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Si l'idée d'une femme à la tête du gouvernement alimente les spéculations, le "feuilleton" du changement de Premier ministre s'offre un intermède dominical, en l'absence d'Emmanuel Macron, en déplacement à Abou Dhabi.
Le chef de l'Etat sera de retour à Paris dimanche soir, alors que la nomination d'un nouveau Premier ministre, suivie de celle du gouvernement, est attendue à partir de lundi, trois semaines déjà après sa réélection.
Pendant que plusieurs noms circulent pour celui, ou surtout celle, qui succèdera à Jean Castex, Emmanuel Macron a rendu hommage au président des Emirats arabes unis, cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, décédé vendredi. Et recevra lundi au déjeuner le président du Conseil européen Charles Michel.
Ce déplacement inattendu a obligé le Premier ministre à renoncer à son voyage prévu au Vatican, remplacé par Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, pour la canonisation de l'explorateur puis ermite Charles de Foucauld, les deux chefs de l'exécutif ne pouvant être hors du territoire en même temps.
Signe d'une certaine fébrilité? Le site internet du gouvernement avait affiché par erreur samedi matin une page annonçant la démission du gouvernement Castex, "en raison de problèmes techniques", a indiqué Matignon.
-"Ne pas plomber le message"-
"Ce feuilleton de la succession de Jean Castex n'en finit pas", fait remarquer le politologue Bruno Cautrès (Cevipof), qui trouve ce délai "très étonnant".
"Peut-être aussi que c'est une tactique du chef de l'État, histoire de préparer progressivement l'opinion à un nouveau casting", avance sur Franceinfo le directeur de recherche au CNRS.
Selon lui, il y a aussi "l'idée de ne pas plomber le message qui va être envoyé par le nouveau casting parce que, en quelques semaines, le nouveau gouvernement ou des nouveaux ministres ont le temps de prendre des décisions, de faire des déclarations qui ne plaisent pas forcément".
Il s'agit ainsi de "permettre au nouveau gouvernement de ne pas être tout de suite surexposé" avant les élections législatives décisives des 12 et 19 juin, résume-t-il.
Le chef du Modem, François Bayrou, allié d'Emmanuel Macron, a lui justifié dimanche au Grand jury RTL-LCI-Le Figaro: "Il n'est pas inutile d'avoir une période pour mettre les choses en ordre et réfléchir à une nouvelle équipe".
Affirmant ne pas connaître le nom de le ou la futur(e) chef(ffe) du gouvernement, il a soutenu l'idée que ce soit une femme, comme des proches d'Emmanuel Macron l'on laissé entendre.
Edith Cresson, la seule à avoir occupé le poste de Premier ministre de mai 1991 à avril 1992, durant le second septennat de François Mitterrand, lui souhaite par avance "beaucoup de courage" et "fustige le "machisme de la classe politique" française, dans un entretien au JDD.
- La piste Vautrin? -
"Ce n'est pas le pays qui est machiste: c'est sa classe politique. Ce sont les mêmes attaques qu'aujourd'hui. On me prêtait des propos que je n'avais jamais tenus, on me lançait des critiques permanentes, on faisait des commentaires sur ma tenue vestimentaire", raconte l'ancienne dirigeante socialiste.
Après ceux de la ministre du Travail Elisabeth Borne ou de Véronique Bédague, ex-directrice de cabinet du Premier ministre Manuel Valls devenue DG du groupe immobilier Nexity, le nom qui revient dimanche avec insistance pour lui succéder est celui de Catherine Vautrin, ancienne ministre de la Cohésion sociale de Jacques Chirac, qui avait apporté son soutien à Emmanuel Macron avant le 1er tour.
"Elle a beaucoup d'expérience et travaille à fond ses dossiers, elle a des convictions à la fois modérées et très solides, elle aime les gens et a un fond profondément humaniste: trois traits de caractère qu'on ne retrouve pas si souvent en politique", plaide un élu local proche de la présidente de la communauté urbaine du Grand Reims.
"C'est une femme de qualité incontestablement" mais "est-ce qu'elle est prête à renier toutes les idées qu'elle a défendue depuis si longtemps" en faisant "ce pas supplémentaire pour appliquer une politique qui serait totalement contraire à ce qu'elle a défendu pendant des années?", a critiqué l'eurodéputée LR Nadine Morano sur Europe 1.
Au milieu de toutes ces spéculations, on en oublierait presque que la campagne des législatives a déjà débuté et se poursuit ce week-end à bas bruit, dans le Var pour le désormais candidat Eric Zemmour comme dans les 576 autres circonscriptions.
Samedi, l'ancien candidat écologiste Yannick Jadot est venu discrètement apporter son soutien sur un marché à la porte-parole d'EELV Eva Sas, candidate dans la 8e circonscription à Paris.
Et le parti communiste a officiellement investi samedi 50 candidats, dont son chef de file et ex-candidat à la présidentielle Fabien Roussel (Nord), après l'accord conclu avec les insoumis dans la nouvelle alliance à gauche.
O.Krasniqi--NZN