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La force de paix de l'ONU au Liban a demandé dimanche "des explications" à l'armée israélienne, lui reprochant des manoeuvres la visant, après qu'Israël, qui bataille au sol contre le Hezbollah libanais, a appelé l'ONU à mettre "immédiatement à l'abri" ces troupes, déployées en tampon entre les deux pays.
La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a rapporté que deux chars israéliens étaient "entrés de force" dimanche dans une de ses positions à la frontière, avant des tirs ayant "provoqué une fumée" qui a déclenché "des irritations cutanées et réactions gastro-intestinales chez 15 Casques bleus".
Fustigeant des "violations choquantes", elle a aussi accusé l'armée israélienne de l'avoir empêchée la veille de mener un "mouvement logistique crucial".
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, venait d'exhorter le secrétaire général de l'ONU à mettre la Finul "à l'abri (...) tout de suite", après des dénonciations vendredi par cette force de tirs israéliens "répétés" et "délibérés" sur ses positions dans le sud du Liban, qui ont placé Israël sous le feu de critiques internationales.
Le mouvement libanais pro-iranien a dit combattre dimanche "à l'arme automatique" et avec des "roquettes" des soldats israéliens dans au moins quatre villages frontaliers d'Israël, l'armée israélienne faisant état de "combats face à face".
Elle a rapporté avoir capturé un combattant de cette formation dans un tunnel dans le sud du Liban, où elle a lancé une offensive terrestre le 30 septembre.
Après avoir affaibli le Hamas palestinien à Gaza, Israël a déplacé le front de la guerre au Liban, avec l'objectif d'éloigner le Hezbollah de la frontière et de permettre le retour dans le nord d'Israël des quelque 60.000 habitants, déplacés par les tirs de roquettes, menés depuis un an par la formation libanaise en soutien au Hamas.
Le pays ne permettra pas au Hezbollah de retourner dans les zones frontalières, même après le retrait de ses soldats, a dit dimanche son ministre de la Défense, Yoav Gallant.
Depuis le lancement le 23 septembre de frappes massives contre les bastions du Hezbollah, dans la banlieue sud de Beyrouth et le sud et l'est du Liban, l'armée israélienne en a décapité la direction, tuant notamment son chef, Hassan Nasrallah.
La guerre au Liban et celle de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, se doublent d'une escalade entre l'Iran et Israël, dont les dirigeants menacent de riposter à une attaque iranienne de missiles le 1er octobre.
Téhéran n'a "pas de lignes rouges" pour défendre ses intérêts, et est "totalement prêt à faire face à une situation de guerre", a averti dimanche en visite à Bagdad, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.
- Tirs "répétés" -
La Finul avait dénoncé vendredi des tirs israéliens "répétés "et "délibérés" sur ses positions dans le sud du Liban, faisant ensuite état de cinq Casques bleus blessés en 48 heures.
"Nous regrettons que les soldats de la Finul aient été blessés et faisons tout (...) pour éviter que cela ne se reproduise. Mais le moyen le plus simple et le plus évident (...) est tout simplement de les faire sortir de la zone de danger", a déclaré le Premier ministre israélien.
Défiant les critiques internationales, il a souligné que son pays avait demandé "à maintes reprises", en vain, le retrait de la Finul des zones de combats, et jugé que le refus de l'ONU de les évacuer en faisant "des otages du Hezbollah".
Le pape François a appelé dimanche à "respecter" ces troupes de la paix, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, dénonçant "un nouveau refus (israélien) de se plier au droit international".
Depuis octobre 2023, plus de 2.100 personnes ont été tuées au Liban, dont plus de 1.200 depuis le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. L'ONU a recensé près de 700.000 déplacés.
- "Comme un séisme" -
Dans le sud du pays, une frappe israélienne a ciblé samedi soir un marché de la ville de Nabatiyeh, selon l'agence de presse officielle libanaise ANI.
Entre les murs de magasins écroulés, les colonnes de fumée âcre et les montagnes de débris calcinés, des secouristes s'activaient encore dimanche matin.
"C'est comme si un séisme avait ravagé le marché", dit à l'AFP un habitant, Tareq Sadaq, "tout a été détruit".
Nabatiyeh figure parmi les localités de la région dont l'armée israélienne appelle régulièrement les habitants à évacuer vers le nord.
La Croix-Rouge libanaise a fait état de son côté de plusieurs secouristes blessés dans une frappe israélienne sur une maison dans le sud.
- Offensive à Jabalia -
Dans la bande de Gaza dévastée et assiégée, l'armée israélienne poursuit l' offensive qu'elle a relancée dans le nord, pilonnant principalement la région de Jabalia, où elle accuse le Hamas de chercher à reconstituer ses forces.
Dimanche, elle a indiqué y avoir éliminé des "dizaines" de combattants. Selon M. Netanyahu, l'armée est "en train de démanteler les bastions du Hamas" dans le secteur.
Le Hamas a condamné, lui, une "campagne militaire criminelle" dans la zone.
L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.
Au moins 42.227 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, dans l'offensive de représailles israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
B.Brunner--NZN