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"Extrémisme", "trumpisme", "programme dangereux", "chaos": la campagne des législatives continue de s'envenimer entre macronistes et mélenchonistes à trois jours du second tour dimanche, et à plus de 2.000 km d'Emmanuel Macron arrivé à Kiev jeudi matin.
Le chef de l'Etat est dans la capitale de l'Ukraine en guerre après s'être rendu en Roumanie et en Moldavie. Il y est arrivé avec le chancelier allemand Olaf Scholz et le chef du gouvernement italien Mario Draghi vers 06H30 GMT (09H30 heures locales).
C'est la première visite de ces trois dirigeants dans le pays depuis le début de l'invasion russe le 24 février. M. Macron avait jugé mercredi nécessaires "de nouvelles discussions" avec l'Ukraine, sans toutefois confirmer de visite.
L'opposition trouve un angle d'attaque dans son absence du sol français dans l'entre-deux tours, un "mépris" fustigé par le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, qui enchaîne les passes d'armes à distance avec lui.
Le député LFI Alexis Corbière a salué ce "soutien" au peuple ukrainien sur franceinfo, tout en disant espérer qu'il ne soit "pas utilisé pour des questions de politique intérieure française".
"Emmanuel Macron se sert de cette posture de chef de guerre pour tenter d’avoir une influence sur les élections législatives", a affirmé Marine Le Pen sur France Inter, même si l'ex-finaliste de la présidentielle et candidate dans le Pas-de-Calais juge "parfaitement légitime qu’il aille à Kiev et qu’il continue à avoir des discussions avec Vladimir Poutine".
"Si on veut vraiment aboutir à un accord, à une médiation, ce n'est pas en se mettant en scène", a lancé le président des Républicains Christian Jacob sur Europe 1.
- "Hurlements" -
Gauche, droite et extrême droite avaient avant cela dénoncé la déclaration du président mardi sur le tarmac d'Orly juste avant son départ, appelant les électeurs à lui donner une majorité "solide" et à opérer un "sursaut républicain" pour éviter le "désordre".
Au JT de France 2 mercredi soir, la Première ministre Elisabeth Borne a fait le lien entre la "gravité" de la "situation" internationale et l'importance d'avoir "une majorité forte à l'Assemblée nationale pour continuer à tenir notre place en Europe et dans le monde".
Elle a fustigé "l'alliance de circonstance" de la Nupes, derrière "le projet le plus extrême, celui de Jean-Luc Mélenchon", qu'elle juge "dangereux pour notre économie" et qui est "un projet de sortie de l'Europe et de connivence avec la Russie".
Elisabeth Borne "a passé plus de la moitié de son interview à parler de la Nupes, ce qui démontre qu’ils ont peur, et à enchaîner mensonge sur mensonge (…) En réalité le chaos c’est eux", a rétorqué la députée européenne LFI Manon Aubry jeudi matin sur franceinfo.
Les deux camps s'accusent mutuellement d'imiter l'ex-président américain Donald Trump, connu pour ses déclarations fracassantes.
En difficulté à Paris face à la candidate insoumise Caroline Mécary, le ministre chargé de l'Europe Clément Beaune a reproché à Jean-Luc Mélenchon son "trumpisme à la française", des "hurlements" ou des "fakes news" sur la TVA.
M. Mélenchon, qui avait accusé Emmanuel Macron de "sketch à la Trump" après son discours à Orly, a appelé mercredi ses adversaires à "baisser d'un ton" et s'est "alarmé" de propos "pas rassurants" du président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, pour qui une cohabitation avec la Nupes serait "impossible au plan politique".
"Une cohabitation aura lieu si nous sommes majoritaires, et le président de la République devra s'y soumettre ou bien se démettre, comme on le disait dans la IIIe République", a répliqué l'Insoumis, jugeant qu'il ne fallait "pas que M. Macron prenne trop les habitudes de M. Trump".
- Débat télévisé -
Au coeur de la dramatisation de cette campagne, les questions économiques et sociales ne cessent de prendre du poids, alors que l'inflation place plus que jamais le pouvoir d'achat comme priorité numéro un des Français selon les enquêtes d'opinion.
Le débat s'annonce donc agité jeudi soir sur BFMTV entre le ministre du Budget Gabriel Attal, la députée sortante LFI Clémentine Autain et le président du RN Jordan Bardella.
Les sondages continuent à placer en tête les candidats macronistes, dans un bras de fer avec l'alliance de gauche Nupes (LFI, EELV, PS, PCF), qui pourrait les priver de majorité absolue (289 sièges).
Selon Ifop-Fiducial pour LCI et Sud Radio, la coalition présidentielle Ensemble! obtiendrait entre 265 et 300 sièges contre 180 à 210 pour la gauche unie, devant la droite LR et UDI (40 à 65 sièges) et le RN (20 à 40).
A gauche, le patron du PS Olivier Faure se rend en Bretagne jeudi soutenir les candidats de la Nupes.
A l'extrême droite, Marine Le Pen sera en Moselle avec les candidats RN. Elle espère atteindre la barre des 15 élus pour pouvoir former un groupe dans l'hémicycle pour la deuxième fois de l'histoire de son camp. Le précédent remonte au scrutin proportionnel de 1986 avec les 35 députés décrochés par le FN de Jean-Marie Le Pen et ses alliés.
La droite (LR et UDI) table sur une soixantaine de députés pour jouer les arbitres dans la future Assemblée, qui sera forcément plus turbulente au vu des nouveaux équilibres politiques qui se dessinent.
H.Roth--NZN