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En arrivant au coude-à-coude avec la coalition de gauche lors du premier tour des élections législatives, l'alliance de La République en marche, du MoDem et d'Horizons part favorite pour rester la première force de la prochaine Assemblée et garde l'espoir d'obtenir une majorité absolue.
Selon trois instituts, la coalition de gauche Nupes devance de quelques dixièmes de point les macronistes réunis sous la bannière Ensemble!. Mais le faible écart a rassuré les troupes d'Emmanuel Macron, dimanche soir, qui estiment avoir montré leur solidité et endigué la dynamique mélenchoniste mise en évidence ces derniers jours par les sondeurs.
"Nous sommes la seule force politique en mesure d'obtenir la majorité à l'Assemblée nationale", a martelé la Première ministre, Elisabeth Borne, depuis le siège parisien de La République en marche.
"Ce sont nos valeurs qui sont en jeu: la liberté, l'égalité, la fraternité et la laïcité", a voulu dramatiser la cheffe du gouvernement, en estimant que "comme cela ne s'était jamais produit dans l'histoire politique de notre pays, nous avons face à nous une confusion inédite entre les extrêmes".
La République en marche a indiqué qu'elle ne donnerait pas de consigne nationale mais "au cas par cas" dans les circonscriptions où s'opposeront des candidats du RN et Nupes dimanche prochain, en défendant un "Front Républicain contre les extrêmes".
Des sueurs froides avaient gagné la macronie à mesure d'une campagne jugée poussive, sans dynamique, certains s'interrogeant sur la stratégie de reporter le plus tard possible le top départ de la bataille électorale.
La polémique autour des accusations à l'endroit du nouveau ministre Damien Abad, celle consécutive aux débordements du Stade de France lors de la finale de la Ligue des Champions ou les premiers pas parfois hésitants d'Elisabeth Borne, avaient achevé d'instiller le doute.
Le score obtenu dimanche par la majorité sortante témoigne de ces ratés, puisqu'elle obtient environ 1 à 3 points de moins qu'Emmanuel Macron au premier tour de l'élection présidentielle le 10 avril.
Par rapport aux législatives de 2017, la déperdition est encore plus nette: 5 à 7 points de moins.
Et si l'espoir de conserver une majorité absolue - 289 sièges - dimanche prochain demeure, il devient ténu: les projections des sondeurs accordent entre 260 et 310 députés à la coalition Ensemble!.
- Blanquer et Wargon éliminés -
Les 15 membres du gouvernement qui concourent au scrutin jouent leur poste ministériel, qu'ils perdront en cas d'échec à se faire élire dimanche prochain.
Elisabeth Borne, arrivée en tête dans la sixième circonscription du Calvados, est largement favorite. De même pour Olivier Dussopt (Travail) en Ardèche, Marc Fesneau (Agriculture) dans le Loir-et-Cher, Gérald Darmanin (Intérieur) dans le Nord, Brigitte Bourguignon (Santé) dans le Pas-de-Calais, Franck Riester (Commerce extérieur) en Seine-et-Marne ou Justine Bénin (Mer) en Guadeloupe.
Damien Abad, ex-LR, devance de près de dix points son adversaire Nupes et part également favori pour conserver son poste.
Selon un sondage Ifop, Olivier Véran (Relations avec le Parlement) est en tête dans l'Isère.
Mais la ministre de la Transition écologique, Amélie de Montchalin, est en grande difficulté dans l'Essonne, devancée de dix points par Jérôme Guedj (Nupes), de même que le ministre de l'Europe, Clément Beaune, derrière la candidate Nupes, selon deux sondages Ifop.
Parmi les personnalités de la macronie, les anciens ministres Christophe Castaner (Alpes-de-Haute-Provence), Brigitte Klinkert (Haut-Rhin), Joël Giraud (Hautes-Alpes) ou la MoDem Geneviève Darrieussecq (Landes) sont en ballotage favorable. Idem pour le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, dans le Finistère, ou Eric Woerth, ex-LR, dans l'Oise.
A contrario, Jean-Michel Blanquer a été sèchement éliminé dès le premier tour dans le Loiret, ainsi que l'ancienne ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, dans le Val-de-Marne.
Le résultat de dimanche soir est ainsi apparu en trompe l'œil pour plusieurs responsables de la majorité: d'un côté, Emmanuel Macron est en passe de réussir son pari de reconduire une majorité à l'Assemblée, ce qui n'était pas arrivé depuis 15 ans.
Mais l'espoir que La République en marche obtienne à elle seule la majorité absolue est devenu illusoire, les marcheurs devant compter sur les troupes du MoDem et surtout celles d'Edouard Philippe pour espérer atteindre les 289 sièges.
Les députés devront par ailleurs faire face à un puissant groupe de gauche, à rebours de la dernière législature.
Pire: le risque que leur majorité ne soit que relative complique singulièrement la tâche de la macronie.
Seul exemple dans l'histoire de la Ve République: les élections législatives de 1988, lorsque les socialistes et leurs alliés n'étaient pas parvenus à obtenir une majorité absolue. A l'époque, un mois et demi après la réélection de François Mitterrand, la majorité présidentielle était arrivée en deuxième position au premier tour.
Le gouvernement de Michel Rocard avait alors dû faire des alliances avec le centre-droit pour faire voter ses textes, souvent à l'aide de l'article 49.3 de la Constitution.
A.Ferraro--NZN