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Le gouvernement colombien du président de gauche Gustavo Petro a nommé une vingtaine d'anciens chefs paramilitaires parmi les plus redoutés pour agir en qualité de médiateurs dans les processus de paix en cours avec des groupes armés illégaux en Colombie, a-t-on appris de source officielle.
Les anciens commandants de ces escadrons d'extrême droite, qui s'illustrèrent par leur déchainement de violence au plus fort de la guerre civile contre les guérillas d'extrême-gauche, assumeront le rôle de "gestionnaires de la paix" pour parvenir au désarmement de certains groupes qui continuent d'opérer dans le pays, selon l'annonce faite mardi par le bureau du Haut-commissaire pour la paix.
La liste comprend Ramn Maria Isaza, considéré comme l'un des précurseurs du paramilitarisme en Colombie dans les années 1970, ou d'autres figures importantes telles "Cuco Vanoy", "Macaco", "Don Berna", "HH" et "Jorge 40".
"Les personnes désignées comme gestionnaires de la paix ont exprimé leur volonté de mettre leurs connaissances et leur expérience au service (...) de la paix", indique la résolution.
Les 18 anciens commandants ont été démobilisés en 2006, mais la plupart d'entre eux ont été extradés vers les États-Unis pour trafic de drogue, sur ordre du président de droite de l'époque Alvaro Uribe (2002-2010).
Rentrés en Colombie après avoir purgé leur peine aux États-unis, ces anciens chefs paramilitaires répondent aujourd'hui de leurs crimes devant la justice colombienne, leurs victimes réclamant vérité et réparations.
Le gouvernement a précisé que les 18 concernés n'assumeront ce rôle que pendant six mois et que leur nomination "ne modifie pas leur situation juridique, ni leur régime de liberté, et n'entraîne pas de bénéfices judiciaires".
Le gouvernement avait déjà nommé début 2024 comme "gestionnaire de paix" Salvatore Mancuso, le plus haut commandant paramilitaire encore vivant, extradé après 16 années de détention aux États-Unis.
L'intention de Petro était que Mancuso agisse comme médiateur dans un éventuel processus de paix avec le Clan del Golfo, héritier de ces paramilitaires et actuellement le plus grand cartel de narcotrafiquants du pays, ainsi que dans les négociations en cours avec les Forces d'autodéfense conquérantes de la Sierra Nevada, autre groupe issu des paramilitaires qui opère dans le nord du pays.
L'opposition de droite critique cette politique des "gestionnaires de paix", estimant que nombre d'entre eux ne méritent pas de jouer un tel rôle.
Arrivé au pouvoir à l'été 2022, le président Petro, qui fut lui-même membre d'une guérilla d'extrême-gauche dans sa jeunesse et est le premier homme de gauche au pouvoir en Colombie, mène également de laborieuses discussions de paix avec l'ELN guévariste et les dissidents des FARC qui rejettent l'accord de paix signé en 2016 avec cette guérilla marxiste.
T.Furrer--NZN