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Un important chef jihadiste a été capturé dimanche au Mali par des soldats français au moment où ceux-ci entrent dans la dernière phase de leur retrait de ce pays, a annoncé l'état-major français mercredi.
En parallèle, les mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner sont arrivés mercredi à Ménaka (nord-est du Mali) sur la base militaire rétrocédée lundi à l'armée malienne par les Français, qui s'attendent à une nouvelle tentative de manipulation de l'information pour leur nuire, a appris l'AFP de sources concordantes.
"Dans la nuit du 11 au 12 juin 2022, une opération de la force Barkhane conduite à proximité de la frontière malo-nigérienne a permis la capture d'Oumeya Ould Albakaye, haut responsable de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS)", antenne sahélienne de la nébuleuse mondiale, a indiqué l'état-major français dans un communiqué.
Oumeya Ould Albakaye était le chef de l’EIGS pour le Gourma, au Mali, et pour l'Oudalan, au nord du Burkina Faso, selon l'état-major. Le jihadiste était "un temps pressenti pour succéder à l'ancien émir" Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, a dit à l'AFP une source sécuritaire, faisant référence au chef de l'EIGS tué par l'armée française en août 2021 dans la même région.
Un habitant de Tessit et un élu local de cette zone dite des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso) ont confirmé la capture, sous le couvert de l'anonymat pour des raisons de sécurité.
La zone des trois frontières est un des foyers les plus actifs de la violence polymorphe qui sévit au Sahel. C'est un théâtre d'opérations pour les groupes jihadistes affiliés à l'Etat islamique ou à Al-Qaïda, différents groupes combattants, les armées des trois pays frontaliers et les soldats de la force antijihadiste française Barkhane.
Oumeya Ould Albakaye "a organisé plusieurs attaques contre différentes emprises militaires au Mali, dont celle de Gao. Il dirigeait des réseaux de mise en œuvre d’engins explosifs improvisés", a rapporté l'état-major français. Il visait les routes empruntées par Barkhane pour mener à bien son retrait du Mali et son repositionnement, a-t-il ajouté.
L'état-major dit le tenir pour responsable d’un grand nombre d'exactions contre les populations maliennes et burkinabè.
Barkhane l'interrogera pendant quelques jours avant de le remettre aux autorités maliennes, selon l'état-major.
La France, qui a concentré son action ces derniers mois dans cette zone, a donc opéré au Mali alors que, poussée vers la sortie par la junte au pouvoir à Bamako depuis août 2020, elle est en passe de boucler son retrait militaire de ce pays après neuf ans d'engagement, et de "réarticuler" son dispositif au Sahel.
- Les Russes à Ménaka -
L'armée française a remis lundi aux Maliens les clés de la base de Ménaka dans la même vaste région, et aura quitté le Mali pour de bon à la fin de l'été avec le transfert de la base de Gao.
Or selon deux sources françaises proches du dossier, "plusieurs dizaines" de paramilitaires russes sont arrivés ce mercredi à Ménaka. Une source locale a quant à elle affirmé à l'AFP avoir constaté la présence d'"une dizaine de Russes" sur le camp militaire rendu par l'armée française aux Maliens.
Avant son départ de la base avancée de Ménaka lundi, l'armée française avait prévenu qu'elle serait "très vigilante aux attaques informationnelles", soupçonnant de possibles manœuvres pour nuire à son image, incluant l'organisation de manifestations anti-françaises, des accusations de collusion entre Barkhane et les jihadistes ou encore l'enfouissement de corps pour faire croire à des exactions commises par les Français.
Au lendemain de la précédente rétrocession d'un base française, en avril à Gossi, l'état-major français avait diffusé des vidéos tournées par un drone montrant selon lui des paramilitaires de la société russe Wagner en train d'enterrer des corps non loin de l'emprise, en vue de faire accuser la France de crimes de guerre.
Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a refusé catégoriquement lundi que les avions français continuent à apporter leur soutien à la mission de l'ONU au Mali (Minusma).
Dans différents documents récents, les Nations unies s'inquiètent de la situation dans la région après le retrait de Barkhane du Mali, amorcé en février. L'émissaire de l'ONU au Mali, El-Ghassim Wane, a fait état d'une "détérioration" depuis le début de l'année, lundi au Conseil de sécurité où s'ouvrait le débat sur le renouvellement de mandat de des Casques bleus au Mali.
La dégradation des relations entre la France et le Mali est devenue a irrévocable ces derniers mois avec le recours par la junte à ce qu'elle présente comme des instructeurs russes, des mercenaires de la société russe Wagner aux agissements controversés en Afrique et ailleurs selon la France et ses alliés.
La junte assure inverser la tendance contre les jihadistes depuis lors.
Les maigres informations remontant de l'immense zone frontalière, reculée et difficilement accessible, font pourtant état de centaines de civils tués et de milliers de déplacés ces derniers mois dans les régions de Ménaka et Gao plus à l'ouest.
Plusieurs massacres y ont été imputés à l'EIGS au cours de l'année écoulée.
La dernière attaque d'envergure - non revendiquée - est survenue dimanche soir à Seytenga, au Burkina Faso, faisant 79 morts selon un bilan officiel encore provisoire.
"Notre frontière avec le Mali est aujourd'hui sous la coupe de l'Etat islamique au Grand Sahara", déclarait mi-mai le président du Niger Mohamed Bazoum.
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P.E.Steiner--NZN