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Le ministre afghan des Réfugiés, Khalil Ur-Rahman Haqqani, a été tué mercredi dans son ministère à Kaboul dans un attentat suicide revendiqué par l'organisation Etat islamique, première attaque à viser un ministre depuis le retour des talibans au pouvoir en 2021.
Le porte-parole du gouvernement taliban a déploré "une attaque lâche" menée par le groupe EI, saluant un "grand combattant" "tombé en martyr".
L'organisation Etat islamique a par la suite revendiqué l'attentat, selon SITE Intelligence Group, organisme spécialisé dans la surveillance des sites internet islamistes.
L'explosion, qui n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, "a eu lieu au ministère des Réfugiés", a indiqué une source gouvernementale à l'AFP, précisant qu'il s'agissait d'un attentat suicide.
"Nous pouvons confirmer que le ministre Khalil Ur-Rahman Haqqani a perdu la vie", de même que "d'autres collègues", a ajouté cette source sous le couvert de l'anonymat, sans les dénombrer.
Les forces de sécurité ont bouclé le quartier où se trouve le ministère, dans le centre de la capitale afghane, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Sur la plateforme X, le compte du ministère indique que des ateliers de formation se tenaient ces derniers jours dans ses locaux.
Les couloirs du ministère sont parcourus quotidiennement par de nombreux déplacés qui se présentent pour réclamer de l'aide ou l'avancée d'un dossier de réinstallation dans le pays qui compte toujours plus de trois millions de déplacés de guerre.
Le ministre --qui n'apparaissait jamais sans une arme automatique à la main-- était l'oncle de l'influent ministre de l'Intérieur, Sirajuddin Haqqani.
- Attaques jihadistes -
Khalil Ur-Rahman Haqqani était visé par des sanctions américaines et de l'ONU, selon lesquelles il était âgé de 58 ans.
Son frère, Jalaluddin Haqqani, avait fondé le puissant réseau Haqqani, accusé d'avoir commis certains des attentats les plus violents perpétrés par les talibans en Afghanistan durant les années qui ont séparé leurs deux règnes entre 2001 et 2021.
Le clan Haqqani passe pour être engagé dans une lutte d'influence au sein des autorités talibanes.
Elle oppose, selon des informations de presse, d'un côté les partisans d'une application ultrarigoriste de l'islam sur la ligne du chef suprême des talibans installé à Kandahar, et de l'autre un groupe présenté comme plus pragmatique, à Kaboul.
Depuis que les autorités talibanes sont revenues au pouvoir en 2021, le nombre d'attentats a diminué en Afghanistan mais des jihadistes et la branche régionale du groupe Etat islamique au Khorassan (EI-K) continuent de mener des attaques, notamment contre des responsables et des bâtiments des autorités talibanes.
A Kaboul, des explosions résonnent régulièrement et si des sources locales en font état, les responsables talibans confirment rarement ces attaques.
Fin octobre, un enfant avait été tué et une dizaine de personnes blessées dans une attaque à l'explosif menée sur un marché du centre-ville.
L'EI avait revendiqué en septembre un attentat suicide qui avait fait six morts et 13 blessés devant les locaux du parquet général à Kaboul.
Le groupe assurait "venger les musulmans retenus dans les prisons des talibans", qui annoncent régulièrement arrêter ou tuer des membres du groupe jihadiste -tout en assurant dans le même temps en avoir fini avec la menace EI dans le pays.
P.E.Steiner--NZN