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A l'approche du discours de politique de générale de François Bayrou mardi, les tractations s'intensifient sur les retraites et le budget, les socialistes demandant une suspension de l'application de la mesure des 64 ans, le temps de sa renégociation, comme prix de leur non-censure.
Depuis plusieurs jours, et à la fureur de Jean-Luc Mélenchon qui a dénoncé "leur servilité", socialistes, Écologistes et communistes discutent avec le gouvernement, principalement Bercy, du projet de budget 2025 et de la réforme des retraites.
Avec l'objectif de trouver "un chemin" qui leur permettrait de ne pas voter la motion de censure que les Insoumis ont l'intention de déposer après la déclaration de politique générale de François Bayrou mardi à l'Assemblée.
Le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner a évoqué sur franceinfo, à défaut d'une abrogation de la réforme des retraites, une suspension de l'application du report progressif de l'âge de départ en retraite de 62 à 64 ans, pendant 6 mois, le temps d'une renégociation de la réforme avec les partenaires sociaux.
"Cette négociation de six mois pourrait commencer très vite et, pendant ce temps là, nous demandons une suspension ou l'équivalent d'une suspension", a dit M. Kanner.
Il a ensuite précisé à l'AFP que cette durée de six mois résultait d'une réflexion personnelle, qui n'engageait pas le Parti socialiste.
"Ce qu'on demande c'est la suspension, Patrick Kanner n'avait pas besoin de fixer un délai", a précisé un responsable PS.
"Si nous sommes entendus, et c'est une question de jours, voire même d'heures, sur les propositions que nous avons faites, il n'y aura pas de censure portée par les socialistes", a assuré M. Kanner.
La négociation permettrait de "retravailler la mesure d'âge de 64 ans", sur laquelle "j'ai senti quelques bougés au niveau du gouvernement" et d'intégrer des "évolutions positives" sur "les carrières longues, les métiers pénibles, les carrières hachées", a-t-il ajouté.
La réforme des retraites, entrée en vigueur depuis le 1er septembre 2023, instaure notamment un recul progressif de l’âge minimum de départ de 62 à 64 ans, au rythme de trois mois supplémentaires par génération.
Mais ces discussions poussées avec le gouvernement mettent en fureur La France insoumise, qui accuse le PS de vouloir abandonner la retraite par répartition pour un système de retraite par points, cher à Emmanuel Macron, ce qu'a démenti le secrétaire général Pierre Jouvet, dénonçant une "fake news".
- discussion "jusqu'à lundi soir" -
En attendant le discours de politique générale de François Bayrou mardi, les discussions se sont poursuivies toute la journée de vendredi à Bercy, notamment avec le Rassemblement national.
"On reste un peu sur notre faim sur ces échanges avec les ministres, on ne voit pas bien où ils veulent aller", a déclaré le vice-président du parti, Sébastien Chenu. Son collègue Jean-Philippe Tanguy a dénoncé "une escroquerie politique" de la gauche sur les retraites.
"Jusqu'à lundi soir, chacun travaille pour trouver le plus petit dénominateur commun", a relevé de son côté la ministre du Travail Catherine Vautrin sur CNews/Europe 1.
Le ministre de l’Économie Éric Lombard et la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin ont prévu une brève déclaration vendredi soir, à l'issue de leur série de rencontres avec les différents partis politiques.
Ils seront ensuite reçus samedi soir par le Premier ministre, avec Mme Vautrin, selon une source au sein de l'exécutif.
"L’ADN du macronisme, c’est le dépassement, l'attractivité du pays (...) pas l’âge de départ à la retraite", plaide un conseiller gouvernemental, signe d'une inflexion au sein de l'exécutif.
Le débat porte avant tout sur le coût d'une remise en cause de la réforme alors que le gouvernement souhaite un effort budgétaire d'environ 50 milliards d'euros cette année.
Selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse, abroger le recul de l'âge de la retraite coûterait 3,4 milliards d'euros en 2025 et près de 16 milliards en 2032. Le PS propose de mettre à contribution le Fonds de réserve des retraites créé à la fin des années 90, à hauteur de 2 à 3 milliards d'euros cette année.
- Divergence entre gouvernement et députés macronistes ? -
Le gouvernement ne doit pas non plus s'aliéner le soutien des macronistes qui ont défendu la réforme en dépit des manifestations massives des opposants.
"Notre position, c'est qu'on ne veut pas toucher à la réforme des retraites", a répété l'ancien ministre du Budget Thomas Cazenave sur TF1.
À côté des retraites, les socialistes ont mis d'autres questions sur la table, comme les suppressions de postes dans l’Éducation nationale ou la justice fiscale.
Selon le journal L'Opinion, Amélie de Montchalin a évoqué devant eux la piste d'une taxation du patrimoine des plus riches. Joint par l'AFP, son cabinet n'a pas souhaité faire de commentaires.
A.Wyss--NZN