AEX
5.1700
Un mois avant la présidentielle américaine, les mémoires de l'ex-Première dame Melania Trump ont fait les gros titres pour sa prise de position en faveur du droit à l'avortement. Mais l'énigmatique épouse du milliardaire républicain n'en dit pas beaucoup plus dans cette autobiographie parue mardi aux Etats-Unis.
Déjà révélé la semaine dernière par le quotidien britannique The Guardian, l'extrait dans lequel l'ancienne mannequin slovène prend vigoureusement la défense de ce droit reste la principale révélation de l'ouvrage de 182 pages simplement intitulé "Melania".
"Le droit fondamental d'une femme à la liberté individuelle, à sa propre vie, lui confère l'autorité d'interrompre sa grossesse si elle le souhaite", écrit l'ancienne Première dame (2017-2021). Une position contrastante avec celle de son époux, qui s'est toujours félicité d'avoir nommé trois juges conservateurs à la Cour suprême, contribuant ainsi à la décision qui a dynamité en 2022 la protection fédérale du droit à l'avortement.
Depuis, de nombreux Etats conservateurs du Sud ont sévèrement restreint voire interdit l'accès à l'interruption volontaire de grossesse, devenu un thème brûlant de la campagne présidentielle. Dix Etats organisent des référendums sur la question en parallèle du scrutin présidentiel le 5 novembre.
"Restreindre le droit d'une femme à choisir d'interrompre une grossesse non désirée revient à lui refuser le contrôle de son propre corps", insiste Melania Trump. "Cette conviction m'a accompagnée tout au long de ma vie d'adulte", insiste-t-elle.
Geste d'indépendance, quitte à semer la confusion dans la campagne de son mari, ou prise de position soigneusement contrôlée pour atténuer le sentiment que les républicains s'opposent à un droit défendu par la majorité des Américains, ces propos ont été très commentés et interprétés différemment depuis leur parution.
- "Bazar" -
Dans le reste du livre, Melania Trump épouse un discours cher aux conservateurs américains, accusant le mouvement antiraciste Black Lives Matter de "rhétorique incendiaire" et déplorant les "violentes manifestations" de 2020. Une immense vague de protestations avait alors secoué le pays après la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par un policier blanc.
A l'instar de son mari, elle ne concède pas non plus, quatre ans plus tard, la victoire de Joe Biden à la présidentielle de 2020, alors même qu'aucune preuve de fraude électorale à grande échelle n'a été apportée depuis.
L'ex-Première dame préfère qualifier le processus de dépouillement de "bazar", affirmant que "beaucoup d'Américains ont toujours des doutes sur l'élection ce jour-là".
Donald Trump est inculpé par la justice fédérale et dans l'Etat de Georgie pour avoir tenté de renverser illégalement les résultats de cette élection.
Et si elle condamne les violences sans précédent du 6 janvier 2021, quand des milliers de partisans de Donald Trump ont pris d'assaut le Capitole à Washington pour empêcher la certification des résultats, Melania Trump botte en touche, assurant qu'elle était occupée ce jour-là avec des travaux de rénovation de la Maison Blanche.
Très discrète pendant le mandat de son époux et encore plus réservée sur la scène publique depuis qu'elle a quitté Washington, Melania Trump n'évoque aucun des scandales qui ont éclaboussé Donald Trump ces dernières années, comme les accusations d'agressions sexuelles formulées par au moins une vingtaine de femmes, ou l'affaire de paiements cachés à une ancienne star de films X qui lui a valu fin mai d'être le premier ex-président des Etats-Unis condamné au pénal.
Née en 1970 dans l'actuelle Slovénie, l'ancienne mannequin avait débarqué dans le New York clinquant des années 1990 pour continuer sa carrière. Elle est la troisième épouse de Donald Trump, avec lequel elle a eu un fils, Barron.
"Mon expérience personnelle des épreuves de la procédure d'immigration m'a ouvert les yeux sur les difficultés rencontrées par tous ceux qui souhaitent devenir citoyens américains", déclare-t-elle, alors que son mari promet d'expulser en masse des migrants et multiplie contre eux les diatribes virulentes et mensongères.
Elle promet aussi que le message "JE M'EN FICHE VRAIMENT, PAS VOUS?" qu'on pouvait lire sur sa veste le jour d'une visite en 2018 à la frontière américano-mexicaine n'était pas destiné aux enfants qu'elle rencontrait, mais aux "médias". Pour "leur faire savoir que je n'étais pas touchée par leurs opinions sur moi", assure-t-elle.
R.Bernasconi--NZN