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Des proches des 13 manifestants abattus par des soldats britanniques lors du "Bloody Sunday" ont réitéré dimanche leur appel pour que justice soit rendue, lors du cinquantième anniversaire de l'un des jours les plus sombres du conflit nord-irlandais.
Lors d'une cérémonie à Londonderry, les noms des victimes ont été égrenés au son d'une flûte irlandaise, après un défilé dans les rues de le deuxième ville d'Irlande du Nord.
Pour Michael McKinney, dont le frère a été tué lors de la manifestation qui s'est achevée dans un bain de sang le , le gouvernement britannique a "peur" de ce qui pourrait émerger si des soldats étaient jugés.
"On ne nous réduira pas au silence", "nous vaincrons", a-t-il ajouté, invoquant le message entonné par les manifestants pour les droits civiques en 1972.
En tête de cortège 50 ans après, 14 enfants portant une rose blanche - bien que mort quelques mois après d'une autre cause selon l'enquête officielle, un homme blessé ce jour-là est considéré par les familles comme le 14e mort du "Bloody Sunday".
Le Premier ministre irlandais Micheal Martin est devenu le premier dirigeant de la République d'Irlande à se rendre à la cérémonie annuelle, où il a déposé une gerbe de fleurs.
"Le processus complet et la justice des tribunaux devraient être déployés", a-t-il déclaré à la presse après une entrevue en privé avec des proches de victimes.
- "Injustifiés et injustifiables" -
Le avait eu pour effet de précipiter de nombreux jeunes catholiques républicains dans les bras de l'IRA (Armée républicaine irlandaise), groupe paramilitaire opposé à toute présence britannique sur l'île d'.
Il faudra attendre 1998 pour que l'accord de paix du Vendredi saint mette un terme à trois décennies de conflit qui ont fait 3.500 morts.
L'armée britannique avait affirmé que les parachutistes avaient répondu aux tirs de "terroristes" de l'IRA, version confortée par un rapport réalisé à la hâte.
Malgré tous les témoignages contredisant cette version, il faudra attendre 2010 pour que soit officiellement reconnue l'innocence des victimes, atteintes pour certaines dans le dos ou même à terre, agitant un mouchoir blanc.
A l'issue de l'enquête la plus longue - 12 ans - et la plus coûteuse qu'ait connue le Royaume-Uni (près de 200 millions de livres sterling, soit 240 millions d'euros au taux actuel), le Premier ministre de l'époque, David Cameron, avait présenté des excuses officielles pour ces actes "injustifiés et injustifiables".
Aucun soldat n'a été jugé pour le Bloody Sunday. Les poursuites pour meurtres engagées contre l'un d'eux ont été abandonnées pour des questions juridiques et le gouvernement britannique a présenté un projet de loi pour mettre un terme à toutes les poursuites liées au "Troubles", dénoncé de toutes part comme une "amnistie".
- Bouleversements à l'horizon -
A l'entrée du quartier catholique du Bogside, le slogan "Il n'y a pas de justice britannique" ("There is no British Justice") a pris place pour l'occasion sur le célèbre pan de mur historique marquant jadis l'entrée du "Derry libre".
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a qualifié le Bloody Sunday de "jour tragique dans notre histoire".
Ces derniers mois, les effets du Brexit ont souligné la fragilité de l'équilibre de l'accord de paix de 1998.
Les dispositions douanières décriées, destinées à éviter toute frontière terrestre avec l'Irlande - mais en établissant une maritime de facto avec la Grande-Bretagne - font actuellement l'objet d'intenses négociations entre Londres et Bruxelles.
Elles ont aussi ravivé les tensions communautaires: lors d'émeutes à Belfast au printemps, les portes des "murs de la paix" séparant quartiers catholiques et protestants ont été enflammées.
Les élections locales en mai s'annoncent déterminantes. Avec un recul des unionistes, une victoire des républicains est jugée crédible. Le Sinn Fein, autrefois branche politique de l'IRA, souhaite d'ici cinq ans un référendum sur la réunification de l'île.
L.Zimmermann--NZN