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Emmanuel Macron a affirmé mardi qu'il ne pouvait "pas croire" au vote de la censure du gouvernement de Michel Barnier, qui tire lui la sonnette d'alarme et dont la chute annoncée avive déjà les spéculations sur sa succession à Matignon.
Depuis Ryad où il est en visite d'Etat, le président de la République a dit vouloir faire "confiance à la cohérence des gens", en l’occurrence les députés, à la veille du vote d'une motion de censure par la gauche et l'extrême droite qui peut faire tomber le gouvernement.
Le Rassemblement national serait d'un "cynisme insoutenable" s'il votait la motion déposée par la gauche, "qui insulte ses électeurs", tandis que le Parti socialiste, et notamment l'ex-président François Hollande, feraient preuve d'une "perte de repères complète" en votant la censure, a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron a en outre balayé les appels à sa démission de la part de ses opposants qui sont, selon lui, de "la politique fiction", assurant qu'il n'avait jamais songé à quitter l'Elysée avant la fin de son mandat en 2027.
Il a, enfin, appelé à ne "pas faire peur" en évoquant des risques de crise financière, semblant répondre à son Premier ministre qui agite depuis plusieurs jours le risque de tempête sur les marchés.
- Fin de règne -
Mardi après-midi, l'ambiance agitée dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale quand le Premier ministre s'est exprimé avait tout de même un parfum de fin de règne au lendemain du déclenchement du 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale, qui a été suivi par le dépôt de plusieurs motions de censure.
Baroud d'honneur ou tentative ultime d'éviter la chute ? Le chef du gouvernement en sursis s'est invité à 20H00 sur TF1 et France 2, où il répondra aux questions en direct depuis Matignon.
La conférence des présidents de groupe à l'Assemblée a fixé à mercredi 16 heures l'examen des motions de censure déposées par la gauche et le RN qui en joignant leurs voix, peuvent réunir autour de 330 suffrages, largement au-delà des 288 requis.
Renverser le gouvernement serait "une dissolution des esprits", "mais je n'y crois pas", a dit Emmanuel Macron. "Tout le monde va prendre ses responsabilités demain", a-t-il ajouté, en se refusant à envisager publiquement les options pour remplacer Michel Barnier à Matignon.
Mais pour la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot, "la chute de Barnier est actée".
Nommé le 5 septembre, il aura tenu trois mois grâce au "soutien sans participation du RN" et, "ce qui le fera tomber, c'est justement que le RN aura cessé de le soutenir", a commenté de son côté le député PS Arthur Delaporte.
- "Sans plan derrière" -
Les gestes annoncés par Michel Barnier pour répondre aux exigences du parti à la flamme n'auront toutefois pas suffi: "Censurer ce budget est, hélas, la seule manière que nous donne la Constitution pour protéger les Français d'un budget dangereux, injuste et punitif", a justifié mardi Marine Le Pen sur X.
"Je ne croyais pas qu'elle oserait", a lâché le Premier ministre lundi après une conversation téléphonique avec la cheffe de file des députés RN.
"C'est le RN qui a obtenu le plus de gains politiques", mais Mme Le Pen "préfère les sacrifier sur le dos des Français", déplore-t-on dans l'entourage du chef du gouvernement.
Elle a "un agenda personnel", ajoute-t-on de même source, dans une allusion au procès des assistants du RN au Parlement européen, où Marine Le Pen risque l'inéligibilité.
L'adoption d'une telle motion serait une première depuis le renversement du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement Barnier deviendrait alors le plus court de l'histoire de la Ve République.
Si l'exécutif tombait, la France s'enfoncerait encore plus dans la crise politique créée par la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin.
- Spéculations -
Sur les marchés financiers, les taux d'intérêt auxquels emprunte la France se sont tendus face aux incertitudes.
Mais la Bourse de Paris est restée quasi-stable, les investisseurs se focalisant pour le moment sur les avantages d'un statu quo budgétaire en cas de censure.
Les spéculations vont déjà bon train sur les successeurs potentiels à Michel Barnier, du ministre des Armées Sébastien Lecornu au centriste François Bayrou dans le camp présidentiel.
"Ce n'est vraiment pas le sujet", a répondu Sébastien Lecornu dans Le Parisien, évoquant "le jeu pas toujours bienveillant" de ceux qui font circuler son nom.
L'équation reste toutefois la même à l'Assemblée: aucune configuration ne semble promettre une majorité pour faire passer un budget pour 2025.
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure a appelé Emmanuel Macron à nommer un "Premier ministre de gauche" mais ouvert "au compromis" avec le bloc central, en se disant prêt à prendre ses responsabilités pour Matignon et en rejetant les appels à la démission du chef de l'Etat lancés par le patron de LFI Jean-Luc-Mélenchon.
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R.Bernasconi--NZN