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A bien des égards, leur alliance est improbable. Donald Trump et l'ancien démocrate Robert Kennedy Jr. ont promis de "rendre à l'Amérique sa santé", en s'entendant d'abord sur une chose: leur défiance à l'égard des institutions.
Peu avant d'être élu président des Etats-Unis, Donald Trump a annoncé que l'ex-candidat indépendant jouerait un "rôle important dans la santé" au sein de son futur gouvernement.
Une annonce qui a immédiatement inquiété, notamment en raison des positions ouvertement vaccino-sceptiques de Robert Kennedy Jr.
Mais l'ancien avocat respecté en droit de l'environnement, qui a plaidé contre Monsanto sur l'herbicide Roundup, est une personnalité difficile à saisir avec aussi quelques bonnes idées, pointent certains experts.
Tentant de rassurer, l'excentrique membre de la dynastie Kennedy a ces derniers jours soutenu en interviews qu'il "ne retirerait les vaccins de personne". Tout en ajoutant qu'il ferait en sorte que "les Américains soient bien informés" sur la question.
Lui qui n'a pas de formation scientifique est connu pour propager des théories du complot, notamment sur les vaccins contre le Covid-19 -- ceux-là mêmes développés en un temps record sous l'administration Trump.
Neveu du président assassiné John F. Kennedy, "RFK" Junior était crédité de quelque 5% des voix avant de se retirer et d'apporter son soutien à Donald Trump. Au grand dam d'autres membres de sa célèbre famille.
- Mouvement "MAHA" -
Depuis, les deux alliés surprise font la promotion d'un nouveau mouvement baptisé MAHA, "Make America Healthy again", slogan calqué sur le célèbre MAGA ("Make America Great again") du républicain.
"Bobby", qui selon la presse aurait d'abord courtisé la démocrate Kamala Harris sans obtenir la promesse de poste réclamée, vend aujourd'hui sur son site casquettes et autres goodies "MAHA".
Son but: "transformer" l'alimentation, l'air, l'eau, les sols ou encore "les médicaments de notre pays", clame-t-il dans une vidéo, de sa voix qu'une maladie neurologique a rendue chevrotante.
"Notre grande priorité sera d'assainir les agences de santé publique", celles en charge des recommandations de santé (CDC), de la recherche (NIH), des médicaments (FDA), mais aussi le ministère américain de l'Agriculture, ajoute-t-il.
Elles "sont devenues les marionnettes des industries qu'elles sont censées réglementer", affirme le septuagénaire, pour qui la lutte contre la "corruption" est une obsession.
Aux employés de la FDA "faisant partie de ce système", il a conseillé: "gardez vos archives" et "faites vos cartons".
Il a également provoqué la controverse en déclarant vouloir recommander l'arrêt de l'ajout de fluor dans l'eau courante, une mesure destinée à prévenir les caries, que les CDC considèrent comme l'une des dix plus grandes réussites sanitaires du 20ème siècle.
- Ministre? -
Sera-t-il conseiller à la Maison Blanche, ou carrément ministre de la Santé? Les républicains ayant obtenu la majorité au Sénat, une confirmation à ce second poste est entrée dans le champ des possibles.
Donald Trump l'a dit en meeting: Robert Kennedy Jr., qui a lutté contre la construction d'un oléoduc, ne touchera pas au pétrole.
Mais il sera chargé de "la santé des femmes", a affirmé le républicain, au terme d'une campagne où le thème de l'avortement a été central.
Sur cette question, "RFK" a eu des positions contradictoires. Il a récemment défendu l'idée que les femmes devraient pouvoir avorter toute leur grossesse, ne faisant "pas confiance au gouvernement" pour exercer un pouvoir "sur les corps".
Il est ensuite revenu sur ces déclarations, se prononçant pour une interdiction à partir de la viabilité du foetus (environ 24 semaines). Soit la limite fixée pendant 50 ans avant que la Cour suprême américaine, profondément remaniée par Donald Trump, ne rende aux Etats la liberté de légiférer sur la question en 2022.
- Maladies chroniques -
Dernier sujet dont il sera chargé selon Donald Trump, qui adore pourtant les fast-foods: l'alimentation.
Il faut "mettre un terme à l'épidémie de maladies chroniques", notamment l'obésité, martèle Robert Kennedy Jr., par ailleurs amateur du lait non pasteurisé tant redouté des agences sanitaires.
Dans une liste de mesures envisagées, il cite la baisse du prix de médicaments anti-diabète comme Ozempic -- cheval de bataille du sénateur de gauche Bernie Sanders.
Ou encore l'idée d'empêcher les bons alimentaires d'être utilisés pour acheter des sodas ou des aliments transformés.
Une mesure "que je défends depuis 15 ans", a commenté Tom Frieden, directeur des CDC sous Barack Obama. Avant d'ajouter: si la lutte contre les maladies chronique est appropriée, la "pseudo-science" du mouvement MAHA "n'est pas la solution".
U.Ammann--NZN