AEX
-11.9800
A trois jours du premier tour des législatives, Emmanuel Macron poursuit jeudi la bataille sur le terrain de la sécurité lors d'un déplacement dans le Tarn, espérant marquer encore sa différence face à une gauche en pleine dynamique.
Face à l'étiolement des sondages pour son actuelle majorité, Emmanuel Macron a fait son entrée en piste, multipliant les interventions et sorties, comme à Gaillac jeudi matin, à la brigade de gendarmerie.
Le président y a rencontré des membres des groupes intervenant contre les violences intra-familiales, les stupéfiants, et dans le secteur de la viticulture, qui lui ont présenté leurs moyens d'intervention, avant un échange dans l'après-midi avec les quelque 500 habitants de la commune de Puycelsi.
Ces nouvelles brigades "proposeront aux habitants des services publics tels que le dépôt de plainte ou l’accueil des victimes et renforceront la présence des forces de l’ordre en zone péri-urbaine et rurale", explique l'Elysée.
Après une visite mercredi à Clichy-sous-Bois sur le thème du sport, le chef de l'Etat "veut montrer qu'il ne lâche rien ni à l'extrême droite ni à l'extrême gauche, que ce soit sur le plan de la jeunesse ou celui de la sécurité", fait valoir un conseiller.
- "Il va manger vos enfants" -
Mais son camp espère aussi de M. Macron un appel à la mobilisation, voyant dans la participation la "clé" du scrutin, selon un ministre qui a observé avec attention la percée de la gauche unie sous la bannière de la Nupes (LFI, PS, EELV, PCF) lors du premier tour des élections pour les Français de l'étranger dimanche dernier.
Un "échantillonnage" qui "préfigure" le scénario de dimanche, prédit le même ministre, "avec un tassement" de la majorité "par rapport à 2017", avant un 2e tour s'annonçant "très bataillé" (sic), "circonscription par circonscription", "y compris là où (le leader de LFI) Jean-Luc Mélenchon a fait des scores élevés au premier tour de la présidentielle".
A l'"encéphalogramme totalement plat" jusque-là des rapports de force succède en effet "un début de dynamique plutôt en faveur de la Nupes et une érosion de Ensemble! (LREM, le Modem, Horizons et Agir)", souligne Brice Teinturier, directeur délégué d'Ipsos.
Un sondage Ipsos Sopra Steria publié jeudi montre que la Nupes, en légère hausse à 28%, devancerait les macronistes (27%) en intentions de vote. Si Ensemble! est crédité de 260 à 300 sièges, il n'a aucune certitude d'obtenir la majorité absolue de 289 sièges, tandis que la Nupes pourrait rafler 175 à 215 sièges.
Brice Teinturier souligne toutefois "la fragilité" de ces projections: "tout dépend des reports" de voix entre les deux tours, avec "40 à 50 sièges (qui) peuvent riper d'un bloc à l'autre", met-il en garde.
L'exécutif continue de concentrer ses attaques sur Jean-Luc Mélenchon, à l'image de M. Macron qui a fustigé mercredi ses récentes critiques acerbes sur la police.
"Est-ce que vous voulez de l'ordre dans la rue, ou est-ce que vous voulez (...) un responsable politique qui se veut demain Premier ministre et mettrait en accusation" la police?, a demandé aux électeurs Aurore Bergé, présidente déléguée du groupe LREM à l'Assemblée nationale, jeudi sur Cnews.
Mercredi, M. Mélenchon a ironisé sur "la panique à bord" de la macronie. "Ayez peur, Mélenchon est agressif, il va manger vos enfants", a-t-il lancé.
Pris dans la nasse du match entre l'exécutif et la gauche, le Rassemblement national tente, lui, de se frayer un chemin.
Avant de se rendre sur un marché à Agde (Hérault) jeudi, Marine Le Pen, candidate RN dans le Pas-de-Calais, a elle ironisé sur la visite de M. Macron dans le Tarn. "Il peut faire les pieds au mur avant les élections" mais il a "zéro crédibilité" sur la sécurité, a-t-elle fait valoir.
Eric Zemmour, candidat Reconquête! dans le Var, s'en est, lui, pris sur BFMTV et RMC à Jean-Luc Mélenchon qui "s'est transformé en rappeur qui chante +nique la police+".
X.Blaser--NZN