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Donald Trump, qui forme un gouvernement guidé par l'allégeance à sa personne, a annoncé jeudi qu'il voulait confier le ministère de la Santé à Robert F. Kennedy Jr, notoirement sceptique vis-à-vis des vaccins.
Il entend aussi placer trois de ses avocats personnels à des postes clés de l'appareil judiciaire fédéral.
Lors d'un discours de gala dans son fief de Mar-a-Lago à Palm Beach en Floride, ouvert par le président argentin Javier Milei et l'acteur Sylvester Stallone, le président élu s'est félicité de ses propres nominations fracassantes à la Santé, la Justice, la Défense et à une commission pour l'"efficacité gouvernementale" confiée à Elon Musk.
Donald Trump a même demandé que son deuxième mandat "commence le 5 novembre (date de sa victoire, ndlr) parce que les marchés ont (depuis) crevé les plafonds et l'enthousiasme a redoublé".
Sous la gouverne de "RFK Jr", le ministère de la Santé "jouera un grand rôle pour assurer que tout le monde soit protégé des produits chimiques, polluants, pesticides, produits pharmaceutiques et additifs alimentaires dangereux", a écrit le futur 47e président en nommant le neveu de John F. Kennedy.
- "Ne deviens pas trop populaire"
"Les gens t'aiment bien Bobby. Ne deviens pas trop populaire, Bobby", a-t-il lancé.
Cet ancien avocat en droit de l'environnement sans formation scientifique a forgé avec le tribun de 78 ans une alliance improbable en renonçant à être candidat indépendant à la présidentielle.
Il a propagé des théories du complot, sur les vaccins contre le Covid-19 comme sur de prétendus liens entre vaccination et autisme, et réclame l'arrêt de l'ajout de fluor dans l'eau courante, pourtant considérée comme une grande réussite sanitaire dans la lutte contre les caries dentaires.
RFK Jr veut lutter contre la malbouffe et est pour un droit à l'avortement s'arrêtant à la viabilité du foetus (environ 24 semaines).
Cette personnalité insaisissable, accro à l'héroïne dans sa jeunesse, a raconté avoir abandonné le cadavre d'un ourson dans Central Park à New York et avoir un jour dû se faire retirer un ver du cerveau.
- Loyauté et rupture -
Mais pas question pour Donald Trump, qui prêtera serment le 20 janvier, de répéter ce qu'il a décrit comme la "plus grande erreur" de son premier mandat (2017-2021): choisir "des personnes qui n'étaient pas loyales".
"Les choix de Trump répondent à deux critères: la loyauté et la rupture", analyse pour l'AFP Todd Belt, professeur de sciences politiques à l'université George Washington.
Le président élu, auteur d'un come-back inouï avec sa victoire éclatante, l'a prouvé en nommant comme directrice du Renseignement Tulsi Gabbard, transfuge du Parti démocrate connue pour ses positions prorusses.
Quant au ministre nommé à la Justice, Matt Gaetz, un trumpiste tonitruant, il est soupçonné de relations avec une mineure et a mené à l'automne 2022 le renversement du patron républicain de la Chambre des représentants, semant une pagaille monstre.
Il doit être épaulé par trois avocats du président élu, Todd Blanche, Emil Bove et John Sauer, que Donald Trump veut nommer ministres adjoints et représentant du ministère à la Cour suprême. MM. Blanche et Bove ont défendu le républicain dans le procès pénal sur des paiements dissimulés à une ex-actrice de films X qui a débouché sur sa condamnation à New York le 30 mai.
Du jamais-vu pour un ex-président américain.
- Musk et l'Iran -
Son premier mandat avait été une succession de limogeages spectaculaires. Et nombre de ses anciens conseillers et ministres se sont retournés contre lui.
Cette fois, le 45e et bientôt 47e président privilégie des personnalités qui n'ont parfois aucune expérience de l'appareil d'Etat mais qui le soutiennent sans réserve.
Comme Elon Musk, qui dirigera une commission de réduction de la dépense publique et de dérégulation.
"Il aime cet endroit, je ne peux pas le faire partir. Il a fait un boulot incroyable", a lancé le président élu, alors que l'homme le plus riche du monde passe la semaine à Mar-a-Lago.
Selon le New York Times, Elon Musk prend part à nombre de décisions et a rencontré lundi l'ambassadeur de l'Iran à l'ONU pour "apaiser les tensions" entre Téhéran et les Etats-Unis.
Plusieurs futurs ministres ou conseillers s'invitent sur la chaîne préférée des conservateurs, Fox News. Donald Trump, lui-même ancienne figure de la téléréalité et grand consommateur de télévision, "aime les gens qui passent bien à l'écran", souligne Todd Belt.
Pour diriger le Pentagone, le milliardaire a carrément choisi un animateur de Fox News, Pete Hegseth, ancien militaire sans expérience du commandement de haut niveau.
Il a toutefois fait un choix qui tranche avec cette quête de loyauté absolue: le sénateur de Floride Marco Rubio, avec lequel il a eu en 2016 des relations conflictuelles, doit être ministre des Affaires étrangères.
Ces nominations devront être confirmées par le Sénat et Donald Trump mettra ainsi à l'épreuve la loyauté des élus républicains.
O.Krasniqi--NZN