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La Russie et l'Ukraine ont annoncé mercredi que leurs ministres des Affaires étrangères respectifs seront présents jeudi à une réunion de l'OSCE à Malte, en faisant l'un des rares événements internationaux où des hauts responsables des deux pays seront réunis.
Selon la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, sous sanctions européennes, sera jeudi et vendredi à Malte pour cette réunion, son premier déplacement dans l'UE depuis le début de l'assaut russe contre l'Ukraine en février 2022.
Kiev, qui a réclamé la suspension de la Russie de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, a également annoncé que son ministre des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, serait présent jeudi à Malte.
Dans un communiqué, la diplomatie ukrainienne, qui n'a pas commenté la présence attendue de M. Lavrov, a précisé que M. Sybiga serait mercredi et jeudi à Malte, où il s'exprimera lors de la session plénière de la réunion et rencontrera des représentants "de pays partenaires".
"Les thèmes clés de (son) discours et des discussions seront l'agression russe contre l'Ukraine, ses implications en matière de sécurité dans le domaine de l'OSCE et au-delà, la nécessité de parvenir à une paix globale", a-t-elle souligné.
Plus tôt, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, dans son briefing quotidien, avait annoncé que Sergueï Lavrov et une délégation russe participeront à cette réunion du Conseil ministériel de l'OSCE à Malte.
- Éventuel processus de paix -
L'écrasante majorité des 57 Etats membres de l'OSCE ont dénoncé l'assaut russe contre l'Ukraine et finance sa résistance à l'armée russe.
Cette organisation internationale avait été créée à l'époque de la Guerre froide comme une plateforme de dialogue Est-Ouest.
La visite de M. Lavrov intervient en pleines spéculations sur le lancement d'un éventuel processus de paix autour de l'Ukraine et à un mois et demi du retour à la Maison Blanche de l'imprévisible Donald Trump, qui fait craindre à Kiev l'arrêt de l'aide vitale américaine.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a été le premier dirigeant occidental à reprendre contact avec Vladimir Poutine, mi-novembre lors d'un appel téléphonique, le premier entre les deux dirigeants depuis fin 2022.
Cette initiative de Berlin a provoqué la colère de Kiev - le président ukrainien Volodymyr Zelensky estimant que M. Scholz avait ouvert "la boîte de Pandore" -, et l'incompréhension d'autres chancelleries, déterminées à continuer à armer l'Ukraine pour qu'elle arrive en position de force à la table des négociations le moment venu.
A Malte, "il n'y aura pas d'entretien" avec M. Lavrov a d'ores et déjà tranché le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, accusant Moscou de "viole(r) clairement" les règles de l'OSCE.
"La question est de savoir si la Russie, en tant qu'agresseur, doit continuer à participer à des organisations" comme l'OSCE, a-t-il ajouté.
- Organisation en crise -
Si M. Lavrov peut venir, sa porte-parole, Mme Zakharova, ne sera par contre pas du voyage. Son visa délivré pour l'occasion a finalement été annulé mercredi par les autorités maltaises, selon Moscou.
La dernière visite de M. Lavrov dans l'Union européenne remontait à décembre 2021 en Suède, selon son ministère, à l'occasion d'une autre réunion de l'OSCE.
Depuis que Vladimir Poutine a ordonné à son armée d'attaquer l'Ukraine le 24 février 2022, les échanges diplomatiques entre M. Lavrov et les Occidentaux se limitent principalement aux réunions de l'ONU à New York.
Fin 2023, le chef de la diplomatie russe s'était rendu en Macédoine du Nord, pays européen membre de l'Otan, pour une autre réunion de l'OSCE.
Sa présence à Skopje avait poussé plusieurs pays - l'Ukraine, les pays baltes et la Pologne - à boycotter le rassemblement ministériel.
Les autres participants avaient, dans leur immense majorité, pris à partie M. Lavrov, dénonçant tour à tour une "agression injustifiée et injustifiable".
Le ministre russe n'avait pas tout entendu, ayant quitté la salle de réunion à plusieurs reprises, après avoir accusé l'OSCE, "dans un état déplorable", d'être devenue un "appendice" de l'Otan et de l'UE.
En juillet dernier, Moscou avait suspendu sa participation à l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, la qualifiant de "russophobe".
A.Wyss--NZN