AEX
-4.3900
Les Etats-Unis, l'Union européenne et neuf pays d'Amérique latine ont rejeté mardi le mandat d'arrêt lancé contre Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l'opposition vénézuélienne qui revendique la victoire à la présidentielle pour laquelle Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur.
A la demande du parquet, un tribunal compétent en matière de terrorisme a ordonné l'arrestation du diplomate de 75 ans dans le cadre d'enquêtes pour "désobéissance aux lois", "conspiration", "usurpation de fonctions" et "sabotage".
Le diplomate n'a pas été vu en public depuis le 30 juillet, alors que la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado, qui vit le plus souvent cachée, apparaît aux rassemblements de l'opposition.
M. Gonzalez Urrutia ne s'est pas rendu à trois convocations de la justice qui voulait l'entendre au sujet du site de l'opposition qui le donne vainqueur.
Il s'était justifié sur les réseaux sociaux en évoquant l'absence "d'indépendance" de la justice et un procureur "accusateur politique".
Une grande partie de la communauté internationale, Etats-Unis en tête, ne reconnaît pas la réélection de M. Maduro, et a rejété le mandat d'arrêt émis lundi.
Les Etats-Unis "se joignent à plusieurs partenaires internationaux pour condamner le mandat d'arrêt injustifié", a dit mardi un porte-parole de la Maison Blanche. "C'est un nouvel exemple des tentatives de Maduro pour se maintenir au pouvoir par la force et pour refuser de reconnaître que M. Gonzalez a gagné la majorité des votes", a ajouté John Kirby, au nom du Conseil de sécurité nationale.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell a lui aussi rejeté "catégoriquement" le mandat d'arrêt et exhorté "les autorités vénézuéliennes à respecter sa liberté, son intégrité et les droits de l'Homme".
Dans la même lignée, neuf pays d'Amérique latine - Argentine, Costa Rica, Équateur, Guatemala, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine et Uruguay - ont dit rejetter "sans équivoque et de manière absolue le mandat d'arrêt", selon une déclaration commune.
- "Pratiques dictatoriales" -
Pour ces neuf pays, le mandat d'arrêt est une "nouvelle tentative de réduire M. Gonzalez au silence, d'ignorer la volonté du peuple vénézuélien et de constituer une persécution politique".
Le Venezuela, pays disposant des plus grandes réserves de pétrole au monde, a déjà rompu ses relations diplomatiques avec plusieurs de ces pays qui n'ont pas reconnu la réélection de M. Maduro.
Une telle attaque est jugée peu crédible par l'opposition et de nombreux observateurs, qui y voient une manœuvre du pouvoir pour éviter de divulguer le décompte exact.
Selon l'opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, M. Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des voix.
Après l'annonce de la réélection de M. Maduro, des manifestations spontanées ont fait 27 morts et 192 blessés, tandis que quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.
M. Maduro et le pouvoir en général attaquent régulièrement M. Gonzalez Urrutia, le traitant fréquemment de "lâche" et estimant qu'il devrait être en prison.
"Personne dans ce pays n'est au-dessus des lois, au-dessus des institutions, comme le prétend cet homme, cet homme qui se cache, le lâche Edmundo Gonzalez Urrutia", a lancé M. Maduro lundi lors de son émission télévisée hebdomadaire.
Peu avant l'annonce du lancement du mandat d'arrêt, Washington a annoncé lundi avoir saisi un avion utilisé par M. Maduro et "acquis illégalement pour 13 millions de dollars par l'intermédiaire d'une société écran", selon les Etats-Unis. Le Venezuela a qualifié la saisie d'acte de "piraterie".
W.F.Portman--NZN