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Le chancelier allemand Olaf Scholz a rendu samedi hommage aux victimes de l'attaque à la voiture-bélier commise à Magdebourg sur un marché de Noël dont les motivations restent troubles malgré l'arrestation de l'auteur présumé, d'origine saoudienne.
Vêtu de noir, M. Scholz a déposé des fleurs sur le parvis de l'église, face au lieu du drame qui a fait selon un dernier bilan provisoire au moins deux morts et des dizaines de blessés dans cette ville du nord-est du pays. Des informations de presse non confirmées font état de quatre ou cinq morts.
De nombreux anonymes l'ont précédé, déposant bouquets et bougies, pour témoigner de l'effroi qui a figé le pays à quelques jours de Noël et en pleine campagne électorale.
Le profil du suspect, interpellé sur les lieux, intrigue : ce médecin de 50 ans, originaire d'Arabie Saoudite, exerçait dans une petite ville non loin de Magdebourg. Il est arrivé en Allemagne en 2006.
"En l'état actuel de l'enquête il n'est pas encore possible de catégoriser ce qui s'est passé sur le marché de Noël" vendredi soir, a indiqué la police locale.
L'Arabie saoudite a condamné l'attaque et affirmé son "rejet de la violence".
Parmi les personnes, parfois en larmes, se recueillant sur le porche de l'église Johanneskirche, Michael Raarig, ingénieur à la retraite de 67 ans, s'est dit "triste et choqué". "Je n'aurais jamais cru que cela était possible ici", souligne-t-il.
- Profil atypique -
Vers 19H00 (18H00 GMT) vendredi, une voiture puissante s'est subitement engouffrée dans les allées du marché de Noël en fauchant un à un les visiteurs sur son passage sur quelque 400 mètres.
Pour les autorités, la date n'est pas une coïncidence et a été choisie à dessein. Mais personne n'en a tiré immédiatement la conclusion qu'il s'agit, comme à Berlin en 2016, d'un attentat islamiste.
Car le profil de l'auteur présumé, présenté dans les médias allemands comme Taleb A., arrêté à bord de la voiture-bélier, suscite beaucoup d'interrogations.
Installé en Allemagne depuis 2006, médecin exerçant dans la commune de Bernburg, proche de Magdebourg et disposant du statut de réfugié, il n'était pas du tout connu pour des sympathies avec la mouvance jihadiste.
Au contraire même, ses prises de positions fréquentes sur les réseaux sociaux dressent le portrait d'un homme se sentant persécuté, ayant rompu avec l'islam et dénonçant les "dangers" d'une islamisation de l'Allemagne.
Il était connu dans la communauté des émigrés saoudiens en Allemagne et aidait des demandeurs d'asile, des femmes notamment.
- Récupération politique -
Un responsable du parti-social démocrate du chancelier Olaf Scholz, Dirk Wiese, a mis en garde samedi contre toute conclusion hâtive.
"Il semble que les choses soient ici différentes de ce que l'on supposait au départ", a-t-il déclaré au quotidien Rheinische Post, soulignant que le profil du suspect le désigne plutôt comme un sympathisant du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) ou d'Elon Musk.
L'extrême droite allemande ne s'en est pas moins saisie de cette affaire à l'approche des élections législatives allemandes anticipées du 23 février, où la question de l'immigration jouera un rôle important, après plusieurs attentats commis ces derniers mois par des étrangers.
"Quand cette folie prendra-t-elle fin ?", a écrit sur le réseau X la coprésidente de l'AfD Alice Weidel, dont le parti est crédité de la deuxième place dans les sondages, à près de 20%.
La formation se place derrière les conservateurs, qui réclament eux aussi un tour de vis concernant l'accueil des réfugiés, mais devant les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz.
"Quand tant de gens viennent chez nous, il faut aussi y regarder d'un peu plus près. On paye maintenant la facture", a jugé l'ingénieur à la retraite Michael Raarig, très critique vis-à-vis du gouvernement actuel.
Y.Keller--NZN