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Les dirigeants asiatiques réunissent vendredi autour de la même table les chefs de la diplomatie américain et russe, deux pays adversaires, au dernier jour d'un sommet régional au Laos marqué par une montée des tensions géopolitiques.
Vientiane, capitale du Laos réputée pour sa tranquillité, a vu converger les poids lourds de la diplomatie mondiale, pour le sommet annuel de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean).
Le bloc de dix pays a l'habitude d'inviter ses principaux partenaires, qui veulent garder un pied dans cette région peuplée, à la croissance vigoureuse et aux routes commerciales stratégiques.
Après une série de réunions, mercredi et jeudi, les dirigeants de l'Asean concluent vendredi leurs échanges par un sommet dit de l'Asie du l'Est, en présence des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie, de l'Inde ou du Japon.
Il s'agit d'une des rares occasions pouvant réunir le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Aucun entretien en tête-à-tête n'est prévu entre les deux dirigeants, Washington doutant de la sincérité de Moscou dans ses appels à des pourparlers sur la guerre en Ukraine.
Le sommet de l'Asie de l'Est donne rarement lieu à des avancées majeures, mais cette année les divisions devraient être particulièrement marquées en raison des désaccords sur l'Ukraine, le Moyen-Orient et la Chine.
Le nouveau Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, qui appelle à la création d'une alliance militaire régionale, a demandé vendredi à Pékin une "explication complète" sur l'intrusion en août d'un avion militaire chinois dans l'espace aérien nippon, lors de sa première rencontre en tête-à-tête avec le Premier ministre chinois Li Qiang, selon Tokyo.
- Manoeuvres chinoises "dangereuses" -
Le Premier ministre chinois avait mis en garde, jeudi, contre le danger "d'introduire une confrontation entre blocs et des conflits géopolitiques en Asie".
Le représentant chinois s'est aussi défendu face au président philippin Ferdinand Marcos, qui a interpellé Pékin après une série de heurts de plus en plus violents en mer de Chine méridionale.
Antony Blinken a condamné vendredi les manoeuvres maritimes "de plus en plus dangereuses" de la Chine, et défendu la liberté de navigation en mer, devant les dirigeants de l'Asean.
Les tensions englobent aussi Taïwan, dont le président Lai Ching-te s'est engagé jeudi à "résister à l'annexion" de l'île, considérée par la Chine comme une partie de son territoire que Pékin compte réunifier un jour.
Les relations entre la Chine et les Etats-Unis se sont toutefois apaisées ces derniers mois, Antony Blinken et le président Joe Biden étant favorables au dialogue pour éviter une confrontation totale.
Présent au sommet de l'Asean en 2022, Joe Biden ne s'est pas déplacé, pour la deuxième année consécutive, à quelques semaines de l'élection présidentielle qui désignera son successeur.
Le sommet de l'Asean marque une pause pour M. Blinken dans sa diplomatie frénétique au Moyen-Orient, où Israël a pilonné le Hezbollah au Liban, un an après le début de la guerre de Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas.
Les Etats-Unis ont été critiqués pour leur soutien à Israël par la Russie et la Chine, mais aussi par des pays à majorité musulmane habituellement favorables aux États-Unis, notamment la Malaisie et l'Indonésie.
Y.Keller--NZN