AEX
-11.9800
Les Français de métropole votent dimanche au premier tour des élections législatives qui met aux prises la coalition soutenant Emmanuel Macron, en quête d'une majorité parlementaire pour appliquer son programme présidentiel, et la gauche revivifiée derrière Jean-Luc Mélenchon.
A Pantin, aux portes de Paris, Mauricette, 73 ans, a fait partie des premiers électeurs à se déplacer. "Le vote c'est l'opinion personnelle, on a le droit et le devoir de le faire. On vit une période un peu compliquée, a fortiori c'est encore plus important de se manifester", estime-t-elle.
A Toulouse, Alain Mendez, 59 ans, sirote un jus d'orange en terrasse autour de la place du Capitole, à quelques mètres d'un bureau de vote où il n'a pas l'intention de se rendre. "Je ne connais aucun des candidats, j'ai déjà voté pour la présidentielle, soi-disant +utile+, et ça n'a servi à rien. Alors aujourd'hui je préfère passer ma journée à jardiner, à cuisiner pour mes petits-enfants", dit cet homme au chômage.
L'alliance de gauche Nupes (LFI, PCF, PS et EELV) se présente au coude à coude dans les intentions de vote avec Ensemble!, coalition macroniste de LREM/Renaissance, du MoDem et d'Horizons.
Mais au second tour dimanche 19 juin, les réserves de voix pourraient faire défaut à la Nupes pour aller chercher la victoire, à moins d'une mobilisation forte des abstentionnistes du premier tour.
L'abstention aux législatives n'a fait que progresser depuis le scrutin de 1993, passant de 31% cette année-là à 51,3% en 2017. Elle touche en premier lieu les jeunes et les catégories populaires.
- Pour Macron, le risque d'une majorité relative -
Les derniers sondages publiés vendredi placent Ensemble! en tête en nombre de députés, mais pas nécessairement avec la majorité absolue -289 sièges sur 577- que la macronie détenait dans la précédente Assemblée nationale élue en 2017.
Si Emmanuel Macron n'obtenait qu'une majorité relative, il serait contraint de composer avec les autres groupes parlementaires pour faire approuver ses textes de loi.
Si, cas de figure le moins probable, la Nupes de Jean-Luc Mélenchon remportait la majorité absolue, Emmanuel Macron serait privé de pratiquement tous ses pouvoirs.
C'est avec cet objectif en tête que Jean-Luc Mélenchon n'a cessé de répéter qu'il voulait faire de ces législatives "un troisième tour" qui lui permettrait d'être "élu Premier ministre".
Emmanuel Macron a choisi lui de se poser, comme lors de la présidentielle, en rempart contre "les extrêmes".
Pointant le manque de crédibilité, selon lui, de la Nupes sur le plan économique, il réclame une majorité "forte et claire" afin de pouvoir mettre en oeuvre son programme.
En comptant la Première ministre Elisabeth Borne, quinze membres du gouvernement sont en lice aux législatives et devront quitter l'exécutif en cas de défaite, conformément à une règle non écrite mais déjà appliquée en 2017 par Emmanuel Macron.
En Guadeloupe où l'on votait dès samedi, la secrétaire d'Etat à la Mer Justine Benin (MoDem) est en ballotage favorable face au candidat Nupes Christian Baptiste. La participation, très faible, est en baisse par rapport à 2017, tout comme en Martinique où elle ne dépasse pas 21,37%.
Après que Marine Le Pen a engrangé plus de 40% des voix au second tour de la présidentielle, le Rassemblement national est, selon les sondages, distancé par la Nupes et Ensemble! en vue des législatives. Il pourrait toutefois obtenir entre 20 et 40 députés, contre 8 élus en 2017, et ainsi constituer un groupe parlementaire pour la première fois depuis 1986.
- Le RN espère des conquêtes -
Le RN, fort en PACA et dans les Hauts-de-France, espère avoir des élus dans de nouvelles régions, comme le Grand Est, l'Occitanie, voire la Nouvelle-Aquitaine.
Dans ce camp, l'ex-candidat à la présidentielle Eric Zemmour nourrit lui aussi, dans le Var, l'espoir d'être élu député. Il pourrait être le seul de Reconquête!, son parti.
Enfin ces législatives s'annoncent à très haut risque pour la droite traditionnelle des Républicains (LR), pilier pendant des décennies de la vie politique française, mais loin du pouvoir depuis 2012, et dont la candidate Valérie Pécresse a obtenu moins de 5% des voix à la présidentielle.
Près de 6.300 candidats briguent les 577 sièges, soit 20% de moins qu'en 2017, du fait notamment de l'accord à gauche. Ceux qui ne seront pas élus dimanche soir devront, pour accéder au second tour du 19 juin, soit arriver dans les deux premiers de leur circonscription, soit obtenir les voix de 12,5% des électeurs inscrits.
F.Carpenteri--NZN