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Diana Vahabzadeh n'avait jamais voté démocrate de sa vie, jusqu'à la première campagne de Barack Obama en 2008. "Je l'aime depuis des années", confie-t-elle, en attendant de voir jeudi le premier président noir des Etats-Unis venu soutenir Kamala Harris dans la très courtisée Pennsylvanie.
C'est, dit cette femme de 63 ans, "une bonne occasion de le voir et aussi de soutenir le ticket" démocrate, à moins d'un mois de la présidentielle face au républicain Donald Trump.
A Pittsburgh, l'une des grandes villes de cet Etat-clé de l'est, Barack Obama, icône des démocrates depuis ses deux mandats de 2009 à 2017, est en tête d'affiche d'un meeting tenu dans la dernière ligne droite d'une campagne particulièrement tendue et serrée.
Autour de l'Université de Pittsburgh, où le grand rassemblement a lieu, les fans du démocrate s'impatientent dans une atmosphère d'avant-concert de superstar.
Car ses paroles ont encore "beaucoup de poids", fait valoir Diana Vahabzadeh.
Institutrice à la retraite, Valerie Brown est bien d'accord. "J'aime voir et entendre sa manière de bien s'exprimer stimuler d'autres personnes qui seraient encore réticentes" à voter pour Kamala Harris, explique-t-elle.
Après une lune de miel dans les sondages et les médias au début de sa campagne, la vice-présidente reste au coude-à-coude avec Donald Trump, l'ancien président s'appuyant sur une base électorale particulièrement motivée.
- "On ne reviendra pas en arrière" -
Les deux candidats ont sillonné les Etats-clés comme la Pennsylvanie où, en raison d'un système électoral américain particulier, se jouera le scrutin du 5 novembre.
Lisa Harris, une amie de Valerie Brown, elle aussi institutrice à la retraite, estime que la campagne démocrate donne une vision de l'avenir contrairement aux républicains qui, selon elle, ne proposent qu'un sombre retour au passé, conservateur et hostile à la diversité.
"On ne reviendra pas en arrière", tonne cette femme noire de 57 ans, reprenant l'un des refrains de campagne de Kamala Harris. "Des gens sont morts pour que nous ayons le droit de voter, pour que nous ayons le droit de disposer de notre corps, de notre esprit et de notre âme", insiste-t-elle.
Même pour la jeune génération, la venue de Barack Obama ne passe pas inaperçue. Comme Tia Douglas qui fait la queue pour voir un ancien président élu la première fois lorsqu'elle n'avait elle-même pas l'âge de voter.
"C'est super historique qu'Obama, notre premier président de couleur, fasse à nouveau campagne pour notre première femme de couleur vice-présidente", se réjouit la jeune fille de 20 ans, arborant la désormais célèbre casquette de campagne de Kamala Harris, couleur camouflage militaire.
- "Quelque chose de vraiment énorme" -
"Les voir unir leurs forces pour le bien de tous, c'est vraiment génial", continue Tia Douglas. "J'ai grandi avec Obama en tant que président, mais on ne fait pas vraiment partie de cette histoire politique, j'étais trop jeune".
Mais, dit-elle, "c'est cool de le voir revenir sur le terrain" et adouber Kamala Harris comme celle qui lui succède politiquement. Tellement "cool" qu'elle attend des heures l'arrivée de la star démocrate dans un vieux gymnase de l'université où, sur des affiches, l'incontournable slogan de sa campagne "Yes We Can" ("Oui, on peut le faire") s'est transformé en "Yes She Can" (Oui, elle peut le faire).
Pour Julia Palchikoff, grandir sous la présidence Trump, de 2017 à 2021, l'a fait apprécier Barack Obama encore plus.
"Le fait d'être dans un Etat-clé lors d'une élection comme celle-ci est un moment historique, et j'ai le sentiment que je dois y participer", confie cette étudiante en journalisme de 20 ans.
"Quand j'ai appris qu'Obama venait ici, je me suis dit que je l'adorais quand j'étais enfant. Et Kamala, honnêtement, j'ai l'impression qu'on est sur le point de vivre quelque chose de vraiment énorme", espère-t-elle. "Je suis très contente d'être là".
U.Ammann--NZN