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Les forces russes tentaient mardi d'encercler les soldats ukrainiens à Severodonetsk, ville stratégique de l'est de l'Ukraine, mais les forces de Kiev affirmaient "tenir bon", au 111e jour de la guerre.
Lundi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois réclamé des armes "modernes" aux Occidentaux, évoquant le coût humain "terrifiant" de la bataille de Severodonetsk.
La prise de cette ville de 100.000 habitants, que les deux armées se disputent depuis des semaines, donnerait à Moscou le contrôle de la région de Lougansk et lui ouvrirait la route d'une autre grande ville, Kramatorsk, capitale de la région voisine de Donetsk. Une étape indispensable pour conquérir l'intégralité du bassin du Donbass, région essentiellement russophone en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.
"Les troupes russes n'abandonnent pas leurs tentatives de prendre la ville, mais les militaires (ukrainiens) tiennent bon", a-t-il ajouté.
"Les Russes tentent d’encercler" les Ukrainiens à Severodonetsk, dans la ville voisine de Lyssytchansk, et dans les localités proches de Pryvillia et Borivské, a déclaré de son côté le gouverneur régional, Serguiï Gaïdaï, qui affirme que les forces de Moscou ont reçu des renforts de "deux groupes de bataillons tactiques".
"La situation est extrêmement grave", a ajouté le gouverneur, qui avait annoncé lundi que les forces ukrainiennes avaient abandonné le centre de Severodonetsk.
La grande usine chimique Azot, où sont réfugiées "540 à 560 personnes", est constamment bombardée, selon M. Striouk. Et si le ravitaillement est "difficile, il y a "quelques réserves" dans l’usine, a-t-il déclaré, déplorant que "l'ennemi réduit en pièces notre plus grande entreprise".
Un obus a frappé le paisible jardin de Maksym, avec ses porcelets et ses poulets, tuant sur le coup sa mère Natalia et son mari Mykola, âgés tous deux de 65 ans, a constaté une équipe de l'AFP à Lyssytchansk.
"La bombe est tombée juste ici", dit Maksym en pointant du doigt une partie du jardin. "Je ne sais pas qui a fait ça, mais si je le savais, je leur arracherais les bras".
Lyssytchansk est désormais pratiquement déserte, avec des câbles électriques sectionnés, des magasins calcinés, des fumées noires qui s'échappent des maisons."Les Russes bombardent le centre-ville sans arrêt", assure un policier local. "C'est 24h/24, +non stop+", ajoute son collègue.
L'armée russe a elle indiqué avoir lancé des missiles sur "une vingtaine de zones" du Donbass, ainsi que sur la ville de Kharkiv, plus au nord. Et avoir procédé à des frappes aériennes sur une centaine de zones de "concentration de main-d'œuvre et d'équipements militaires des forces armées ukrainiennes".
- Coût humain "terrifiant" -
"Le coût humain de cette bataille (de Severodonetsk) pour nous est très élevé. Il est juste terrifiant", a déploré lundi soir le président Zelensky. Kiev fait état de 100 à 300 de ses hommes tués chaque jour.
"La bataille du Donbass restera sûrement dans l'histoire militaire comme l'une des batailles les plus violentes en Europe", a-t-il estimé. Et face au rouleau compresseur russe, "seule une artillerie moderne assurera notre avantage", a martelé le président, se disant confiant dans la capacité de son armée à "libérer le territoire". "Nous avons juste besoin d'assez d'armes pour assurer tout cela. Nos partenaires en ont".
Le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak a également réclamé mardi sur Telegram "davantage d’armes lourdes et une formation rapide de nos militaires. Tout le reste eest perçu comme faiblesse".
Mardi matin, la présidence a signalé cinq civils tués et 11 blessés ces dernières 24h, dans les régions de Kharkiv (est), Lougansk et Donetsk, et des "bombardements nocturnes dans diverses régions" (Soumy, Dnipro, Kharkiv, Mykolaïv).
"L’ennemi n’arrête pas ses attaques dans l’Est", résume l'armée ukrainienne dans son rapport matinal.
Washington a commencé à livrer à Kiev de l'équipement lourd, comme des obusiers Howitzers dans un premier temps, puis des équipements de pointe comme les lance-roquettes Himars, des pièces d'artillerie de haute précision et d'une portée supérieure à celles de l'armée russe.
Une accélération des livraisons devrait être discutée mercredi à Bruxelles, lors d'une réunion du Groupe de contact pour l'Ukraine autour du ministre de la Défense américain Lloyd Austin.
- Macron en Ukraine? -
Sur le plan diplomatique, le président français Emmanuel Macron doit se rendre mardi en Roumanie pour saluer les 500 soldats français qui y sont déployés sur une base de l'Otan depuis l'invasion de l'Ukraine. Lui qui assume la présidence tournante de l'Union européenne jusqu'au 30 juin doit se rendre ensuite en Moldavie, avant un possible déplacement à Kiev.
Très attendue, sa visite en Ukraine - qui serait une première depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février - pourrait se dérouler en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz et du Premier ministre italien Mario Draghi, selon des médias allemands et italiens. La présidence française n'a pas confirmé ces informations, soulignant que "rien n'est acté" à ce stade.
Une telle visite interviendrait alors que l'UE doit décider lors d'un sommet les 23 et 24 juin si elle accorde à l'Ukraine le statut officiel de candidat à une adhésion au bloc européen. La Commission européenne doit elle rendre son avis avant la fin de la semaine.
"Je pense qu'il faut donner ce signal à l'Ukraine, être ouvert à cette candidature", a déclaré le ministre français chargé de l'Europe Clément Beaune sur la radio France Inter. "Il faut donner un signal positif le plus vite possible".
Mais il a répété que le statut de candidat n'était que le début d'un processus d'adhésion qui "prend du temps" - des années voire des décennies.
- Combats dans le sud
Outre le Donbass, des combats font aussi rage dans le sud de l'Ukraine. Dans la nuit de lundi à mardi, le commandement Sud des troupes ukrainiennes a signalé des combats aériens et attaques d'hélicoptères russes sur les positions ukrainiennes à Mikolaïv et Kherson.
A Mikolaïv, grand port de l'estuaire du Dniepr, l'avancée russe a été stoppée aux abords de la ville et l'armée ukrainienne y a creusé des tranchées, a constaté une équipe de l'AFP.
Les Ukrainiens redoutent que les Russes organisent prochainement un référendum dans la région de Kherson - proche de la péninsule de Crimée - et d'autres zones occupées par les forces russes, en vue d'une annexion à la Russie.
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A.P.Huber--NZN