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Donald Trump, qui place son futur gouvernement sous le signe de l'allégeance et de la rupture, a annoncé jeudi qu'il voulait confier le ministère de la Santé à Robert F. Kennedy Jr ("RFK Jr"), notoirement sceptique vis-à-vis des vaccins.
Sous sa gouverne, le ministère "jouera un grand rôle pour assurer que tout le monde sera protégé des produits chimiques, des polluants, des pesticides, des produits pharmaceutiques et des additifs alimentaires dangereux qui ont contribué à l'énorme crise de santé dans ce pays", a écrit le président élu sur le réseau social X.
Le neveu du président assassiné John F. Kennedy, ancien avocat en droit de l'environnement sans formation scientifique, a forgé avec le tribun de 78 ans une alliance improbable depuis qu'il a renoncé en août à être candidat indépendant à la présidentielle.
Il a propagé des théories du complot, notamment sur les vaccins contre le Covid-19, et réclame l'arrêt de l'ajout de fluor dans l'eau courante. Cette mesure destinée à prévenir les caries est considérée par la communauté médicale comme l'une des plus grandes réussites sanitaires du XXe siècle aux Etats-Unis.
- Loyauté et rupture -
Pas question pour Donald Trump de répéter ce qu'il a décrit comme la "plus grande erreur" de son premier mandat (2017-2021), dans un podcast enregistré fin octobre avec le très influent Joe Rogan, à savoir choisir "des personnes qui n'étaient pas loyales".
"Les choix de Trump répondent à deux critères: la loyauté et la rupture", analyse pour l'AFP Todd Belt, professeur de sciences politiques à l'université George Washington. Il veut s'entourer de fidèles qui "ne vont pas passer leur temps à lui dire ce qu'il ne peut pas faire."
Restent encore à pourvoir les postes de secrétaire du Trésor, de chargé du Commerce extérieur et de porte-parole de la Maison Blanche, entre autres.
Le président élu, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, avait déjà envoyé des ondes de choc mercredi avec ses choix pour la direction du renseignement et pour le ministère de la Justice.
Ses nominations devront être confirmées par le Sénat.
Les sénateurs républicains sont certes majoritaires, mais certains semblent peu enthousiastes face aux personnalités désignées.
Ainsi Tulsi Gabbard, une transfuge du Parti démocrate connue pour ses positions favorables à la Russie, comme directrice du Renseignement.
Elle avait rejoint le camp conservateur pendant un meeting de Donald Trump en octobre, en décrivant le républicain, debout à ses côtés avec un sourire approbateur, comme un "président qui a le courage et la force de se battre pour la paix".
L'annonce qui, de loin, a fait le plus de vagues est celle de Matt Gaetz comme ministre de la Justice. Ce trumpiste tonitruant, qui a été soupçonné de relations avec une jeune fille mineure, a mené à l'automne 2022 le renversement du patron républicain de la Chambre des représentants, semant une pagaille politique monstre.
- Télégéniques -
Donald Trump, à l'exception d'une visite éclair à Washington mercredi, est retranché depuis sa victoire dans sa résidence de Floride. Selon la presse, il choisit ses lieutenants en visionnant des interventions télévisées des candidats.
Son premier mandat avait été une succession de limogeages spectaculaires. Plusieurs anciens conseillers ou ministres se sont publiquement retournés contre lui par la suite.
Cette fois, le 45e et bientôt 47e président des Etats-Unis privilégie des personnalités qui n'ont parfois aucune expérience de l'appareil d'Etat, mais qui le soutiennent sans réserve.
Comme Elon Musk, qui dirigera une commission de réduction de la dépense publique et de dérégulation, dont les contours juridiques restent flous.
Plusieurs futurs ministres ou conseillers sont des invités réguliers sur la chaîne préférée des conservateurs, Fox News.
Donald Trump, lui-même une ancienne figure de la téléréalité et grand consommateur de télévision, "aime les gens qui passent bien à l'écran - c'est très important pour lui", souligne Todd Belt.
Pour diriger le Pentagone, Donald Trump a carrément choisi un animateur de Fox News, Pete Hegseth. La nomination de cet ancien militaire, sans expérience du commandement de haut niveau, a été une énorme surprise.
Le futur président a toutefois fait un choix qui tranche avec cette quête de loyauté absolue: le sénateur de Floride Marco Rubio, avec lequel il a eu dans le passé des relations conflictuelles, doit diriger la diplomatie.
D.Smith--NZN