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La figure de la révolte grondant au Mozambique contre le parti historique au pouvoir a un nom, Venancio Mondlane. Même depuis l'étranger où il s'est réfugié, il entretient une proximité singulière avec ses partisans qui le désignent par son seul prénom.
Lors du dernier de ses lives rituels sur les réseaux sociaux, auxquels le Mozambique est suspendu, le candidat à la présidentielle a promis le "chaos" dans le pays d'Afrique australe si le Conseil constitutionnel approuvait, dans sa décision attendue d'ici lundi, le résultat des élections du 9 octobre ne le créditant que de 20% des voix.
"Venancio", comme il est simplement dénommé, a insufflé la "contestation post-électorale la plus dangereuse" de l'histoire du pays, estime le chercheur mozambicain Borges Nhamirre.
En deux mois, 130 personnes sont mortes dans les violences, pour la plupart des manifestants tués à balles réelles, selon les ONG locales.
"Pendant 50 ans, le Frelimo a gouverné sans opposition", résume l'analyste en risque politique et sécuritaire Johann Smith, à propos du parti dirigeant le pays depuis son indépendance du Portugal en 1975.
"Après chaque élection, ils découpaient le gâteau. Mais pour la première fois, quelqu'un leur dit: +Non, je ne veux pas 20%, le gâteau est à moi+", poursuit cet expert basé à Maputo.
Venancio, qui revendique 53% des voix dans son décompte parallèle des voix, a dynamité tous les codes politiques mozambicains, jusqu'à sa coupe afro soignée. 11 ans après ses débuts, le récent quinquagénaire a écumé la plupart des partis d'opposition.
Après une brouille au sein du Mouvement démocratique du Mozambique (MDM), l'ingénieur agronome de formation a rejoint en 2018 l'historique formation d'opposition, la Renamo. C'est en son nom qu'il a fait campagne l'an passé au scrutin municipal de la capitale Maputo, qu'il estimait déjà avoir remporté contrairement aux résultats officiels.
Faute d'avoir été désigné candidat à la présidentielle ensuite, il a choisi de représenter la Coalition pour une alliance démocratique (CAD). Puis l'inscription aux élections de celle-ci ayant été recalée par la commission électorale, Venancio Mondlane s'est allié au modeste parti Podemos.
- "VM7" -
Sans autre lien que l'homonymie avec Eduardo Mondlane, héros de la guerre d'indépendance dont tant de voies mozambicaines portent le nom, "Venancio" a percé il y a une quinzaine d'années comme commentateur politique sur une chaîne de télé privée. Ses critiques féroces du gouvernement et ses facilités oratoires le distinguaient déjà.
"Pour la première fois depuis la mort d'Afonso Dhlakama (l'ex-patron de la Renamo, mort en 2018), il y a un leader charismatique au Mozambique. Il parle à l'homme de la rue, au paysan", observe Johann Smith. En témoigne le nom de la phase de contestation, "4x4", à laquelle doit succéder la "Turbo V8".
Son inventivité s'est aussi illustrée dans ses appels aux concerts de casseroles ou aux opérations escargots depuis la victoire proclamée du Frelimo aux élections. Un scrutin à la crédibilité sapée par la quantité d'irrégularités relevées par les observateurs internationaux.
Appelé "VM7" car il serait à la politique ce qu'un autre lusophone, Cristiano Ronaldo (baptisé CR7), est au foot, Venancio Mondlane n'affole pas les compteurs de buts mais les vues: son dernier direct sur Facebook a été visionné plus de 2,4 millions de fois.
Corruption, pauvreté ou enlèvements - qui sont monnaie courante au Mozambique - sont les thèmes de prédilection de celui qui a grandi à Matola, ville la plus peuplée du pays, en banlieue de la capitale.
Immuable gilet sur les épaules, il a toujours une sentence bien sentie. Par exemple, à propos des jeunes privés de perspectives dans ce pays parmi les plus inégalitaires du monde: "Si ce sont des marginaux aujourd'hui, c'est que quelqu'un les a marginalisés."
Entré dans les foyers mozambicains grâce à ces rendez-vous réguliers sur internet, il les conclut d'un invariable "Je vous embrasse, bisous et salut !", qu'il accompagne d'une gestuelle spécifique, tel un influenceur.
Avant de passer dans la clandestinité et aux vidéos sur les réseaux sociaux par crainte pour sa sécurité, il avait démontré en campagne n'avoir besoin d'aucune aide pour captiver son audience.
Debout sur une camionnette lui servant de podium, se balançant au rythme des baffles, il aimantait déjà des foules denses chantant: "Qui est le candidat du peuple ? C'est Venancio !"
D.Graf--NZN