expulsé, ce qui a relancé le débat sur l'immigration.
Les Verts sortent du parlement régional de Thuringe. Ils se maintiennent de peu en Saxe.
La percée spectaculaire du parti BSW ajoute à la fragmentation du paysage politique. Le mouvement tente de combiner politiques économiques de gauche et conservatisme sur les questions de société comme l'immigration et l'environnement.
Il se pose en faiseur de rois dans la formation des gouvernements locaux, avec des exigences bien au-delà de la politique régionale : ses responsables ont réaffirmé lundi que toute alliance sera conditionnée au refus du déploiement de missiles américains de moyenne portée en Allemagne et au soutien à des négociations "de paix" entre l'Ukraine et la Russie.
W.Vogt--NZN