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Meeting après meeting, Donald Trump dresse un tableau apocalyptique de l'Amérique, ravagée selon lui par les migrants, une inflation galopante et une bien-pensance dévastatrice.
"Notre pays court à sa perte", répète à l'envi le républicain, candidat pour la troisième fois à la tête des Etats-Unis.
A en croire le tempétueux septuagénaire, le pays souffre d'une "invasion" de migrants, qu'il accuse de tous les maux: "violer des jeunes filles américaines", "empoisonner le sang" des Etats-Unis, manger des animaux domestiques.
S'il ne remporte pas l'élection américaine, prévue dans un mois? "Notre pays va sombrer dans une dépression" économique, a-t-il alerté lors d'un récent échange avec des électeurs. "Votre facture d'électricité va exploser."
- "Communiste" et "fasciste" -
Donald Trump avait déjà usé de cette rhétorique très sombre lors de sa campagne victorieuse de 2016, puis lors de sa défaite en 2020.
Mais son discours s'est depuis considérablement envenimé, note le politologue Julian Zelizer.
"Les arguments sont les mêmes, l'approche est la même, mais tout est décuplé et avec encore moins de garde-fous", note-t-il auprès de l'AFP.
Le changement de ton est particulièrement notable depuis que Kamala Harris est entrée dans la course, remplaçant le président Joe Biden au pied levé, dans l'un des plus grands bouleversements de l'histoire politique américaine récente.
Sans la moindre preuve, Donald Trump répète que sa rivale démocrate veut "exécuter des bébés" avec son programme sur l'avortement, est "marxiste", "communiste", "fasciste" aussi, et souffre "d'un déficit intellectuel".
- "Au milieu des balles" -
Qu'importe, au fond, qu'on lui reproche de multiplier les mensonges, ou les inexactitudes.
Pour cette nouvelle course à la Maison Blanche, le tempétueux républicain s'appuie sur un parti à sa botte, qui l'a couronné en fanfare lors d'une convention spectaculaire en juillet à Milwaukee, quelques jours seulement après sa première tentative d'assassinat.
Sa base, qui n'écarte pas qu'il ait eu la vie sauve grâce à un acte divin, lui jure aussi une fidélité absolue, en dépit de ses ennuis judiciaires.
"Si quelqu'un venait à tirer sur Trump, je serais le premier à plonger au milieu des balles pour essayer de le sauver", affirmait sans détours Donald Owen, 71 ans, croisé par l'AFP dans le Michigan.
En plus de la célébrissime casquette rouge MAGA, ses partisans arborent désormais des t-shirts représentant un Donald Trump le poing levé et l'oreille en sang, en référence aux tirs qui l'ont visé lors d'un de ses meetings de campagne.
- "Quand je perdrai les pédales" -
Ces événements, minutieusement chorégraphiés jusqu'aux petits pas que Donald Trump livre en quittant la scène, ont rythmé les trois campagnes du milliardaire pour la Maison Blanche.
Ils sont aussi l'occasion de récits parfois très confus, d'anecdotes étranges sur des attaques de requins, des bateaux à batteries électriques et des électrocutions...
Ces tirades suscitent les moqueries des démocrates, qui pointent là autant d'illustrations de l'âge avancé de Donald Trump -- lui qui est désormais, de loin, l'aîné de la course.
Le candidat de 78 ans, qui serait le plus vieux président à prêter serment en cas de victoire, balaie ces reproches d'un revers de main.
"Je vous tiendrai au courant quand je perdrai les pédales, je pense vraiment que je serai capable de vous le dire", avait-il lancé à ses supporters.
Donald Trump a toutefois exclu de se représenter en 2028 en cas de défaite le 5 novembre, indiquant que cette campagne serait bien sa dernière.
L'ancien président ne s'est en revanche pas engagé à reconnaître le résultat de l'élection, faisant craindre à certains un retour du chaos de 2020, en cas de défaite.
Ces tensions avaient culminé jusqu'à l'attaque du Capitole par des milliers de partisans de Donald Trump, le 6 janvier 2021. L'une des journées les plus sombres de la démocratie américaine.
O.Meier--NZN