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Le sommet des pays d'Asie du Sud-Est (Asean) a donné lieu à une nouvelle passe d'armes entre les Etats-Unis et leurs alliés d'un côté, et la Russie et la Chine de l'autre, vendredi, au dernier jour de discussions marquées par la guerre en Ukraine, et les tensions en mer de Chine méridionale.
Vientiane, capitale du Laos réputée pour sa tranquillité, a vu converger les poids lourds de la diplomatie mondiale, pour trois jours de dialogue qui ont aussi porté sur le conflit civil en Birmanie.
Le bloc de dix pays a l'habitude d'inviter ses principaux partenaires, qui veulent garder un pied dans cette région peuplée, à la croissance vigoureuse et aux routes commerciales stratégiques.
Aux côtés des dirigeants japonais, sud-coréen ou indien, ils ont notamment réuni dans la même pièce, vendredi, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui essayent de s'éviter depuis l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe.
"Je l'ai écouté. Je ne peux pas dire s'il m'a écouté, mais je n'ai rien entendu de nouveau", a déclaré aux journalistes le chef de la diplomatie américaine, qui a assuré ne pas avoir eu de contact direct avec son homologue.
Le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris, candidate démocrate pour l'élection présidentielle de novembre, ont promis de soutenir durablement l'Ukraine, et de ne pas négocier avec Vladimir Poutine dans le dos de Kiev.
- Manoeuvres chinoises "de plus en plus dangereuses" -
"Je pense que tous les pays présents dans cette salle, sans parler en leur nom, ont clairement indiqué que cette agression devait cesser", a assuré M. Blinken.
M. Lavrov a affirmé de son côté que l'action américaine en Asie du Sud-Est était "destructrice", accusant notamment Washington de pousser le Japon à une "militarisation", dans une logique de blocs militaires qui porte toujours "des risques de confrontation".
Le diplomate a fait référence à l'idée de la création d'une alliance militaire régionale sur le modèle de l'Otan, soutenue par le nouveau Premier ministre japonais Shigeru Ishiba.
Sur la question de la Chine, Antony Blinken a soutenu l'Asean en dénonçant des manoeuvres maritimes "de plus en plus dangereuses" de Pékin en mers de Chine orientale et méridionale.
Plusieurs épisodes récents de heurts impliquant des navires chinois, d'un côté, et des embarcations philippines et vietnamiennes de l'autre, ont fait craindre une escalade des tensions, auprès des dirigeants d'Asie du Sud-Est, qui ont appelé à la retenue et au respect du droit international.
Pékin revendique, au nom de raisons historiques, sa souveraineté sur la quasi-totalité des récifs et îlots inhabités, ignorant une décision de justice internationale selon laquelle ses demandes ne reposent sur aucune base juridique.
Les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Brunei et l'Indonésie, tous membres de l'Asean, affichent des prétentions rivales, dans cette zone maritime aux forts enjeux commerciaux et stratégiques.
- Birmanie -
Le secrétaire d'Etat américain a aussi mis en garde Pékin contre toute "provocation" à l'égard de Taïwan, au lendemain d'un discours du président taïwanais Lai Ching-te appelant à "résister contre l'annexion de l'île" qui a irrité la Chine.
"La Chine ne doit en aucun cas l'utiliser comme prétexte à des actions provocatrices", a affirmé M. Blinken.
Les relations entre la Chine et les Etats-Unis se sont toutefois apaisées ces derniers mois, Antony Blinken et le président Joe Biden étant favorables au dialogue pour éviter une confrontation totale.
Le sommet de l'Asean a aussi tenté de relancer le processus de paix en Birmanie, en proie au chaos depuis le coup d'Etat du 1er février 2021 contre la dirigeante élue Aung San Suu Kyi.
Pour la première fois, la junte a consenti à envoyer au sommet un "représentant non-politique", en l'occurence un responsable du ministère des Affaires étrangères, seule présence autorisée par l'Asean qui a banni les généraux de ses réunions de haut niveau.
Dans un communiqué commun, l'Asean s'est dit attachée à sa feuille de route, dite "en cinq points", qui pose les conditions d'un retour à la paix, bien que les progrès de celle-ci demeurent "largement insuffisants" après trois ans.
"Nous pensons que la Birmanie devrait être engagée plutôt qu'isolée dans ce processus", a déclaré de son côté le Premier ministre indien Narendra Modi, pays frontalier de la Birmanie, qui a engagé un dialogue avec la junte.
H.Roth--NZN